Linux : pourquoi Munich envisage de revenir à Windows

Linux : pourquoi Munich envisage de revenir à Windows La troisième plus grande ville allemande avait décidé de basculer vers Linux en 2006. Une étude interne pourrait remettre en cause le projet.

La municipalité de Munich est devenue un symbole du mouvement open source. La troisième plus grande ville allemande a décidé de migrer son parc de Windows à Linux en 2006. Elle s'est d'abord orientée vers Debian, puis vers Ubuntu à partir de 2009. Depuis un an, 12 000 de ses PC tournent sous cette distribution Linux dotée de la suite bureautique LibreOffice. Un groupe de conseillers municipaux de la majorité vient de demander un réexamen du projet. La réalisation d'une étude indépendante a été commissionnée dans ce sens (dixit le Süeddeutsche.de).

Une action politique ?

L'initiative est portée par Josef Schmid du CSU (Union chrétienne-sociale), un conseiller municipal influent. Car même s'il a perdu les récentes élections municipales face à Dieter Reiter du SPD (Parti social-démocrate d'Allemagne), il a tout de même obtenu le poste de premier conseiller au sein d'une majorité municipale de coalition. Reste que ce parcours pourrait bien donner un caractère politique à cette action. Pour justifier son initiative, Josef Schmid met en avant des plaintes d'utilisateurs pour lesquels la transition vers Linux serait loin d'être simple. Les applications de messagerie, de calendrier et de gestion des contacts sont notamment évoquées.

Une guerre des chiffres entre Microsoft et Canonical

Selon un rapport de 2008, la décision de migrer vers Linux avait été prise "en vue d'aboutir à une indépendance stratégique vis-à-vis des fournisseurs de logiciels" (lire le document de l'époque).

Même si la problématique des coûts n'avait pas été initialement évoquée dans les motivations, les partis en présence se sont depuis lancés dans une bataille sur cette question à coups d'études interposées. Alors que le projet avait été budgété au départ 37,5 millions d'euros (2,5 millions de plus que l'option Windows, notamment du fait des formations nécessaires), un rapport municipal de 2012 est plus favorable à l'open source. Il estime les coûts de migration vers Windows 7 que le passage à l'open source a permis d'éviter. Dans ce scénario, Linux aurait ainsi permis d'économiser 11,6 millions d'euros en rayant du budget des frais en matériel et licences qu'aurait impliqué un passage à Windows 7.

Une commission indépendance devra se prononcer

En réponse à cette étude, Microsoft (avec HP) a publié en 2013 sa propre évaluation, mettant en avant un prix assez faible en faveur de la voie Windows (17 millions d'euros). Dixit Zdnet. Il faut dire que l'éditeur a réalisé son estimation sur la base de licences Windows XP. En juillet dernier, Canonical, éditeur d'Ubuntu, enfonçait le clou en publiant ses propres chiffres, quant à eux sans surprise très favorables à Linux.

Face à ces différents rapports, l'opposition met en avant dans son plaidoyers les différents coûts cachés du projet Linux : l'échange de documents avec les citoyens ou d'autres administrations se révèlent problématiques du fait d'une gestion des formats parfois différente de celle d'Office, sans compter la nécessité de développer un plus grand nombre d'applications spécifiques. Au total, la ville de Munich utilisent 300 logiciels pour gérer ses différentes activités administratives. Là encore, l'objectif initial était de développer des applications métiers indépendantes des éditeurs. Ce qui n'a pas été toujours possible. Certaines applications de la municipalité pouvaient d'ailleurs nécessiter une machine virtuelle Windows... pour fonctionner sous Linux.

C'est sur toutes ces questions que la commission indépendante récemment nommée devra se prononcer.