Y a-t-il une vie après le métier de DSI ? Jean-Louis Rimbod (ex-DSI de la Camif) : le consultant

Après avoir été Directeur des systèmes d'information de la Camif de 1991 à 2002, Jean-Louis Rimbod s'est tourné vers le conseil, en indépendant. Un parcours qui est loin d'être isolé dans la profession, et que d'autres ex-grands DSI ont décidé de suivre. C'est le cas par exemple de Michel Volle, ex-DSI d'Air France, ou encore de Jean-Luc Galzi, ancien DSI du groupe Casino. Mais pourquoi effectuer ce virage ? Pour répondre à cette question, un petit retour sur la carrière de Jean-Louis Rimbod s'impose.

jean-louis rimbod, consultant indépendant
Jean-Louis Rimbod, consultant indépendant © Jean-Louis Rimbod

Après une première expérience à la CGI (SSII depuis intégrée à IBM), où il déploie des progiciels comptables, puis au ministère de l'équipement au sein d'un service d'informatisation de la direction financière, Jean-Louis Rimbod entre à la Camif en 1980. D'abord chef de projet, il gravit les échelons pour devenir responsables des Etudes, puis finalement DSI. "La conception logicielle dans l'optique d'apporter un service à l'utilisateur était mon dada", commente le consultant. "C'est ce qui me motivait."

Pourquoi dans ce cas être devenu DSI ? Pour Jean-Louis Rimbod, le management est venu assez naturellement. "C'est le fait d'avoir été présent au bon moment avec les bonnes compétences", estime-t-il. Ayant atteint le poste de responsable des Etudes, celui de DSI lui permettait également de bénéficier d'une vision encore plus complète sur le système d'information. "Je pouvais ainsi mieux maîtriser les réponses apportées aux besoins métiers", insiste Jean-Louis Rimbod.

Membre du comité de direction de la société niortaise, le DSI prend part aux décisions stratégiques de l'entreprise. Une position "des plus motivantes" car, comme dans la plupart des sociétés de vente à distance, la Camif s'est très vite structurée autour de son informatique - seule solution pour faire face au volume de données à traiter. Un contexte qui amène également le responsable à orchestrer l'ensemble des grandes phases d'ouverture du SI, du Minitel au Web.

"Pour bénéficier d'une expérience, il faut pouvoir l'exercer dans différents contextes", (Jean-Louis Rimbod - consultant indépendant).

En 2002, Jean-Louis Rimbod est remercié suite à un désaccord avec la direction générale portant sur la politique de déploiement du progiciel SAP.

"Suite à cette expérience, je n'ai pas souhaité me replonger dans un poste de DSI. D'autant qu'à 53 ans le marché ne me sollicitait pas", explique l'intéressé. Souhaitant rester dans la région de Niort, Jean-Louis Rimbod active alors son réseau de connaissances professionnelles au sein des entreprises des environs, et se lance en indépendant - via un portage salarial.

Six ans après son virage, l'ex-DSI ne regrette pas sa décision. Depuis son départ, il enchaîne des missions très variées. D'abord manager de transition au sein d'un service Etude sur le décisionnel, il se charge ensuite de construire un centre informatique s'inscrivant  dans un plan de continuité d'activité. Plus récemment, il intervient sur un projet de couplage de la téléphonie avec l'informatique couvrant une dizaine de centres d'appels. Son rôle : coordonner les fournisseurs (opérateurs et éditeurs). "Ma mission actuelle  est encore différente, et porte sur la réorganisation d'une DSI de 350 personnes", complète Jean-Louis Rimbod.

Et le consultant tire déjà les leçons de cette nouvelle période. "Pour bénéficier d'une expérience, il faut pouvoir l'exercer dans différents contextes", insiste Jean-Louis Rimbod. Est-ce à dire que son passage de 11 années à la Camif a été trop long ? Pas loin. "Au bout d'un moment, on manque de liberté, on souffre du poids des décisions que l'on a prises dans le passé, sachant aussi qu'elles n'ont pas toujours été bonnes."

D'autant que, selon Jean-Louis Rimbod, le métier de DSI avait beaucoup évolué depuis 1991, et pas forcément en bien. "Comme dans la plupart des entreprises, la pression sur les coûts s'est faite de plus en plus forte, ce qui a engendré une profonde mutation du métier de DSI", analyse le consultant. Maître mot : faire toujours plus vite, plus beau, moins cher. Au-delà du désaccord qui l'opposait à la direction générale, le DSI avait le sentiment de ne plus pouvoir se donner les moyens de sa vocation de servir les besoins métiers dans de bonnes conditions.

"Mais le bilan de mes années de DSI est également positif car elles m'ont permis d'acquérir des compétences, notamment dans l'appréhension des enjeux d'organisation et des projets de déploiement complexes impliquant un grand nombre d'acteurs, tant internes qu'externes", résume Jean-Louis Rimbod. Un ensemble de savoir-faire qu'il peut désormais faire vivre et enrichir librement dans sa nouvelle activité.