Les comptables n’ont plus peur d’être remplacés par des machines

L’avènement de la technologie de l’information s’est traduit par une mutation de l’ensemble des métiers du secteur tertiaire.

Si cette démarche n’est pas nouvelle, elle connait depuis quelques années une nouvelle phase liée à l’adoption des technologies d’automatisation de processus métiers et il est désormais nécessaire de redessiner les contours de nombreux métiers.
L’automatisation représente un challenge du point de vue de la gestion du changement et de la maîtrise de son impact sur les organisations et les métiers, mais aussi une opportunité pour redynamiser certains métiers en perte de vitesse depuis quelques années. La demande globale pour les profils permettant l’accompagnement de l’adoption de ces technologies est très forte, et l’offre de formations est insuffisante pour faire face à la demande dans certains de ces nouveaux métiers.

Certains métiers qui avaient fortement perdu de leur attractivité depuis quelques années peuvent profiter de cette opportunité pour se réinventer, transformer la manière dont ils sont pratiqués et ainsi attirer des nouveaux talents. C’est par exemple le cas des métiers de la comptabilité qui font face à une pénurie de candidats. Les nouvelles générations se détournent de cette activité souvent décrite comme austère et rigoureuse. Malgré une demande forte, ces métiers génèrent de moins en moins de vocations chez les jeunes, et notamment les millenials, pour qui vie active doit impérativement rythmer avec épanouissement personnel.
De fait, les comptables eux-mêmes admettent composer dans leur quotidiens avec une large part de tâches chronophages à faible valeur ajoutée, à l'intérêt intellectuel limité, souvent rébarbatives. Interrogés sur la pénibilité de leur activité, les professionnels du secteur pointent notamment du doigt les tâches répétitives telles que la saisie manuelle, les lettrages de comptes, les pointages entre systèmes ou encore les réconciliations entre sociétés, les accusant de grever l'intérêt général de leur profession. A un tel point que d’après une étude menée par Sage début 2017, plutôt à l’encontre de la tendance générale, 86% des comptables se déclarent heureux que la technologie vienne automatiser certains éléments administratifs de leur activité et que la robotisation soit susceptible de les remplacer partiellement. 
Les avancées dans l’automatisation des processus métiers a été rendue possible par l’adoption par les opérationnels et par les DSI des outils de RPA (Robotic Process Automation). Ces logiciels permettent d’exécuter des processus en utilisant les mêmes étapes, en suivant les mêmes règles business et en accédant aux mêmes applications et systèmes qu'un employé humain le ferait.

De nombreux processus métier effectués manuellement aujourd'hui peuvent facilement être automatisés à l’aide de bots RPA. Le logiciel a pour objectif de reproduire l’ensemble des tâches réalisées par un employé dans l’exécution d’un processus simple : ouverture d’un logiciel, saisie d’information dans des champs données, lancement d’une requête sur un ERP, export de données… Il est ainsi possible de facilement automatiser le traitement d’une facture ou les travaux de réconciliation entre facture et paiement à émettre. 
Les solutions de RPA sont là pour rester. Le Credit Suisse a ainsi dévoilé fin 2017 investir beaucoup dans l’automatisation de ses processus à l’aide de robots logiciels. Elle compte disposer de 350 à 400 robots actifs d’ici fin 2019.

D’après notre étude de 2018 consacrée à la RPA, d’ici 2020, 92% des entreprises auront déployé l'automatisation robotique des processus (RPA) pour rationaliser leurs processus métiers. Les entreprises déclarent d’ailleurs avoir augmenté de 9% les budgets alloués au RPA en 2017.

L’étude révèle par ailleurs qu’une stratégie RPA (Robotic Process Automation) permet aux entreprises d’exécuter les processus métier cinq à dix fois plus rapidement, avec 37% moins de ressources en moyenne. Mais si la réduction des coûts et les gains de productivité demeurent les principales raisons de l'adoption du RPA, l'amélioration de la qualité, de la rapidité et de l'efficacité des relations avec les clients et les fonctions finances devient une priorité absolue pour les acheteurs de solutions d'automatisation en entreprise. L'importance croissante du RPA dans les organisations est confirmée par le fait que de nombreuses entreprises choisissent maintenant de nommer des responsables de l'automatisation - un rôle qui n'est apparu que dans les deux dernières années.

Comme pour la plupart des déploiements technologiques, la sécurité est une préoccupation majeure: 42 % des entreprises citent ce facteur comme un obstacle à l’adoption et à l'utilisation croissante du RPA. Cependant, cette préoccupation semble s'estomper à mesure que de nouveaux cas d’application apparaissent. La résistance au changement est le deuxième point de préoccupation mentionnée par 33% des entreprises interrogées. Viennent ensuite les soucis de gouvernance et de conformité (29%) et enfin le manque d’engagement de la direction (27%).

Il reste donc bien des défis à relever pour que le déploiement des solutions RPA entre dans une phase industrielle. Les projets sont encore très majoritairement de taille réduite et les entreprises sont dans une phase de structuration de leur stratégie d’automatisation. La perspective de pouvoir confier aux collaborateurs uniquement des tâches plus gratifiantes et à forte valeur ajoutée devrait aussi s’avérer être un moteur fort de l’adoption du RPA, particulièrement dans les métiers ou le recrutement est en perte de vitesse.

Le métier de comptable se réinvente et le RPA est un des moteurs de ce changement. L’effet de cette transformation sur les compétences requises doit être intégré au plan des ressources humaines afin de faire face à la demande croissante de ce type compétence, en gardant en ligne de mire que le départ en retraite de toute une génération risque de créer une forte demande en compétences.