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Le Contrat Nouvelles Embauches intrigue l'informatique
Son jeune âge ne permet pas encore de juger de son efficacité mais, déjà, les protagonistes du secteur - SSII, sociétés de conseil et syndicats - débattent vivement de la mesure phare du Premier Ministre.  (19/09/2005)
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Dossier CDI Le point sur le contrat nouvelles embauches (sur le JDM)
Entre le 4 août et le 1er septembre, 31 000 intentions d'embauches par CNE (Contrat Nouvelles Embauches) auraient été déclarées par les entreprises françaises de moins de 20 salariés. Tels sont les chiffres officiels. Qu'en est-il dans le secteur des nouvelles technologies ?

"Dans les faits, il n'y a que 3 semaines de pratique, nous n'avons pour le moment pas de décompte", déclare Bruno Carrias, délégué général de la Fédération Syntec, qui vient de procéder à une embauche CNE pour le compte de la Fédération.

"Nous avons retenu ce contrat pour un profil multiforme, à la fois webmaster - donc technique - mais aussi pratique, les deux aspects devant, par la suite, diverger si cette activité se développe. Soit je partais sur des contrats en temps partiel, soit sur des CDD. Le CNE m'a permis de démarrer tout de suite, en ayant plus de souplesse qu'avec un CDD, sachant que le passage en CDI se fera de manière automatique après la période d'essai, puisque le CNE est un CDI", précise Bruno Carrias.

Selon Christian Poyau, Président d'honneur de l'association CroissancePlus (et P-DG de Micropole Univers), "l'intérêt des entreprises est manifeste. Le CNE apporte une souplesse pour adapter la masse salariale à l'activité. Une entreprise n'embauche un collaborateur que si elle a une mission, les marchés étant plus mouvants qu'avant. La visibilité à moyen ou long terme n'existe pas".

Du côté des syndicats, la prudence est de mise
Du côté des syndicats, la prudence est de mise. "Nous avons assez peu de remontées, le contrat ne fait que démarrer. Mais, traditionnellement, dans les contrats, on a les remontées à la fin, quand les gens se plaignent et génèrent des contentieux pouvant mener vers des requalifications ou des ruptures de contrats. La dérive, si dérive il y a, se fera à ce moment-là", note Ivan Béraud, secrétaire général du Betor Pub CFDT.

Cela étant, le syndicaliste pointe du doigt un début de dérive apparu chez certaines SSII. "Nous commençons à observer des entreprises qui - intelligemment - se coupent en morceaux de 20 personnes. Les voyous qui avaient tendance à se couper pour ne pas payer ceci ou cela ou payer moins d'impôts créent désormais une SARL par projet, avec des CNE, de moins de 26 ans de préférence pour qu'ils ne rentrent pas dans les effectifs. Il y a des margoulins qui nous font la totale !", s'exclame le secrétaire général.

En effectuant des recherches, il semblerait bien que les dires d'Ivan Béraud soient véridiques, les forums du Munci relatant ce genre d'initiative où une SARL - à la tête de laquelle se trouve un "manager commercial" - ne recrute que des CNE pour réaliser - en sous-traitance - les contrats signés par une SSII plus importante, la SSII gérant par ailleurs tout l'administratif de la SARL (lire le message lancé dès le 04/08/05 sur les forums du Munci).

"Le CNE n'est pas fondamentalement encadré"
(Régis Granarolo, Munci)
"Ce mécanisme me paraît assez préoccupant. Le CNE n'est pas fondamentalement encadré et les SSII sont très fortes pour multiplier les filiales. Altran en a par exemple plus de 200 !", avance Régis Granarolo, membre du bureau du Munci.

Le CNE semble toutefois répondre à de vrais besoins pour des sociétés qui n'ont pas comme seul but d'être des écrans de fumée pour de plus grosses entités. Emmanuelle Bureau-du-Colombier, P-DG de l'agence de communication Mediasoft, spécialisée dans les nouvelles technologies, a ainsi récemment signé son premier CNE, pour un poste d'assistant(e) de communication.

"Ce contrat a été une opportunité, j'ai pris ma décision en une journée. Cela laisse de la liberté des deux côtés. Les formalités sont simples, c'est un simple CDI avec des clauses particulières limpides. Quand on vend du temps homme, c'est toujours compliqué de recruter, on peut disparaître du jour ou lendemain si un client nous plante. Si jamais il y a quoi que ce soit, je peux mettre un terme au contrat, sachant que ce n'est pas ce que je souhaite faire. Je pense que cela va pousser les entreprises à augmenter leurs effectifs".

