JDN. Quelle est aujourd'hui la place des femmes à l'EPF depuis l'avènement de la mixité (NDLR : depuis 1994) ?
Alain Jeneveau. Les femmes représentent 33% des étudiants à l'EPF. 33% c'est déjà quasiment le double du pourcentage des femmes dans les autres écoles d'ingénieurs qui se situe plus généralement autour de 15%.
Nous avons également mis en place un institut international des femmes ingénieurs (IIWE). Il organise des séminaires d'été où se recontrent des femmes ingénieurs de tous pays et des forums de recrutement.
Que pensez-vous de la place des femmes dans l'ingénierie en France ?
Statistiquement, il existe peu de différence de salaire entre les filles et les garçons pour une formation à Bac+5, par contre en terme de carrière, on retrouve une plus grande disparité. Dans l'évolution de carrière on retrouve trois stades, le départ, le plateau et une phase de rebond où la carrière de la personne peut connaitre une seconde reprise. Les femmes ont un même début de carrière par rapport aux hommes, par contre arrivées au plateau, périodes où elles ont des enfants, elles ont plus de mal à rebondir, c'est ce qu'on appelle le plafond de verre...
Quel est le pourcentage d'étudiants répartis dans les deux spécialisations Génie Industriel et Sciences de l'Information?
On constate un déséquilibre entre les deux dominantes. Jusqu'à il y a trois ans, la répartition était assez équilibrée. Depuis on retrouve environ un tiers des étudiants en Systèmes d'Information et les deux tiers restants en Génie Industriel. En fait depuis l'explosion de la bulle Internet, les parents d'élèves privilégient les sciences plus traditionnelles de l'ingénierie aux télécoms ou à l'informatique. En ce moment, nous montons, en partenariat avec la Conférence des Grandes Ecoles et le Syntec, des programmes pour revaloriser les métiers de l'informatique.
|
|
Les étudiants sont plus intéressés par le continent américain que par l'europe" |
|
L'EPF propose des formations internationales bi-diplômantes...
Oui, et les étudiants sont d'ailleurs plus souvent intéressés par le continent américain que par l'europe. Et nous avons également 28% d'étudiants étrangers qui viennent à l'EPF dont 18% d'étudiants américains, 6% de canadiens et 4% d'autres pays.
L'EPF met en place aussi un enseignement en anglais pour les huit spécialisations de fin d'études. Elles sont donc accessibles soit en français, soit en anglais. Pour le moment deux spécialités sont déjà proposées en anglais, l'ingénierie industrielle et logistique et l'ingénierie d'affaires et de projets. Elles correspondent aux principales demandes des étudiants étrangers.
D'ici à 3 ans, toutes les spécialisations devraient être toutes proposées en anglais.
Avez-vous des partenariats avec d'autres écoles ou des entreprises ?
Jusqu'à une époque récente, les partenariats avec les écoles françaises étaient peu développées car nous privilégions alors les développements de partenariats avec l'international. Aujourd'hui il y a environ une dizaine de partenariats mis en place notamment avec Télécom INT, l'Estaca ou l'Esia
Beaucoup d'établissements ont tendance à regrouper leurs forces pour aller plus loin dans les équipements et les offres d'enseignements.
Avec les entreprises, les partenariats sont de plusieurs sortes : stage, emploi, formation continue (nous formons les salariés des entreprises), interventions de professionnels dans les enseignements de l'école (ils représentent la moitié des enseignants), taxe d'apprentissage
On assiste à une globalisation des partenariats.
Quels sont vos effectifs ? Avez-vous observé des variations récemment ?
Les effectifs de l'EPF restent globalement stables, en période florissante ils progressent de 10% et diminuent de 10% en période moins favorable. A l'entrée en première année nous recevons 1200 candidatures pour 200 places. Pour l'entrée dans les autres années, environ une trentaine de places sont disponibles tous les ans pour 110 candidats.
Pour finir, quels sont selon vous les atouts de vos diplômés ?
A l'EPF, on va tenter de personnaliser les cours et les parcours des individus. Ainsi deux élèves peuvent n'avoir jamais suivi les mêmes cours.
Avec la rédaction d'un projet personnel en 2e année, les étudiants apprennent également à mesurer les problèmes de gestion de projet (logistique, budget
) et peuvent développer leur esprit d'initiative.
En résumé, nos étudiants ont un aperçu de nombreuses disciplines et ont une mobilité intellectuelle importante liée à notre formation généraliste. Ils ont une faculté d'adaptation et une grande capacité de travail. |