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" Il faut avoir envie d'occuper un poste de manager ". Philippe Arsac, P-DG du cabinet de recrutement informatique Eurowin Consulting, rencontre parfois des candidats qui veulent devenir manager, mais n'en n'ont pas l'envie. Paradoxal ? Pas tant que ça.

 
Philippe Arsac (Eurowin Consultants)
 
 
 

De nombreux informaticiens souhaitent un jour passer par la case management. Mais les motivations sont diverses, et les échecs parfois cinglants. " Un point important est d'abord d'avoir envie d'occuper un poste de management. Je dois dire que le management n'est pas forcement une chose facile et confortable et qu'il exige certain sacrifices, c'est à ce prix qu'on est respecté des équipes " explique Philippe Arsac.

Il cite un exemple malheureusement fréquent. " Il y a un risque avec des profils issus de grandes écoles, que l'on estime capable d'être manager rapidement. Tout dépend de la motivation et de la volonté réelle des candidats. Je livre à votre sagacité la question de la réussite d'un énarque sans expérience parachuté quelque part " poursuit il avec humour. De fait, dans le monde informatique, la crédibilité des manager se joue pour les équipes autant sur la capacité à manager qu'à posséder une légitimité technique. Mais le risque vient aussi de la reconnaissance pour l'expertise technique par les pairs, qui ne suffit pas toujours à faire de bons managers. Quelle désillusion pour une équipe de se retrouver managée par le " meilleur d'entre eux ", et de s'apercevoir que sa compétence ne dépasse pas les problèmes techniques !

Cette question de la motivation à devenir manager, Philippe Arsac se l'est souvent posé. " En France ; à la différence des pays anglo-saxons ; il y a peu de possibilité de carrière pour des experts de très haut niveau. Là bas, leus rémunérations sont parfois plus importantes que pour des managers. Ce n'est pas le cas ici, et beaucoup considèrent le management comme la seule voie d'évolution de carrière. " Attention donc à ne pas considérer le management comme la solution pour évoluer et ce au détriment des motivations profondes. Un technicien qui excelle dans l'expertise et se plait dans son travail mais ne se dent pas la fibre managériale risque d'être déçu par une promotion sur un poste de manager, et de décevoir par là même.

Quelles compétences posséder ?

Se pose alors pour les techniciens qui souhaitent progresser vers des postes de managements la question des compétences en management. Inné ? Acquis ? " On peut se former au management, mais tout dépend du " portefeuille " de départ du candidat. Avec un mauvais portefeuille, il sera très difficile de se former au management et d'avoir une expérience réussie. Avec un portefeuille même moyen en revanche, un candidat pourra s'améliorer grâce à des techniques ". Ce portefeuille de compétences, Philippe Arsac l'articule, en plus de la technicité, avec la communication et le leadership.

" La composante communication est extrêmement importante. Le manager doit être en mesure de communiquer un message, tant vers ses équipes qu'en direction de sa hiérarchie. Il doit également assumer un rôle de facilitateur au sein de ses équipes " explique Philippe Arsac. Par

"Les composantes sont multiples et l'individu parfait n'existe pas"

ailleurs, les personnes qui communiquent aisément se remarquent souvent dans une entreprise, et leur capacité provient d'une expérience plus ancienne que la simple expérience professionnelle. " Les choses ne se font pas d'un coup et il y a un certain continuum entre la vie personnelle et professionnelle. Il est exceptionnel qu'un vrai manager ne soit pas quelqu'un qui dans sa vie privée précédente cette fonction n'ait pas pris des responsabilités que ce soit dans son lycée, son école, son université, son environnement. Cette personne va avoir développé des capacités à communiquer qui la feront remarquer. Elle aura tendance spontanément à rassembler des collègues, à prendre les choses en main. Quant une hiérarchie remarque cela, elle fait généralement évoluer le collaborateur. "

Le leadership quant à lui se mesure au vu de divers critères. " Dynamisme, empathie, écoute, capacité de suivre des objectifs et de les faire suivre à ses équipes, capacité à animer des réunions, capacité à convaincre les équipes et sa hiérarchie, résistance physique et émotionnelle ; autant de composantes nécessaires au manager. Les composantes sont multiples et là encore l'individu parfait n'existe pas. Chaque manager aura son style de management qui dépendra de sa personnalité, de l'entreprise dans lequel il travaille et pour lequel il sera plus ou moins adapté. "

Philippe Arsac mentionne en plus de ces composantes la résistance physique et émotionnelle. " Dans bien des cas, le manager est amené à faire face à des situations de crise et à effectuer plus d'heures de travail que ses collègues. " justifie t-il.

Combien de temps pour devenir manager ?

Dès lors, quel doit être le parcours d'une personne qui souhaite accéder un jour à un poste de management ? " Il n'y a pas vraiment de règles tout dépend de la personne et de l'entreprise. Si la personne est brillante et

"Aller trop vite, c'est s'exposer au risque d'être bloqué à mi-carrière"

que la société est petite cela peut venir en moins d'un an. En général il faut attendre 3 ans environ au minimum pour un premier poste de management. " explique Philippe Arsac. Celui-ci met fortement en garde les aspirants managers contre les déconvenues d'une progression de carrière trop rapide. " Aller trop vite, c'est s'exposer au risque d'être bloqué à mi-carrière. La sélection est de plus en plus rude à mesure que l'on gravit les échelons. Un individu mal préparé risque de grosses déceptions au moment des 6 ou 7 entretiens d'embauche qui l'attendent pour un poste de DSI d'envergure. Préparer ces rencontres se fait très en amont par la construction d'un parcours professionnel accompli. "

Par ailleurs, le passage par des étapes clés permet d'acquérir tout au long de sa carrière des expériences utiles. " Devenir un manager signifie passer par plusieurs étapes. On va passer progressivement de la programmation au poste de chef de projet junior, puis senior, pour ensuite devenir directeur technique et éventuellement DSI. " explique Philippe Arsac. Enfin, jouer avec les différentes tailles des entreprises sur lesquelles le candidat va postuler permet à mesure d'acquérir des responsabilités dans des structures variables.

Se former ?

En plus de l'expérience professionnelle, se former aux techniques de management peut être une bonne idée, à nuancer toutefois. " Les entreprises IT ont fait des efforts de formation. Mais mon sentiment est que l'on peut mieux faire. Du plus, la pression de la productivité fait que souvent, les entreprises vont chercher un candidat à un poste de management déjà formé à cette position. C'est le rôle de recruteur de faire en sorte que les entreprises trouvent à l'externe ce type de profils " mentionne Philippe Arsac.

Par ailleurs, on constate souvent que les formations aux techniques de management sont ouvertes souvent à des personnes qui sont déjà managers et souhaitent approfondir leurs connaissances. Difficile donc d'acquérir autrement que sur le tas des techniques de management.


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