Le conseiller juridique et social qui l'a accompagnée dans cette démarche, Xavier Toubhans (SCP Thierry Lefebvre & Associés), précise : 'l'intérêt est de pouvoir embaucher une personne en la testant sur une longue durée, sans que cela coûte trop cher. En cas de rupture, 8% vont au salarié et 2% aux Assedic. Ces primes sont exonérées de charges et d'impôt et le CNE n'est pas exclusif des aides à l'emploi. Attention toutefois, s'il y a faute, le CNE ne joue plus, seules les ruptures non motivées pas des fautes sont valables".

"Sans le CNE, je n'aurais pas embauché"
(Yann Guezennec, Altays)
Même raisonnement pour Yann Guezennec, P-DG de la société de conseil Altays, qui va signer un CNE pour un CDD qui prenait fin. "L'obtention de contrats importants entraîne une hausse de charge pour la société. Nous faisons alors appel aux CDD et aux intérimaires. Contrairement aux CDD - où les personnes sont là pour 3 ou 6 mois, avec une date de fin rigide -, le CNE permet de ne pas avoir au démarrage de perspective de date de fin. La personne peut ainsi faire ses preuves et mieux s'insérer dans l'équipe. Sans le CNE, je n'aurais pas embauché".

Toutefois, le CNE ne semble pas adapté à toutes les sociétés du secteur technologique, comme en témoigne Fanny Rouhet, DRH du groupe Solucom. "L'impact du CNE sera limité dans notre secteur. Il y a certes beaucoup de sociétés qui y seront favorables mais la tension structurelle sur le marché de l'emploi est telle que les candidats - des ingénieurs diplômés de grandes écoles - n'ont pas de difficulté à trouver un CDI. Ils vont dès lors trouver que le CNE est un contrat au rabais, d'autant plus que la communication des partenaires sociaux a été négative. En outre, les entreprises seront peut-être frileuses face à une jurisprudence qui n'est pas stable, même si le contrat a été bien calibré."

La DRH de la SSII reconnaît cependant que, pour certaines franges de populations qui ont du mal à trouver du travail, la mesure peut contribuer à améliorer leur employabilité. "Pour des candidats positionnés sur certaines technologies, comme le Cobol, ou moins qualifiés que d'autres, l'entreprise pourra prendre le risque. Même chose pour ce qui est d'investir dans une force commerciale, c'est un investissement lourd, surtout quand il n'y a pas de caractère réversible".

"Dans nos métiers, le CDI est bien adapté"
(Stanislas de Bentzmann, Devoteam)
Stanislas de Bentzmann, co-Président du groupe Devoteam, est sur la même longueur d'onde. "Je pense que dans les métiers propres à Devoteam, le CDI est bien adapté, il donne de la sécurité aux deux parties, c'est vraiment ce dont nous avons besoin. Mais pour les petites PME, qui évoluent sur des marchés précaires, à qui on met un maximum de barrières à l'embauche, le diagnostic est bon, il faut donc l'approfondir".

"En termes de création d'emploi, le CNE n'est pas un contrat adapté à la prestation de service car on recrute beaucoup sur mission, par rapport à des besoins ponctuels. L'évaluation se fait dans les 3 à 6 mois, il n'y a pas de raison qu'elle se poursuive au-delà. Et puis les SSII ne s'embarrassent de détails quand elle veulent licencier...", relativise Régis Granarolo (Munci).

Parmi les autres bénéficiaires potentiels du CNE, les free-lance ou les indépendants qui utilisent le portage salarial pour se faire payer. "Avec le CNE, si je suis indépendant, je peux également rentrer dans l'entreprise, avec une souplesse réciproque et sortir, par exemple, du portage salarial dont les contours ne sont pas très clairs et qui laisse le salarié dans sa solitude", avance Bruno Carrias (Syntec).

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Dossier CDI Le point sur le contrat nouvelles embauches (sur le JDM)
Le mot de la fin revient à Christian Poyau qui rappelle que CroissancePlus s'était prononcée pour un contrat de type CDI incluant des possibilités d'interrompre le contrat de manière plus souple ou de l'attacher au lancement d'un projet, d'une filiale. Quand on reparle du contrat de mission...

 
 
Fabrice DEBLOCK, JDN Solutions
 
 
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