Eric Rahaingomanana (HEC) : "Chaque membre du corps professoral est une petite PME"

Pour présenter votre activité, quel est le budget global dont vous disposez au sein de la DSI d'HEC ?

Nous disposons pour la cellule DSI d'un budget global de 3,5 millions d'euros par an, masse salariale comprise. Mais je ne gère pas la masse salariale.

Combien de postes clients et serveurs gérez-vous ?

Nous gérons en propre 1 000 postes clients mais nous avons en plus beaucoup de personnes qui se connectent sur notre réseau avec leur machine. Cela pose des questions concernant la sécurité. Par ailleurs, nous ne maîtrisons pas la configuration des ordinateurs de ces personnes là. Sur les 1 000 postes, 800 postes sont des postes de collaborateurs de l'école et 200 postes sont des postes en accès libre.

L'équipe dont je dispose est composée de 30 personnes. Ces personnes sont dédiées en équipe au support, aux applications, aux techniques Web, à la téléphonie, bref à l'ensemble des activités informatiques de l'école.

Quelles sont les caractéristiques de votre parc de machines et de votre réseau informatique ?

Nous sommes équipés avec Toshiba, HP pour les serveurs, et Apple. Le cycle de vie des appareils est de deux à trois ans et nous prévoyons donc des budgets en conséquence pour le remplacement.

Au niveau des serveurs, nous disposons de 100 serveurs répartis sur deux sites géographiques. Un site gère l'ensemble de l'activité tandis que le second site est utilisé comme lieu de sauvegarde en cas de panne. Il permet de relancer l'activité si un problème à lieu.

Quelle est votre marge de manœuvre financière ?

J'ai la pleine marge de manœuvre pour ce qui est des choix techniques. Je prépare le budget comme une business unit classique.

Comment la DSI travaille t-elle avec le corps professoral ?

Nous avons des politiques d'usage différentes en fonction des types d'utilisateurs. Les professeurs sont la population la plus spécifique. Chaque membre du corps professoral est une petite PME. Chaque professeur à ses contraintes. Nous leur présentons des outils génériques et nous adaptons aussi ce dont nous disposons à leurs besoins.

Pour ce qui est des logiciels utilisés par les professeurs, ils disposent de marge de manœuvre. Nous veillons à la cohérence technique et à la sécurité. Certains professeurs utilisent par exemple des logiciels de statistiques très spécialisés et très poussés, donc nous ne pouvons pas tout contrôler.

Nous avons cependant des procédures à respecter d'un point de vue juridique. HEC est soumise à la procédure sur les marchés publics et nous sommes les garants du respect de ces règles.

Et quel est votre travail vis-à-vis des étudiants ?

Pour ce qui est des étudiants, nous avons établi une charte en complément de la charte Renater. Nous mettons en place en plus des solutions techniques pour éviter les risques. Nous avons mis en place par exemple des réseaux virtuels VLAN, et nous avons bloqué des ports sur les firewall de manière à garantir la sécurité.

Notre objectif est de garantir l'utilisation de l'infrastructure et de se prémunir de l'utilisation frauduleuse des ressources. Par exemple, nous mettons en place des mesures pour empêcher le mail-bombing à partir de notre réseau.

Par ailleurs, nous travaillons beaucoup à garantir l'identité des utilisateurs contre tout vol. Nous avons fait également beaucoup d'efforts de communication sur l'utilisation du Peer-to-Peer. Notre surveillance s'effectue sur les connexions et pas sur les contenus.

Y a-t-il des moments plus chargés que d'autres dans l'année ?

Le rythme annuel est soutenu. Par le passé, la rentrée et la fin de l'année scolaire étaient des moments particulièrement chargés de notre activité. Mais aujourd'hui, les moments de creux existent de moins en moins.

Il est vrai que la période de rentrée est une période où nous devons faire face aux nouveaux étudiants qui découvrent et doivent appréhender les outils. A la fin de l'année, nous clôturons les comptes et le turn-over est à HEC d'environ 80%, ce qui signifie des modifications importantes à apporter à l'annuaire de l'école chaque fois.

Mais au final, l'activité de la DSI est de plus en plus lissée dans l'année. C'est surtout le cas avec la politique d'échange de l'école avec les autres écoles de commerce européennes. Nous avons des étudiants qui arrivent sur le réseau à tous moments.

Quelles sont les préoccupations principales de votre DSI ?

Notre préoccupation principale est la disponibilité du réseau et des ressources pour nos utilisateurs. C'est notre priorité. Les problématiques de sécurité, de stockage, de gestion de données, de réseaux et de mobilité doivent être appréhendées dans ce sens.

Nous fournissons également des formations en ligne de manière à ce que les utilisateurs soient à même de trouver l'information qu'ils souhaitent et puissent gérer les outils que nous mettons à leur disposition.

Pour ce qui est de l'accès à distance, nous n'avons pas de stratégie de sécurité particulière. Certes, en interne nous avons la main sur plus d'informations, mais nous contrôlons surtout les accès. Par ailleurs, les 200 postes en libre service sont considérés comme des postes externes du point de vue de l'accès au réseau.

Au niveau des progiciels, choisissez vous de faire appel à des prestataires ou bien développez vous en interne ?

Nous proposons un mixte de logiciels sur étagère et de logiciels conçus et développés en interne, qui sont pour la plus part jetables à la fin de l'année ou du travail pour lequel ils ont été conçus.

Nous avons le choix de développer en propre nos outils ou de faire appel à des prestataires extérieurs. La plupart du temps, nous faisons appel à des prestataires extérieurs par déficit de temps, et non de ressources en interne.

Quels sont les défis et les projets qui vous attendent ?

Nous n'avons pas peur de la croissance de volume de comptes car nous avons atteint une taille critique qui fait que toute croissance ne serait qu'un coût marginal.

En revanche, pour le futur, nous devons faire des efforts pour renforcer plus encore la partie sécurité et le multimédia. Nous souhaitons améliorer notre qualité en termes de vidéo par exemple.

Un autre grand défi nous attend à moyen terme. Il s'agit de l'échange des identités des utilisateurs avec les autres universités. Nous mettons au point grâce à la technique du roaming un procédé qui permettrait d'utiliser le même identifiant pour les utilisateurs. C'est l'objet de notre travail aujourd'hui avec Renater au sujet d'Eduroam. L'objectif est de faciliter la vie des utilisateurs.

C'est un projet à moyen terme qui ne rentre pas dans les projets de l'année qui vient. Pour cette année, nous souhaitons mettre en place un nouveau PGI.

Eric Rahaingomanana est le DSI de HEC depuis 2001. Il occupait précédemment des fonctions de responsable informatique dans le secteur des retraites complémentaires. Il a suivi une formation en mathématiques appliquée et en gestion d'entreprise.