INTERVIEW 
 
José Alabarce
Analyste Programmeur
La caisse Desjardins
José Alabarce
"Au Québec, au lieu de chercher un coupable, on cherche des solutions"
Après presque dix ans passés au Québec, une expérience du travail salarié et en indépendant, José Alabarce a acquis la double nationalité. Il dresse un bilan comparé France / Québec.
10/09//2004
 
Sommaire du dossier
Emploi Center. Comment avez-vous choisi le Québec ? Quelles formalités avez-vous remplies ?
José Alabarde. Je n'avais pas précisément l'idée d'aller au Québec, je pensais même plutôt aller en Australie. Au départ, je souhaitais juste prendre une année sabbatique. J'avais fait des études de biologie végétale puis un DEA en informatique appliqué à la chimie. J'ai commencé à travailler en France chez Sema Group pendant cinq ans. Mais je n'arrivais pas vraiment à évoluer. En France, il y a trop de problèmes de pédigrés, il faut sortir de telle école ou avoir tel diplôme pour pouvoir accéder à certains postes. J'ai donc voulu prendre une année pour souffler un peu et un ami m'a parlé du Canada. Je suis passé par un organisme spécialisé et j'ai rempli un dossier.
Les démarches m'ont pris environ huit mois et m'ont coûté environ 2 800 francs. Mais c'était il y a presque dix ans et je sais que les frais, dès l'année suivante, ont monté jusqu'à 10 000 francs. Au delà, si je me souviens bien, je devais simplement justifier de pouvoir subvenir à mes besoins sur place, de ne pas être dépendant, et d'avoir un certain niveau de diplôme ou d'expérience.

Comment s'est passée l'arrivée sur place ?
Les services d'immigration nous ont fait suivre une semaine d'information. On nous expliquait les conditions de vie sur place, quelles étaient les démarches administratives…Cela nous permettait surtout de rencontrer d'autres personnes dans la même situation, notamment des français. Plusieurs d'entre eux sont d'ailleurs devenus par la suite des amis proches. Il est vrai que même si, durant ces réunions, se côtoyaient beaucoup de nationalités, on a tendance à se tourner vers des personnes qui viennent du même pays. On ne réalise pas toujours ce que cela représente mais quand je suis arrivé sur place, je n'avais qu'un contact téléphonique, quelqu'un que j'avais brièvement rencontré auparavant en France.

Et votre recherche d'emploi ? Avez-vous trouvé facilement ?
En 1995, c'était la bonne période pour trouver du travail. Je m'étais inscrit à un club emploi où pendant une semaine on nous briefait sur la manière de réaliser un CV, comment passer et réussir les entretiens, où chercher un emploi… Mais je n'en ai même pas eu besoin puisque j'ai trouvé un travail en moins d'un mois : je suis devenu permanent dans une société de conseil en informatique puis cinq mois plus tard, je me suis mis à mon compte. Il y avait beaucoup de travail et il n'était pas difficile de trouver des clients. Ça a duré jusqu'en 2000, après il y a eu un frein et je me suis retrouvé en intercontrat. A ce moment là, on m'a proposé une mission en France et j'y suis retourné pendant deux ans de juin 2001 à 2003. Je suis revenu fin juin 2003 au Québec et j'ai retrouvé rapidement un travail d'analyste programmeur dans le secteur bancaire au sein d'une société que je connaissais déjà pour y avoir travaillé en mission.

Ici, les relations de travail sont beaucoup plus décontractées"

Quelles sont les conditions de travail au Québec ? Quelles différences avec la France ?
Ici, la hiérarchie est bien moins présente qu'en France, les relations de travail sont beaucoup plus décontractées. Et même si les salaires sont plus bas, les loyers sont également moins chers et on y gagne en qualité de vie. Les horaires de travail sont aussi beaucoup plus souples, j'ai assisté à la mise en place des 35 heures en France à partir du Québec mais ici c'est quelque chose qui existait déjà. En France, la plupart du temps je finissais au minimum vers 18h30, 19h et les heures supplémentaires n'étaient pas payées. Ici dès 16h, 17h il n'y a plus personne. En général je fais du 9h30 - 17h30 et personne ne fais jamais de commentaire sur les horaires. On n'est pas jugé ici sur ce genre de choses mais seulement sur la qualité de son travail. Ce sont des petites choses, mais je les apprécie particulièrement. En France lorsqu'il y a des problèmes, on va chercher un coupable, ici on cherche plutôt des solutions. Les Québécois sont très professionnels dans le travail informatique. De plus, si le diplôme donne des avantages au début, c'est le travail qui fait la différence. Cela favorise plus les initiatives.

Est-ce que le pays ressemble à ce que imaginiez ?
Je n'avais pas particulièrement d'a priori sur le pays. Je savais que c'était un pays froid mais je n'avais pas imaginé que les étés seraient aussi chauds. Et puis ce n'est pas tant le froid qui est gênant mais la longueur de l'hiver. Au départ il est possible de faire des sports de neige mais quand ça commence à dégeler, vers février, il n'est plus possible de faire quoi que ce soit. C'est un pays où on se sent également plus en sécurité qu'en France, il est possible de rentrer tard le soir dans la ville sans même songer qu'il puisse y avoir un problème.

Sommaire du dossier

Le premier rapport avec les habitants est beaucoup plus chaleureux qu'avec les Français, le contact est plus facile mais pour construire une véritable amitié, c'est beaucoup plus difficile. C'est sans doute ce qui surprend le plus. Les Québécois sont sans doute plus indépendants et avec une mentalité plus anglo-saxonne.

 
Propos recueillis par Laëtitia BARDOUL, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Jose A. Alabarce Bustos, Analyste Programmeur - La caisse Desjardins

FORMATION
1990 - Diplôme d'étude approfondies (DEA) en Informatique-Chimie. Université Paris VII
1987 - Diplôme d'étude supérieures spécialisées en Productivité Végétale. Université Paris VII

   
 
 
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