Offshore IT : le terrain de jeu mondial des SSII françaises Franck Nassah (PAC) : "L'offshore IT en Chine sera mature dans 10 ans"

JDN Solutions. Combien pèse le marché de l'offshore IT ?

Franck Nassah. Au niveau monde en 2010, les cinq acteurs indiens des services informatiques représentaient 3,5% du marché total des services informatiques dans le monde. Les ressources qu'ils mettent à disposition s'adressent à toutes les entreprises et pas seulement les françaises. De ce point de vue, les Etats-Unis et l'Angleterre sont les plus grands pays pourvoyeurs de prestations informatiques offshore en raison de leur maturité plus forte dans l'externalisation. On estime par ailleurs que 5 à 6% des ressources offshore interviennent pour des clients français en 2010 alors qu'en 2008, ce taux n'était que de 2,5%.


Certains pays sont-ils spécialisés dans des domaines de l'offshore IT en particulier ? 

Pas vraiment. On trouve des ressources pour répondre à tous les besoins offshore à peu près partout dans le monde. Ce qui va faire la différence, c'est la taille du réservoir. En Inde, il est beaucoup plus élevé qu'au Maroc ou en Pologne où les ressources se tariront mécaniquement plus rapidement.


"Il faut s'attacher à analyser les surcoûts de la prestation offshore"

Ce que l'on observe en revanche c'est une inflation des salaires en Inde, même s'il existe encore un potentiel de développement important. En tout état de cause, il ne faut pas seulement s'attacher au taux journalier moyen des prestations facturées dans les différents pays mais s'attacher à comparer les coûts overhead.

C'est-à-dire les coûts d'appels, de conférences, de temps mobilisé, de déplacements et de transports... De même, certaines réglementations en termes de droit du travail et de culture peuvent être plus proches des nôtres, ce qu'il faut garder en tête lors du choix du pays où l'on souhaite faire exécuter la prestation offshore.

Par ailleurs, il faut savoir que pour une SSII traditionnelle, le modèle économique offshore est très pertinent dans un contexte de marché en croissance. Mais pendant la crise, notamment celle que nous avons par exemple traversé en 2009, ce n'est pas viable car peu compatible avec un taux élevé d'intercontrats.



Quels sont les pays offshore qui montent, et considérés comme porteurs par les entreprises françaises ?

La Chine n'est clairement pas mature de ce point de vue là. Le temps d'apprentissage pour travailler avec les chinois est long sachant qu'il est déjà difficile de trouver un chinois qui parle anglais. Cela devrait changer d'ici 10 ans. Les pays de l'Est constituent une bonne alternative à l'Inde, la culture y étant relativement proche de la nôtre. Concernant l'Amérique Latine, ce sont surtout les pays hispanophones qui s'y retrouvent ou les Etats-Unis parce qu'ils peuvent partager un fuseau horaire commun.

Franck Nassah est directeur Sourcing au sein du cabinet de conseil Pierre Audoin Consultants.