 |
|
| |
 |
Ghislaine Pech
Chef de projet ergonome
ANPE |
|
Ghislaine
Pech
"Le plus important, c'est d'être bien entouré"
Pour Ghislaine Pech, l'ergonome doit comprendre comment les utilisateurs s'approprient un service, quel que soit le média évalué.
19/05/2005 |
| |
|
|
JDN Solutions. Que diriez-vous aux jeunes diplômés qui se spécialisent dans l'ergonomie Web ?
Ghislaine Pech. Je leur conseille tout d'abord de se familiariser avec les processus de conception en vigueur dans l'entreprise, de repérer qui sont les décideurs et d'identifier clairement les attentes du projet par rapport à leur intervention. Dans ce métier, ce que l'on ne nous apprend pas toujours, c'est qu'il est important d'avoir des qualités de négociation, ainsi qu'une bonne connaissance des bonnes pratiques de l'Internet, y compris chez les concurrents. Des compétences techniques peuvent aider, mais elles ne sont pas indispensables. Le plus important, c'est d'être bien entouré : avoir des développeurs qui vous conseillent et des directeurs artistiques qui connaissent bien le Web. On ne peut pas être compétents dans tous les domaines ! S'il s'agit d'une réorientation professionnelle, une formation en ergonomie est indispensable.
Quelle est la particularité du Web ergonome ?
Historiquement l'ergonomie s'est construite sur la question de l'amélioration des conditions de travail. On doit en passer par une analyse des besoins, du contexte d'usage, des caractéristiques des utilisateurs, etc. Il est aussi important de toujours identifier les leviers sur lesquels on pourra s'appuyer au sein du projet, poser les conditions de notre intervention. Notre métier d'ergonome s'exerce sur des problématiques diverses : les conditions de travail autour d'une chaîne de montage, la conception d'un outil spécifique pour le Web, la téléphonie... L'environnement technique, organisationnel, les caractéristiques des opérateurs peuvent être différentes, mais notre boite à outils reste la même : l'analyse de l'activité, la simulation, et l'aide à la décision.
Alors qu'est-ce qu'un ergonome ?
L'ergonome est capable de comprendre les processus cognitifs d'une activité donnée : par exemple de définir les informations qui sont pertinentes pour une personne et dans quel ordre elle les traite. En général, on fait des observations, filmées ou non, des simulations à partir de prototypes, des entretiens afin de mieux comprendre la nature des difficultés rencontrées par l'utilisateur. Le rôle de l'ergonome, quel que soit le média évalué, est de comprendre comment les utilisateurs s'approprient un service.
|
|
 Dans ce métier, il est important d'avoir des qualités de négociation" |
|
Comment êtes-vous arrivé à l'ergonomie Web à travers votre parcours professionnel ?
Mon 1er emploi était chez Cegetel, pendant 2 ans et demi. Je travaillai sur les kits de connexions Internet pour en améliorer l'ergonomie. L'objectif était de faciliter l'installation par les particuliers, ne disposant pas de compétence technique particulière.
Pour cette 1ère expérience, quelle méthode d'analyse avez-vous utilisé ?
J'ai filmé les utilisateurs chez eux, pendant qu'ils installaient leur kit de connexion. Ensuite, j'ai réalisé une analyse quantitative et qualitative : j'ai mesuré le temps d'installation, le taux d'erreurs, la nature des erreurs, etc. et j'ai décrit leurs comportements, leurs difficultés. Et pour finir, j'ai proposé des solutions pour améliorer le processus d'installation. Comme la technique avait souvent le dernier mot on a senti la nécessité d'élaborer un petit manuel explicatif intégrant des copies d'écrans.
Ensuite, vous avez travaillé dans un cabinet d'ergonome, mais vous n'êtes pas restée longtemps. Vous cherchiez plutôt à travailler en interne. Pourquoi cette préférence ?
