INTERVIEW 
 
Bénédicte Bonomi
Présidente
AEPF (Association des anciens élèves)
Bénédicte Bonomi
"Les premières femmes issues de l'école étaient des pionnières"
Chef du service Calculs et Essais mécaniques et thermiques chez Thales Systèmes Aéroportés, Bénédicte Bonomi est également présidente de l'association des anciens élèves de l'EPF. Elle revient sur sa scolarité, son parcours et sur le fonctionnement et les missions de l'AEPF.
11/06/2004
 
JDN. Y'a-t-il un esprit de corps chez les anciens ? Est-ce que les anciens élèves restent proches de leur école ?
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Bénédicte Bonomi. Les élèves qui partent de l'école ne gardent que rarement le contact. Mais on en voit beaucoup revenir après 5 ou 10 ans. Certains parce qu'ils ont fait un premier pas dans l'entreprise et que souhaitant chercher autre chose, ils se rapprochent des réseaux. D'autres parce qu'ils veulent revoir leurs anciens collègues de promotion ou souhaitent donner un coup de main à l'association. Mais on ne peut pas dire qu'il y a un véritable esprit de corps à l'EPF. On a encore une culture du réseau à développer. Peut être parce que les premières femmes issues de l'école étaient des pionnières, elles se sont battues pour y arriver et cela peut être au détriment de l'esprit de groupe...Mais on essaie de promouvoir des rencontres pour que les gens se retrouvent. Cette année, nous allons pour la première fois lors de la remise des diplômes de l'année 2004, inviter les promotions 1994, 1984, 1974, 1964 et même 1954. Ce sera l'occasion de refaire visiter l'école aux plus anciens. Rappelons que l'annuaire contient des coordonnées de diplômées de 1927 !

Quel a été votre parcours avant de prendre des responsabilités à l'AEPF ?

J'ai fait l'EPF en 1990 et j'ai fini ma dernière année d'étude aux Etats-Unis. J'ai intégré l'association en revenant en France en 1991-1992. Je souhaitais participer au développement de l'association et la faire évoluer. Il y avait de nombreuses choses à faire, un site Internet notamment. Et je suis devenue présidente de l'association en 2000. Dans le même temps, j'ai commencé à travailler chez Dassault Aviation et je suis actuellement chef de service chez Thalès Systèmes Aéroportés.

A quand remonte la création de l'AEPF et comment fonctionne-t-elle ?
L'association des anciens élèves de l'EPF existe depuis 1938. Elle a un long passé historique derrière elle que nous tentons de réunir aujourd'hui. Un livre sur l'historique de l'école et de l'association devrait être édité au début de l'année prochaine. L'association est composée de bénévoles, seule une secrétaire à mi-temps est salariée. Nous sommes constitués d'un bureau (présidente, vice-présidente, trésorière, secrétaire) et d'un conseil d'administration. Ce dernier se réunit tous les mois pour traiter de différents thèmes concernant l'association en commissions (informatique, annuaire, communication ou relation avec les anciens élèves). Nous avons également une assemblée générale une fois par an où de nombreux anciens élèves nous rejoignent pour l'occasion.

Combien d'adhérents compte l'association ?
L'association compte environ 800 cotisants ce qui fait un peu plus de 10% des anciens diplômés. Le prix de l'adhésion pour l'année est de 66 euros avec des réductions pour les diplômés durant les deux premières années après l'obtention de leur diplôme, pour les demandeurs d'emplois, les "sans activité professionnelle" et les retraités.

Quel sont les services que vous offrez à vos adhérents ?
Il y a d'abord l'envoi de l'annuaire des anciens élèves une fois par an en version papier. Nous diffusons également une lettre d'information, l'AEPFlash quatre fois par an à nos adhérents et une fois par an à tous les anciens élèves (nous avons plus de 7000 diplômés !). Elle recense les dates des salons, colloques ou les informations utiles aux anciens. Les adhérents peuvent aussi s'inscrire s'ils veulent recevoir régulièrement des offres d'emploi et nous mettons également à leur disposition une assurance responsabilité professionnelle. Celle-ci a été négociée avec la GMF via le groupe des 20 (regroupement d'une vingtaine d'écoles d'ingénieurs de même catégorie) et le CNISF (Conseil National des Ingénieurs et des Scientifiques de France). Sur notre site Internet, nous mettons aussi à disposition diverses informations émanant d'organismes, notamment du CNISF. A l'avenir, nous devrions mettre en place un forum à l'attention des anciens élèves.

Pourquoi ne mettez-vous pas votre annuaire en ligne ?
Simplement pour des raisons de protections des données personnelles que nous ne souhaitons pas exposer sur Internet…Des écoles ont connu des problèmes de recopies et de revente d'annuaires, ce que nous souhaitons bien sûr éviter ! Mais nous devrions bientôt mettre en ligne les noms et les promotions des anciens diplômés de l'EPF…moyennant demande préalable aux intéressés.

Le principal point fort à l'EPF, c'est son développement à l'international"

Qu'est-ce qui vous a le plus marqué dans votre séjour à l'EPF ?
Le principal point fort à l'EPF, c'est son développement à l'international, notamment les bi-diplômes. En 1990, nous pouvions faire notre dernière année d'étude à l'étranger et obtenir ainsi en plus du titre d'ingénieur de l'EPF un diplôme équivalent dans un autre pays. J'ai donc passé un Master Aéronautique et Astronautique aux Etats-Unis avec l'objectif de faire un doctorat par la suite. J'ai réussi l'examen au Ph-D (aux Etats-Unis il faut passer un examen pour pouvoir prétendre à faire un doctorat !) mais je n'ai pas voulu reprendre des études compte tenu de l'intérêt professionnel que je connaissais : travailler sur le Rafale, faire des campagnes sur Porte-Avions....

