Hervé Mortreux (DSI, Valeo Service France) : "Nous cherchons à capitaliser sur l'expérience de nos principales divisions en Europe"

Quelles sont vos principales missions au sein de Valeo Service ?

J'ai la responsabilité de la Direction des systèmes d'information de Valeo Service pour la France et l'Export. J'ai également en charge le management du core system commun à toutes nos activités à travers l'Europe.

Valeo Service est découpé en deux branches : l'une est centrée sur la rechange de pièces détachées pour les constructeurs, l'autre la rechange de pièces détachées pour les indépendants, comme les distributeurs, les réparateurs, les centres autos... Valeo Service compte plus de 1000 salariés à travers le monde.

Quels étaient les objectifs de votre projet de core system ?

Sur le plan des infrastructures informatiques, l'organisation de Valeo Service est historiquement très décentralisée. Chaque division met en œuvre ses serveurs bureautiques, de messagerie, et dispose de ses propres équipes informatiques selon les standards du groupe. Cette culture n'est pas particulière à Valeo Service. C'est le cas de l'ensemble du groupe Valeo.

A travers le core system de Valeo Service qui a été mis en production en 2006, nous avons cherché à capitaliser notre expérience autour d'un projet porté par nos principales divisions en Europe. Avant le lancement de ce chantier, chacune avait déployé son propre ERP. A travers cette initiative, la direction générale de Valeo Service voulait promouvoir une brique commune facilitant la mutualisation de bonnes pratiques métiers.

Quelle a été votre politique de choix technologique dans ce projet ?

Nous avons opté pour l'ERP SAP. Cette solution était déjà utilisée par la France, l'Espagne et l'Italie. Le groupe Valeo avait en plus déjà élaboré un core system relatif aux branches industrielles en première monte, et sur lequel nous avons pu nous baser pour définir ce nouvel environnement. Nous l'avons adapté à nos spécificités métiers relatives à la commercialisation et à la distribution de pièces détachées en Europe, sur le front de nos processus marketing, de nos centres d'appels et de nos entrepôts.

La majeure partie du système est basée sur SAP. Nous y avons greffé des modules complémentaires du même éditeur, notamment pour ce qui touche au décisionnel et au CRM lié à la gestion de la force de vente. Mais également des solutions non SAP pour certains aspects. C'est le cas avec Dinasys pour les prévisions de ventes, et l'EAI de Microsoft Biztalk Server pour l'intégration avec les entrepôts et les magasins.

Vous avez également fait appel à Esker ?

La technologie d'Esker, DeliveryWare, était déjà déployée au sein de la division française de Valeo Service pour gérer les envois par fax des accusés de réception de commandes clients. Globalement, nous favorisons au maximum les flux dématérialisés de type EDI ou XML pour les échanges avec nos clients. Aujourd'hui, 70% des commandes sont dématérialisées.

Pour traiter les formulaires, nous avons choisi au moment de la mise en place du core system d'associer DeliveryWare à SAP. Combinée à la solution Crystal Report pour la mise en forme, cette application nous permet d'élargir la gestion de nos envois, notamment à la génération de factures au format PDF ou l'extension des envois par fax aux bons de livraison.

Quels ont été les différents acteurs de votre projet de core system ?

Dans la phase de construction et de déploiement, avec le support de notre intégrateur, des utilisateurs de référence ont été nommés pour prendre en charge la réflexion autour des bonnes pratiques et des principaux processus métier ciblés, comme la gestion de la tarification, de la garantie, le centre d'appels, etc. En parallèle, un centre de compétence interne a été créé. Il est composé de responsables de domaine métiers, commerce, logistique, finance. Et de responsables techniques, décisionnel, EDI, administration.

Pour gérer l'évolution du système, différents niveaux de suivi ont été définis. Un comité mensuel par métier est co-animé par les utilisateurs clés et les responsables de domaine. Il définit les évolutions et les nouveaux déploiements à réaliser en termes de priorisation. Un comité opérationnel qui regroupe la direction générale et la DSI statue quant à lui sur les grandes orientations. Enfin, le centre de compétences interne dont j'ai la charge a été mis sur pied pour gérer exploitation et réaliser la maintenance corrective et évolutive.

Quels conseils donneriez-vous à des DSI se lançant dans un projet équivalent ?

Ce type de projet est loin d'être facile. Nous avons réussi à tenir les plannings. La réussite d'une telle entreprise passe par une forte implication de la direction générale ainsi que des divisions métiers et des DSI.

Il est important que ces acteurs s'engagent le plus tôt possible sur des objectifs communs. Il faut ensuite maintenir ce réseau d'acteurs dans le temps, ce qui passe chez nous par la mobilisation des utilisateurs clés et des responsables de domaines, notamment pour gérer l'évolution du système et le faire vivre. C'est également le cas des DSI de chaque division. Sans compter qu'avec l'arrivée du core system, leur rôle est amené à évoluer. De fournisseur de solutions, il se recentre sur l'assistance à maîtrise d'ouvrage de leur division.

Hervé Mortreux est DSI de Valeo Service France depuis 2005. Il est titulaire d'un 3e cycle en Management des systèmes d'information à l'Université de Technologie de Compiègne.

2001 DSI de Valeo Thermique Moteur.

2000 Responsable des systèmes d'information pour l'Europe chez Thomson Multimedia.

1990 Directeur de projets chez 3M France.