L'intérêt de travailler en interne, c'est de suivre l'évolution du produit, depuis son démarrage jusqu'à sa mise en ligne et son utilisation courante. C'est d'acquérir plus facilement un retour d'expérience. Quand je démarre un nouveau projet j'essaie d'évaluer son niveau d'exemplarité dans l'objectif d'alimenter une sorte de bibliothèque de situations d'interventions caractéristiques. En entrant à l'ANPE j'ai trouvé un terrain d'intervention particulière propice.
|
|
L'intérêt de travailler en interne, c'est de suivre l'évolution du produit" |
|
En quoi consiste votre activité à l'ANPE ?
J'ai plusieurs types d'activités en parallèle. D'abord j'ai un rôle purement commercial. Je vais à la rencontre des projets pour mieux connaître leur besoin et leur montrer quel peut être l'apport de l'ergonomie. Ensuite je fais beaucoup d'analyses de demandes dans l'objectif de proposer à mes clients internes l'intervention la mieux adaptée. Enfin, je fais de l'assistance en ergonomie au sein de divers projets. Là j'agis comme un véritable consultant interne.
De quelle façon intervenez-vous dans la phase de spécifications ?
L'équipe de conception et moi-même, nous nous mettons d'accord sur les conditions d'interventions et les livrables à fournir. Ensuite il s'agit d'un délicat exercice de style qui consiste à mettre en musique les besoins exprimés par la maîtrise d'ouvrage. Nous utilisons des supports de modélisation très simples permettant de d'obtenir des validations à plusieurs niveaux : utilisateurs finaux, maîtrise d'ouvrage et maîtrise d'uvre. L'objectif est de pouvoir simuler au plus tôt afin de faciliter le processus de maturation du besoin.
Pouvez-vous donner un exemple de recommandations que vous donnez à l'équipe de conception ?
Prenons l'exemple de l'utilisation du code métier ROME. Il s'agit d'une classification des métiers élaborée par l'ANPE pour l'ANPE. Je suis là pour indiquer au groupe projet que ce code, si adapté soit-il, n'est pas le critère que l'internaute utilisera intuitivement et qu'il est préférable d'ajouter d'autres moyens de recherches d'offres d'emploi.
Et tout au long du process, vous faites des tests utilisateurs ?
Oui, je fais des itérations entre l'utilisateur et l'équipe de conception. Très en amont et grâce à des maquettes papier, je teste les aspects surfaciques tels que le vocabulaire et la présentation des informations. Au fur et à mesure de l'avancée du projet, les spécifications s'affinent, on passe en phase de maquettage qui permet des tests plus élaborés. L'objectif est d'identifier au plus tôt les erreurs de conception afin que les réajustements soient les moins coûteux possibles. Il est aussi important pour moi de pouvoir faire le lien tout au long du projet avec les utilisateurs, que de faciliter les échanges entre maîtrise d'uvre et maîtrise d'ouvrage. Cela permet de contourner les habituels malentendus et d'apporter une meilleure communication entre l'équipe de conception et l'équipe de production. |
| |
Propos recueillis par Laëtitia LE TAC, JDN Solutions |
|
|
PARCOURS
|
|
|
| |
Ghislaine Pech, chef de projet en ergonomie, assistance à maîtrise d'ouvrage et maîtrise d'oeuvre au sein de la Direction des Systèmes d'Information de L'ANPE.
PARCOURS :
Depuis février 2000 : Chef de projet en ergonomie à l'ANPE
1999 : Consultante en ergonomie chez Altior
1997-1999 : Chargée d'études en ergonomie chez Cegetel et consultante en ergonomie chez Emergence, Artis-Facta et Ardese
FORMATION :
2000 - 200 : formation continue- Gestion de projet et planification
1991- 1996 :
DEA d'ergonomie ; DESS "Sciences Cognitives et Interactions Hommes - Machines" ; Maîtrise de Psychologie Cognitive ; Diplôme Universitaire "Sciences Cognitives pour l'Ingénierie de la Connaissance" : informatique, linguistique et psychologie
Et aussi : membre de la SELF (Société en Ergonomie de Langue Française)
|
|
|
|
|
|
|
Web-ergonome
Dernières offres
Candidat