SophiaTX, la startup qui bascule les ERP sur la blockchain

SophiaTX, la startup qui bascule les ERP sur la blockchain Cette start-up suisse propose d'appliquer les promesses de confiance et de sécurité de la technologie de chaîne de blocs aux processus métiers. Sa blockchain publique s'intègre directement aux applications d'entreprise, en commençant par SAP.

C'est un cas d'usage que l'on ne prête pas spontanément à la blockchain : la gestion des processus métiers. La technologie de chaînes de blocs peut, en effet, mettre à profit ses capacités d'authentification et de traçabilité pour gérer des workflows collaboratifs et décentralisés au sein des applications d'entreprise. C'est ce créneau original qu'a investi SophiaTX.

Cette start-up suisse, créée début 2017, propose d'intégrer sa blockchain propriétaire aux systèmes existants, les ERP, CRM et autres SCM (gestion de la chaîne logistique) pour étendre leurs capacités. SophiaTX entend ainsi gérer des processus d'entreprises comme la chaîne d'approvisionnement ou l'échange de documents (factures, bons de commande…) entre pairs qu'elle estime mal couverts par le marché, notamment pour des raisons de coût ou de complexité.

Dans son livre blanc, SophiaTX cite, en exemple, le cas de l'industrie pharmaceutique qui doit tracer le circuit de fabrication et de distribution de ses médicaments tout en prouvant leur authenticité pour lutter contre la contrefaçon. Les secteurs du transport, de la logistique, de la grande distribution, de l'énergie ou du BTP peuvent être potentiellement intéressés à s'appuyer sur ce type de blockchain BtoB.

Face à ces enjeux, la startup pointe les limites des technologies de blockchain actuelles telles qu'Ethereum et Hyperledger ou même, la blockchain en tant que service (BaaS) de la plateforme Leonardo de SAP. A ses yeux, ces produits ne fournissent pas suffisamment de confidentialité, de rapidité ou de fonctionnalités pour autoriser une adoption massive par les entreprises.

Lancement cet été du "mainnet"

En termes d'intégration SophiaTX a commencé par SAP, compte tenu de l'importance de sa base installée, tout en visant les environnement Oracle ou Microsoft. Jaroslav Kacina, son PDG, "ne se fixe aucune limite". Proposant un jeu d'APIs, "SophiaTX est indépendante de la technologie proposée par les applications d'entreprise".

Jalon important de sa feuille de route, SophiaTX a lancé le 25 juillet dernier, le "mainnet" de sa blockchain publique, le mainnet étant en quelque sorte le "produit fini" dans le monde de la blockchain. La start-up a fait le choix d'une blockchain publique afin de faciliter son adoption. Elle entend ainsi favoriser la création d'écosystèmes de confiance entre une entreprise et ses clients, partenaires voire compétiteurs ou bien de créer une chaîne de valeur complète, du fabricant au consommateur final.

Cependant Jaroslav Kacina se dit prêt à proposer des configurations de blockchain privées pour permettre aux entreprises de tester la solution et de réaliser leurs premiers projets. "Dans la courbe d'adoption à la blockchain, les entreprises doivent commencer par expérimenter pour comprendre tout le potentiel de la technologie".

Dans la version 2.0 de son mainnet, prévue pour le dernier trimestre 2018, SophiaTX prévoit l'intégration d'objets connectés et d'applications IoT, la gestion des clés privées, une application mobile, des options de chiffrement avancées et un client web.

Plus de 3 000 "early adopters"

A ce jour, SophiaTX revendique plus de 3 000 "early adopters". Parmi les inscrits à sa plateforme, on trouve des développeurs, des consultants, mais aussi des experts métiers. La société a noué de nombreux partenariats au cours des derniers mois notamment avec Hyperledger pour la partie R&D. Elle a développé avec EY une blockchain dédiée à la chaîne d'approvisionnement automobile. Elle s'appuie, par ailleurs, sur des partenaires régionaux comme BizCode en Pologne, Cheng & Co en Malaisie et ArkTree en Afrique du Sud.

La start-up basée à Lupfig, dans le canton d'Argovie, ne communique pas encore sur ses références. La start-up slovaque Biotron a toutefois fait savoir qu'elle utilisait sa blockchain pour son application d'analyse de données personnelles. La France est aussi perçue comme un terrain de jeu privilégié. "Avec son tissu industriel très diversifié, allant de l'automobile au luxe en passant par l'ingénierie, la France est définitivement un marché à privilégier pour SophiaTX", estime Marian Hires, son cofondateur.

Derrière, SophiaTX, on trouve Equidato Technologies AG en charge de la commercialisation de la solution. Basée également en Suisse, Equidato est une co-entreprise créée par Venaco Group, un intégrateur SAP, et par Decent, un spécialiste de la blockchainPour son mainnet, SophiaTX n'a pas fait appel à la technologie de chaîne de blocs propriétaire de ce dernier mais à celle de Steem dédiée au partage de contenu. Elle a été construite à partir de la blockchain open source Graphene, utilisée par Bitshares, Steemit ou EOS.

A écouter ses fondateurs, SophiaTX n'a pas d'équivalent sur le marché. A la différence des offres de BaaS proposées par IBM, Microsoft ou SAP/Leonardo, elle se présente comme une plateforme fonctionnant "sous" un ERP ou tout autre application existante. Avec, pour objectif, d'interconnecter les transactions métiers et de les organiser en contrats intelligents (smart contracts). La start-up Unibright, soutenue par Microsoft et la compagnie aérienne Lufthansa, promeut aussi une blockchain orientée business mais sans cette adhérence aux applications BtoB.

SophiaTX repose sur un modèle économique propre aux sociétés de blockchain. Elle émet un token, baptisé SPHTX, qui doit couvrir les frais d'exploitation et de transaction, l'abonnement à la plateforme de développement ou les conseils de mise en œuvre. Ce token sert aussi de jeton pour les applications décentralisées (DApps).