Impression : quel avenir à l’heure du digital ?

33 300 : c’est le nombre de pages imprimées chaque seconde en Europe. Dans un contexte de transformation digitale où le papier laisse de plus en plus la part belle au numérique, paradoxalement, les besoins d’impression demeurent, pour certaines, primordiaux.

De la machine à écrire au numérique

De l’impression à impact au laser et des réseaux filaires au wifi, les innovations technologiques guident l’évolution des pratiques d’impression. Avant l’arrivée du PC, les systèmes informatiques, massifs et onéreux, n’étaient accessibles qu’aux grandes entreprises, ou aux banques, assurances, administrations et services publics. Ces organisations ont été parmi les pionnières de l’utilisation de l’informatique et de l’impression, notamment pour gérer leur production et leurs stocks.

Les technologies laser et jet d’encre ont, plus tard, radicalement changé le modus operandi de l’impression dans l’environnement bureautique.

Alors que l’imprimante matricielle est un système à impact frappant un ruban encré sur du papier, comme la machine à écrire, les imprimantes non impact à jet d’encre et laser ont apporté une impression de plus en plus précise et rapide. Elles permettent d’améliorer le rendu des textes, d’imprimer des images en haute résolution et débitent habituellement 50 pages minute. On a atteint aujourd’hui le maximum en termes de qualité que l’œil humain peut distinguer tant ces imprimantes permettent de soigner les détails.

Le prix du matériel a quant à lui baissé du fait de la démocratisation de l’imprimante, dont de nombreux foyers se sont équipés. Il est cependant nécessaire de tenir compte du prix élevé des consommables. Si le volume d’imprimantes vendues a permis de réduire le coût d’achat des machines, le prix des consommables est aujourd’hui proportionnellement plus élevé.

Dans le monde professionnel, et singulièrement industriel, avant la généralisation du PC, l’impression liée aux processus critiques, en général à grande échelle, était uniquement consacrée aux fonctions centralisées. La démocratisation de l’usage du PC a conduit à la prolifération des imprimantes de type bureautique, mais la prééminence en marche du numérique limite à nouveau les impressions aux processus critiques de l’entreprise tels que la gestion des stocks, la logistique ou la production.

La dématérialisation : quelle menace pour l’industrie de l’impression ?

Aujourd’hui, la dématérialisation apparaît comme le grand danger de l’impression.

Les innovations technologiques du secteur de l’impression ont bouleversé les usages. Les imprimantes, jadis réservées aux usages professionnels en raison de leur coût, sont désormais démocratisées et installées partout. L’apparition du laser ou du jet d’encre a changé les pratiques, mais le réel danger pour le secteur de l’impression, ne se situe plus là : ce sont les technologies proposant des solutions de dématérialisation qui ont commencé à le concurrencer. Il y a néanmoins une nuance à apporter car si la dématérialisation peut nuire à l’impression, tous les usages ne sont pas, ni ne seront impactés.

Un document numérisé n’importe où doit pouvoir être lu et utilisé partout dans le monde. Cette promesse du numérique se heurte à plusieurs obstacles car les formats, normes et langages informatiques sont très variés, à l’instar des langues humaines sur notre planète. A l’inverse, le support papier constitue une sorte d’interface universelle, qui peut être lue et annotée par presque n’importe qui, puis archivée simplement. Le support papier permet de plus la visualisation de plusieurs documents aisément alors que l’écran permet la consultation facile d’un seul document à la fois en temps réel. La généralisation de la dématérialisation annoncée va ainsi encore longtemps buter sur les habitudes des individus, le cadre légal, l’inertie des entreprises, de leurs clients et fournisseurs, ainsi que sur les coûts liés aux changements des processus impactés.

L’impression, une utilisation qui reste indispensable

Indépendamment d’une habitude du papier, il n’y a aujourd’hui aucune technologie alternative qui pourrait concurrencer directement l’impression de certains documents critiques. Même si le volume d’impression a commencé à diminuer à cause de la montée du digital, restent cependant des utilisations indispensables.

Dans un scénario extrême de digitalisation, on ne peut imaginer une dématérialisation totale : étiquettes, documents de gestion et de livraison doivent être imprimés, notamment dans le cadre du développement des ventes par internet et de la mondialisation, qui est un axe de croissance majeur pour l’impression grâce au nombre exponentiel de colis produits et expédiés. Paradoxalement, avec le développement du digital, certaines entreprises ont plus que jamais besoin d’imprimer.