Comment en êtes-vous venu à partir aux Etats-Unis ?
Chaque année à l'EPF nous avions un parrain et une marraine de promotion. La marraine de l'année juste avant la mienne était la vice présidente de Boeing. Nous avons discuté lors d'une rencontre organisée par l'EPF, notamment de ma passion pour l'aéronautique. Je voulais faire un stage…elle m'a pré-inscrite à l'Université de Washington à Seattle, capitale de Boeing. Je souhaitais revenir au bout de 6 mois et finalement j'y suis restée 2 ans.

Comment s'est passé votre année sur place ?
En fait, j'ai eu de la chance car j'avais fait mon stage en France chez Dassault Aviation et suite à ma demande, ils ont accepté de participer au paiement de mes études aux Etats-Unis contre une embauche chez eux par la suite pour une durée de 3 ans. Ce n'était pas obligatoire, c'était un contrat tacite et je m'y suis plu puisque j'y suis même restée 8 ans ! J'ai également pu bénéficier aux Etats-Unis d'une bourse d'étude. Je ne regrette pas d'être partie. Le campus aux Etats-Unis réunissait près de 40 000 étudiants. Cela donnait une autre vision de la vie étudiante en dehors des cours. L'expérience a été très enrichissante, j'ai appris à être autonome et j'y ai rencontré beaucoup de personne de diverses nationalités. J'ai gardé de nombreux contacts.

Comment se passait le suivi avec l'EPF ?
Aux Etats-Unis, l'EPF m'envoyait les cours en français via courrier et j'avais un suivi téléphonique avec un responsable à l'EPF qui est même venu sur place. J'étais dans les premières promotions qui partaient puisque les échanges n'ont dû se mettre en place que 2 ou 3 ans avant…les choses ont du évoluer depuis. On m'avait donné la liste des cours à suivre aux Etats-Unis qui correspondaient au programme français et j'y passais mes examens.

Pourquoi avoir choisi l'EPF en premier lieu ?
Je ne souhaitais pas faire de la chimie et la plupart des écoles d'ingénieurs en proposaient et puis j'étais passionnée par l'aéronautique qui était une des options à l'EPF. De plus c'était une prépa intégrée….

En 1990, il n'y avait que des filles, environ 160 par promotion"

Et quels souvenirs avez-vous gardés de l'enseignement ?
Je garde des bons souvenirs des enseignements de l'EPF. Les deux premières années ont été les plus dures car le niveau était celui d'un prépa math sup, math spé, les cours demandaient une plus grande assiduité. Mais j'ai pu également m'investir dans les " juniors entreprises " au sein de l'école. Des entreprises passaient des contrats avec la Junior Entreprise sur lesquels nous pouvions travailler. C'est ainsi que j'ai pu travailler comme chef de projet pour Onera sur le programme Concorde (le projet était l'étude du BANG pour le développement d'activité du Concorde). En plus du stage, ces contrats nous permettaient d'avoir une vision du milieu et du fonctionnement des entreprises. Je suis devenue présidente de cette association où je m'assurais de la gestion des contrats, de leur validité…Les entreprises nous prenaient au sérieux, ce qui était très enrichissant. Le travail s'effectuait en dehors des cours, le soir ou le midi. L'EPF encourageait ces activités, des points de bonus étaient même accordés à ceux qui s'y investissaient. Les cours qui m'ont sinon le plus marqué sont ceux en aéronautique bien sur puisque c'est ce que je désirais faire, il n'y avait que les meilleurs élèves qui pouvaient choisir cette option. J'ai beaucoup aimé ces cours qui étaient donné par un ancien pilote de l'armée de l'air qui devait motiver toute une salle de filles !

Il n'y avait que des filles ?
L'EPF n'est devenu mixte qu'il y a 10 ans. En 1990, il n'y avait que des filles, environ 160 par promotion. Il y avait tout de même quelques garçons qui venaient des échanges internationaux entre établissements.

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Que pensez-vous de la place des femmes dans les métiers d'ingénierie ?
Pour les femmes c'est toujours difficile et on rencontre toutes les mêmes problèmes. Je suis responsable d'une équipe de 17 personnes où il n'y a quasiment que des hommes. Mais avec la loi qui obligent les entreprises à faire des statistiques sur l'égalité salariale, les choses devraient évoluer. Les gens se rendent compte que les femmes peuvent apporter une richesse dont les entreprises se privaient, elles peuvent apporter une diversité dans des milieux essentiellement composés d'hommes. Chez Thalès, on m'a proposé tout de suite une place de chef de service. Et les femmes qui reviennent de congé de maternité ont le droit aux mêmes augmentations que le reste des salariés du même niveau. Les gens travaillent plus à la mission dorénavant, ils ne sont plus rémunérés au nombre d'heures qu'ils font comme il y a 15-20 ans, ça laisse plus de liberté pour les horaires et pour des emplois du temps au 4/5e. Mais il y a sans doute des différences entre les grandes entreprises et les plus petites sociétés.

 
Propos recueillis par Laëtitia BARDOUL, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Bénédicte Bonomi, 37 ans, présidente de l'AEPF

EXPERIENCE
Depuis 1998 Chef du service Calculs et Essais Mécaniques et Thermiques
THALES SYSTEMES AEROPORTES
De 1991 à 1998 Ingénieur Calcul Structures et Vibrations
DASSAULT AVIATION

FORMATION
1991 : Master Aéronautique et Astronautique
University of Washington, Seattle, Washington, USA
1990: Ecole Polytechnique Féminine

   
 
 
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