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Appréhender les projets informatiques risqués

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Il y a quelques années l'idée de l'externalisation dans l'univers informatique était avant tout évoquée dans une perspective d'économie de coûts. Derrière cette stratégie se cachait la volonté de se décharger sur une ou plusieurs sociétés de services des activités techniques considérées comme décorrelées du cœur de métier de la société. Une position paraissant des plus logiques, finalement assez aisée à tenir pour les DSI vis-à-vis de leur direction générale. Quelques années après, les sirènes de l'externalisation globale se sont arrêtées de chanter. Engagés jusqu'au cou dans la démarche, certains DSI, y compris au sein des plus grands groupes, ont déchanté.

 
Thierry Robert (I.SPA Consulting)
 
 
 

Naturellement, les directions informatiques n'ont pas cessé depuis d'avoir recours à l'externalisation. Mais, elles signent ce type de contrat de manière beaucoup réfléchie. De l'externalisation globale, elles s'orientent beaucoup plus vers une politique d'externalisation sélective, optant en fonction des systèmes (métier) et des couches d'infrastructure pour des prestataires spécialisés. Chaque projet d'outsourcing étant suivi par un comité de pilotage. Une philosophie jugée plus sure, avec une volonté également de répartir les risques sur plusieurs acteurs. Pourtant, même si d'importantes mesures ont été prises, des risques demeurent.

"Même dans ce cas un contrat peut en effet déraper", prévient Mouloud Amazit, business manager au sein du cabinet de conseil Neos-SDI. Et Thierry Robert, chez I.SPA Consulting, d'ajouter : "Bien souvent, les entreprises ont tendance à sous-traiter une fonction car elles ne savent pas la maîtriser en interne, en passant que le prestataire la maîtrisera mieux qu'elles. Or, par expérience, on ne peut externaliser que les activités que l'on maîtrise". Ainsi, avant de s'engager auprès d'une SSII, il est conseillé de passer par une étape de redéfinition stratégique, de réingéniering des besoins et d'urbanisation des processus.

Mieux vaut mettre un terme à un mauvais contrat que de finir au tribunal

"De nombreuses questions se posent. La société peut par exemple vouloir externaliser certains systèmes, liés à une activité particulière, qui peuvent présenter des impacts sur d'autres systèmes ou d'autres activités, et ces relations peuvent avoir été mal analysées", complète Mouloud Amazit. "D'où la nécessité de réaliser ce travail préalable d'urbanisation en amont".

En cas de risques sous-valués ou de besoins mal analysés, la société peut se retrouver rapidement en litige une fois le contrat signé. Et la difficulté est d'autant plus grande que les missions confiées à la SSII sont larges. Un climat de méfiance s'instaure avec le prestataire, puis les avocats entrent en scène. La situation devient délicate, à la fois pour le client et le prestataire. Avec pour objectif de réinternalier l'activité, le client peut faire valoir la non-remise de livrables et/ou de la documentation.

De son côté, la société de services répondra en mettant en avant la non-application de tâches de gouvernance par son client. S'en suit une période lors de laquelle la production des systèmes concernés se retrouvera dégradée, et plus ils seront proches du cœur de métier de l'entreprise plus l'impact sera important sur les résultats...

En général, cette bataille juridico-technico-financière se conclue à l'amiable. "Mieux vaut en effet mettre un terme à un mauvais contrat que de finir au tribunal", nous confiait récemment un DSI ayant expérimenté cette situation délicate. Au terme de cette phase, l'entreprise reprend l'existant, mais sans pour autant bénéficier d'un transfert de compétences de la part du prestataire, ce point n'ayant généralement pas été prévu dans le contrat initial. Dans certains cas, la DSI peut même se retrouver dans l'illégalité vis-à-vis de ses fournisseurs de matériels et de logiciels, et être obligée de renégocier l'ensemble de ses contrats - ceux-ci ayant été confié à la SSII.

 


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