Accès à l'information sur Internet : la révolution du moteur de recherche humaine ?

Pour rechercher un contenu intéressant sur Internet les moteurs de recherche, les réseaux sociaux ou les favoris enregistrés dans un navigateur, constituent les voies historiques d'accès à l'information. Et si Openoox, lancé en juin 2014 par deux Français, réinventait le moteur de recherche avec une composante humaine ?

Aujourd'hui, trois grands types de solutions permettent à un internaute d'accéder à un contenu pertinent et chacune, malgré d'indéniables avantages, présente aussi ses propres limites. Openoox, nouvelle page de démarrage interactive, se présente aussi comme un véritable moteur de recherche humain. Mais peut-il réellement ouvrir la voie à une nouvelle révolution des modes de navigation ? Profitons de son lancement pour faire le point sur les moyens mis à la disposition des internautes pour atteindre les contenus qu'ils les intéressent, et interrogeons-nous sur les promesses et les limites de cette approche nouvelle.

Des canaux de circulation éprouvés, dans tous les sens du terme

Les moteurs de recherche connaissent une désaffection de la part des internautes depuis plusieurs années. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : si en France en 2012, la moitié des visites d'un site était issue d'un moteur de recherche, elles ne représentent en moyenne en juin 2014 plus que 29 % du trafic. Ce recul flagrant ne s'explique pas seulement par la montée en puissance des réseaux sociaux. Les moteurs de recherche, confrontés à une croissance exponentielle des contenus à indexer et aux actions de référenceurs peu scrupuleux, peinent à proposer des pages pertinentes dans les premiers résultats de leurs SERPs.
Les réseaux sociaux se sont imposés comme une solide alternative aux moteurs de recherche pour l'accès à l'information, avec comme gages de qualité les notions de recommandation et de partage.
Les publications de nos contacts, avec qui nous possédons forcément des intérêts communs, constituent autant de pistes pour découvrir des contenus qui nous correspondent. Mais les réseaux sociaux possèdent leurs propres limites. Ils affichent un flux continu de publications, et il s'avère souvent compliqué d'atteindre à nouveau un contenu partagé par le passé. Avez-vous déjà essayé de retrouver un lien partagé sur Facebook ou sur Twitter quelques semaines ou plusieurs mois auparavant ?
Un réseau social permet plus l'accès à l'actualité et aux tendances conjoncturelles qu'une mise à disposition permanente de contenus thématiques dont la qualité s'inscrit dans la durée.
Certains internautes décident plutôt de se focaliser sur une sélection de sites dont ils apprécient le contenu et s'en tiennent à celle-ci. Des portails comme ceux d'Orange ou de Free, des sites d'informations comme Journaldunet.com remplissent ce rôle et sont enregistrés par les utilisateurs dans les favoris de leurs navigateurs préférés. Mais comment, dans ce cas, découvrir régulièrement de nouveaux sites et renouveler ses canaux d'information ? Et la gestion des favoris se révèle parfois peu ergonomique, surtout lorsqu'on comptabilise des dizaines, voire des centaines de références...

Près de dix ans après la révolution des réseaux sociaux, il apparaît opportun de créer un nouveau centre de gravité à même de capter l'information en ligne et de la redistribuer. Openoox peut-il réellement s'imposer en pionnier pour offrir une alternative nouvelle aux schémas de navigation traditionnels ?

Le moteur de recherche humain : de la data, du collaboratif, de la sérendipité

Pour comprendre le concept de moteur de recherche humain tel que développé par Openoox, nous devons considérer les deux ingrédients qui le composent : la dimension collaborative, avec l'implication d'une communauté d'internautes la plus large possible, et le big data, capable de traiter une somme d'informations colossale.
Faire appel aux internautes pour juger de la pertinence d'un contenu n'est pas nouveau : après tout, Google a bouleversé en 1998 l'écosystème des moteurs de recherche en intégrant pour la première fois la notion de popularité afin de juger, parmi différentes pages, des plus pertinentes : en comptabilisant les liens hypertextes vers une page, Google a mis à contribution la communauté des webmasters et des internautes. Les réseaux sociaux, eux, ont encore poussé plus loin le concept: leurs utilisateurs deviennent tout autant créateurs que prescripteurs de contenus. 
L'originalité d'un site comme Openoox réside dans sa volonté de synthèse pour ouvrir une quatrième voie, en voulant à la fois offrir à l'utilisateur un accès facilité à ses favoris, en lui faisant bénéficier des partages de ses contacts et en l'autorisant à effectuer des recherches dont les résultats dépendent directement de son propre écosystème social en ligne.
S'affirmant comme la nouvelle page de démarrage, Openoox permet à chaque utilisateur d'organiser facilement ses sites préférés via une arborescence thématique, mais aussi de les partager facilement avec ses contacts ou d'autres utilisateurs aux intérêts similaires. Comme tout bon réseau social qui se respecte, Openoox permet de développer son propre réseau de prescripteurs de contenus, mais aussi de bénéficier du retour d'expérience de toute la communauté grâce au big data. En fonction de son profil, des habitudes de ses contacts et d'autres utilisateurs qui affichent des goûts semblables, un internaute se verra suggérer de nouveaux contenus : s'il s'en voit proposer régulièrement, il peut aussi soumettre un site afin d'en découvrir d'autres qui lui ressemblent : cette action se pose en alternative à une requête sur un moteur comme Bing ou Google.
Openoox ouvre donc la voie au moteur de recherche humain. Contrairement à un moteur de recherche classique un utilisateur ne requête pas forcément une expression-clé mais soumet un site pour s'en voir proposer des similaires : les mots deviennent obsolètes, ce qui constitue une véritable nouveauté par rapport à des moteurs comme Google ou Bing. Par ailleurs, contrairement à un moteur de recherche traditionnel qui ne s'intéresse qu'à l'historique de l'utilisateur sans mettre à profit la communauté, Openoox propose à chaque utilisateur des résultats personnalisés en s'appuyant sur les choix et les comportements de toute la communauté. Et il s'agit là, bel et bien, d'une véritable (r)évolution.

Mais pour Openoox rien n'est gagné d'avance. En qualité de pionner, il se voit attribuer la dure tâche de "paver le sentier des vaches". Son succès reposera sur sa capacité à fédérer une communauté active qui l'alimentera en données, mais aussi sur les qualités de ses applications mobiles en cours de développement. Et pour réussir la transition vers un moteur de recherche humaine, Openoox devra à n'en pas douter être capable d'intégrer une dimension de géolocalisation pour répondre aux attentes d'internautes nomades, connectés chez eux mais aussi dans la rue, à la terrasse d'un café...
Openoox gagnerait aussi à proposer à terme une distinction des Oox en fonction de la pérennité des informations proposées : en distinguant par exemple une page d'accueil ou un dossier de fond, contenus qui ne deviendront pas obsolètes, d'un article en page profonde que l'on tient à partager un temps car il s'inscrit dans l'actualité. Si les attentes suscitées par un tel outil sont importantes, l'internaute au final seul jugera de sa pertinence en l'adoptant ou en s'en désintéressant, préférant rester fidèle à ses modes de navigation habituels.
Et vous ? Continuerez-vous à entrer des mots-clés sur un moteur de recherche, à  vous laisser porter par le vent des partages et publications des médias sociaux, à demeurer fidèles à vos favoris, ou vous laisserez-vous séduire par les solutions alternatives auxquelles Openoox ouvre la voie ?