Le marché français de l'externalisation informatique en croissance

Selon l'Insee, 29% des entreprises françaises ont fait appel à la sous-traitance informatique en 2006. Les sociétés de plus de 250 salariés en sont les plus consommatrice. La crise pourrait favoriser ce mouvement.

Selon une étude récente de l'Insee réalisée auprès de 14 600 entreprises françaises d'au moins 10 salariés, 29% d'entre elles ont confié en 2006 à des prestataires des fonctions requérant des personnels spécialisés dans les TIC. Cette externalisation IT s'est faite majoritairement auprès de sociétés françaises. En effet, seules, 8% des entreprises ayant recouru à ces services, se sont tournées vers un prestataire implanté à l'étranger, et 3% hors de l'Union Européenne.

D'après les rédacteurs de l'enquête, ce taux d'externalisation de 29% serait l'un des plus faibles d'Europe. En ce qui concerne le profil des entreprises recourant à ces services informatiques, ce sont principalement des grandes sociétés. Les disparités sont en effet fortes selon l'effectif. Ainsi le taux d'externalisation est de 20% parmi les entreprises de 10 à 19 salariés et de 72% pour celle de 250 salariés ou plus.

 

Sur un plan sectoriel, les secteurs d'activité les plus demandeurs en termes de sous-traitance des fonctions requérant des spécialistes TIC sont l'énergie et la finance. Cela concerne ainsi 74% des entreprises de l'énergie, qui représentent par ailleurs 97% de l'emploi salarié du secteur. La proportion est de 69% dans celui de la finance. Le commerce (29%), les services aux particuliers (21%) et la construction (16%) sont en revanche les secteurs qui externalisent le moins en matière informatique.

En ce qui concerne les opérations externalisées, il s'agit avant tout du développement et de sa mise en œuvre (y compris logiciels, sites Web, bases de données et réseaux), et des opérations courantes. Cette seconde catégorie englobe le support technique, l'administration de réseaux, de sites Web et de bases de données. D'après les données de l'Insee, les entreprises ayant recouru à l'externalisation ont sous-traité à 78% des fonctions de développement (85% dans le domaine des opérations courantes).

Plus stratégiques, les fonctions de management informatique (conseil et stratégie, plan directeur, y compris e-business) n'ont elles été externalisées en 2006 que par 22% des entreprises de 10 salariés ou plus. Les disparités sont toutefois marquées entre les secteurs. La finance privilégient notamment la sous-traitance des tâches de développement et de management. Les sociétés du commerce et des services recourent quant à elle plus massivement à l'externalisation du management des TIC.

Si la sous-traitance informatique laisse souvent craindre en France une disparition d'emplois au profit d'autres pays, il semble que ces craintes soient infondées. 94,9% des entreprises ayant choisi d'externaliser ont fait appel à un prestataire implanté en France, soit 27,7% des entreprises interrogées.

Et parmi les entreprises qui ont sous-traité, 7,7% ont opté pour un prestataire étranger. Sur les 14 600 entreprises interrogées par l'Insee, seules 0,8% ont sous-traité hors de l'Union européenne. L'Insee lie l'externalisation, notamment à l'étranger, aux difficultés de recrutement de ces personnels par les entreprises françaises.

"Fin 2006, 43 % des chefs d'entreprise qui cherchent à recruter des personnels spécialisés en TIC éprouvent des difficultés à recruter", précise le rapport de l'Insee. Les principales causes de ces difficultés sont le manque de postulants et les exigences salariales trop élevées. Parmi les patrons d'entreprises qui éprouvaient des difficultés à recruter en 2006, 45,1% avancent ainsi les exigences excessives des postulants.

L'enquête de l'Insee peut être en partie complétée par le bilan 2007 présenté en mars dernier par Syntec Informatique. L'Offshore a enregistré une croissance de 50% en 2007, passant de 2 à 4% du marché des services informatiques.

Le Syntec prévoit en outre une nouvelle augmentation en 2008, notamment en raison de la crise économique. Les banques, particulièrement fragilisées par la crise financière des subprime, pourraient ainsi chercher à réduire leurs coûts en recourant plus intensément à l'externalisation, notamment en Inde.