SaaS : trois grands DSI français se positionnent Franck Le Moal (DSI, Louis Vuitton) : "Il est encore difficile d'estimer le ROI réel des applications SaaS"

Quels sont les domaines dans lesquels le SaaS peut être pertinent ? Pour le DSI de Louis Vuitton, le modèle des applications hébergées en location est notamment intéressant pour les réseaux sociaux d'entreprise. Mais aussi en matière de système de gestion des ressources humaines (SIRH). "Après la période des grands progiciels de gestion RH, type PeopleSoft, nous avons besoin aujourd'hui chez Louis Vuitton d'applications orientées vers la gestion des talents, le référencement des compétences dans les différents pays, mais aussi centrées sur la gestion de carrière et la mobilité interne ainsi que le collaboratif. Le SaaS apporte de vraies réponses dans ces domaines", commente Franck Le Moal.

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"Le SaaS est bien adapté aux processus de gestion des talents" (Franck Le Moal, DSI de Louis Vuitton). © JDN / Antoine Crochet-Damais

Louis Vuitton s'intéresse au CRM en mode SaaS

Louis Vuitton a d'ailleurs opté pour une solution de gestion RH en mode SaaS d'origine américaine (Cornerstone), ciblant notamment les PME du secteur de la distribution. Mais pour Franck Le Moal, les offres SaaS représentent également une rupture intéressante dans la gestion de la relation client. "Nous avons la conviction, que pour une société comme la nôtre positionnée dans la distribution, les offres de CRM en mode SaaS, comme Salesforce par exemple, peuvent apporter une nouvelle valeur ajoutée à nos métiers", pointe Franck Le Moal.

Quant aux principaux apports du SaaS, le DSI les place moins sur le terrain des économies de coûts, une question pour laquelle Franck Le Moal estime ne pas disposer de suffisamment de recul, que sur le front de la flexibilité et l'agilité qu'apporte ce nouveau modèle. Pour Franck Le Moal, le SaaS représente une opportunité de délivrer plus vite des processus métier, en ayant la capacité de mener de front des projets ciblant différentes fonctions de l'entreprise : finance, CRM, marketing, RH... A cela s'ajoute la possibilité pour la DSI d'accompagner plus facilement des zones lointaines à forte croissance comme l'Asie ou l'Amérique Latine, en ayant la capcité de mettre rapidement à disposition des applications.


La nécessité de faire évoluer les compétences de la DSI

Le caractère standard des applications SaaS éviterait aussi les projets "tunnel", en contractant les phases de cadrage et d'étude de cas. "Elles nous amènent à fonctionner plutôt dans un logique de projets rapides orientés métiers", analyse Franck Le Moal. "Focalisés initialement sur l'intégration et le développement, les chefs de projet applicatif doivent par conséquent monter en puissance sur les problématiques business. Ce qui constitue aussi une opportunité pour la DSI de faire évoluer son modèle de compétences. Ce point rejoint plus globalement la question des nouveaux savoir-faire à acquérir au sein de la DSI pour évoluer vers le SaaS, en termes de gouvernance, de pilotage de services et de dimensionnement de celui-ci, de gestion de contrat, mais aussi d'accompagnement du changement."

Face à ces évolutions profondes, la question du retour sur investissement du SaaS prend ainsi une dimension plus complexe. "Alors que les éditeurs mettent en avant des ROI sur trois ans, les choix que nous faisons sont plutôt réalisés pour une période de 5 à 10 ans. Or, le modèle économique du SaaS sur une telle période, en prenant en compte les coûts de pilotage et de maintenance, et pas seulement d'abonnement, n'est pas encore prouvé", insiste le DSI. Reste donc un apprentissage à mener pour maitriser le TCO complet d'un tel projet SaaS. Une problématique d'autant plus épineuse, selon le DSI de Louis Vuitton, qu'il est parfois difficile de mesurer le taux d'utilisation réel d'une application SaaS. De nouvelles métriques de gouvernance et des indicateurs de supervision et de suivi statistique doivent ainsi être définis pour mieux maitriser les résultats, et estimer le ROI réel de ces produits.