Le modèle industriel redéfini par l’intelligence artificielle

Grâce à sa puissance médiatique, l’intelligence artificielle est désormais dans l’esprit de chaque français. Nombre d’entre eux se demandent quelle place l’IA prendra dans notre quotidien.

Mais encore très peu s’interrogent sur son potentiel dans le secteur industriel, secteur numéro un en termes d’emplois et de production en France. Il devient alors impératif de prouver que l’intelligence artificielle dans l’industrie n’est pas qu’une simple bonne idée, mais une évidence où il est urgent d’accélérer la cadence pour l’implanter dans l’ensemble de nos industries.

La 4ème révolution industrielle est en marche

Nous avons connu différentes périodes industrielles qui ont su se compléter et se développer au fil des siècles. L’apparition de l’industrie 1.0 entre la fin du XVIIIème et début du XIXème siècle était exclusivement centrée sur la production mécanique poussée par les machines hydraulique et à vapeur. L’industrie 2.0, quant à elle, permettait la production de masse basée sur la division du travail et poussée par l’énergie électrique. Dans la deuxième partie du XXème siècle, l’industrie 3.0 fait un bond en avant avec une production intensive entièrement automatisée par l’électronique et les technologies informatiques. Le concept d’industrie 4.0 commence à apparaître dans les années 2000, elle est basée sur la virtualisation et sur l’interconnexion d’objets industriels intelligents. Cette nouvelle industrie rend les activités de manufacturing plus agiles, moins redondantes et mieux adaptées aux besoins des clients. Cette dernière marque la fusion entre le physique et le numérique. Après le Fordisme et le Toyotisme nous entrons dans une nouvelle ère que l’on peut qualifier de Teslisme (en référence à Tesla et la mise sur le marché des premiers véhicules électriques et intelligents qui ont intéressé les masses). Les usines sont alors capables de se gérer quasiment toutes seules grâce à leur digitalisation et à l’essor des robots, capables de s’autogérer au sein d’une ligne de production.

L’IA, une aide précieuse pour l’industrie

L’intelligence artificielle (IA) bouleverse tous les secteurs mais surtout le secteur secondaire. Elle va continuer à affecter notre civilisation tout comme la première révolution industrielle qui a profondément changé l’humanité. En effet, les usines sont déjà équipées de capteurs qui servent à collecter des informations capitales. Les données vont alors aider à optimiser la production. L’analyse prédictive et prescriptive va prévoir et quantifier l’impact de l’arrivée des nouvelles technologies afin de prendre les meilleures décisions possibles.

Nous savons que l’IA va permettre de prédire des situations problématiques telles qu’une une fuite potentiellement dangereuse, mais aussi de diagnostiquer très rapidement la cause de cette dernière. La sécurité des usines se trouve alors renforcée. Elle peut également aller plus loin en protégeant les sites de construction sensibles, notamment avec la reconnaissance faciale et de zone afin de déterminer si une personne extérieure tente de s’infiltrer sur cette zone. L’automatisation et la gestion des opérations dans le contrôle de qualité et conformité vont permettre d’aider les techniciens à faire face à des problèmes complexes qui peuvent passer très souvent inaperçus. Par exemple, les usines agroalimentaires doivent très régulièrement faire face à des lots défaillants et potentiellement dangereux pour le consommateur notamment avec des défaillances potentielles des machines qui peuvent endommager un produit. La traçabilité peut donc être optimisée avec la précieuse aide de l’IA.

Il est important également de souligner que notre planète brûle. Les prises de conscience commencent enfin, et c’est ici que l’IA entre en jeu. Le député Cédric Villani montre dans son rapport présenté en Mars 2018 que l’IA est un outil formidable pour limiter l’impact de la consommation d’énergie dans les industries, à condition de commencer les travaux dès à présent. Par exemple, il est désormais envisageable de traiter les eaux usées des industries notamment pétrolières (qui consomment énormément d’eau) grâce à l’IA et, ainsi, faire face aux phénomènes de sécheresse. Cette solution de traitement des eaux polluées permettra de les redistribuer directement dans l’agriculture et ainsi, d’économiser des tonnes de litres d’or bleu.

Mais quid du plan industrie du futur en France ?

L’objectif de ce plan est de construire une industrie connectée, plus compétitive et bien évidemment plus respectueuse de l’environnement et des collaborateurs avec une RSE intégrée à la stratégie des industriels. La France dispose de tous les atouts nécessaires pour relever ce challenge. Elle est composée d’un tissu industriel dense, d’ingénieurs, de docteurs expérimentés et d’une chaîne de valeur intégrée. Le virage numérique est essentiel pour la France puisque le secteur secondaire est le moteur de son économie. En effet, ce secteur génère 274 milliards d’euros et contribue à hauteur de 13% du PIB du pays. Ainsi, l’intégration de l’IA dans les industries françaises pourrait permettre à celles-ci de doubler les gains de productivité annuels. Selon Mckinsey Global Institute, les industriels ayant déjà adopté des solutions intelligentes ont vu leurs marges augmenter de 3% à 15%.

La France n’a pas encore passé la vitesse supérieure pour équiper son industrie. Les outils et les solutions sont là mais les réticences sont encore bien trop présentes notamment en ce qui concerne la substitution des emplois des techniciens par des robots. Or, l’IA va augmenter l’homme, ses sens et ses performances, elle ne va pas le remplacer. Avec cette idée reçue, la France risque une nouvelle fois de rater le progrès technologique. En effet, nous avons sous nos yeux une tendance sans équivaut qui a pour objectif de rendre les objets de plus en plus intelligents et d’assister l’homme avec beaucoup de précisions. Il faut donc voir une coopération homme-machine plutôt qu’une destruction de l’homme. L’intelligence artificielle couplée à l’industrie va devenir l’un des secteurs les plus influents d’ici les vingt prochaines années. Ce n’est plus de la science fiction mais bel et bien la réalité où notre gouvernement et nos industriels doivent se concerter pour adopter les meilleures solutions possibles en passant la vitesse supérieure. S’il y a bien un secteur où la France peut remporter la course à l’IA c’est dans le secondaire.

En tout état de cause, la guerre de l’industrie numérique est bien installée. Pas moins de 270 startups en IA sont prêtes à apporter leurs solutions intelligentes aux grands groupes industriels. Nous attendons maintenant que ces derniers franchissent le cap pour les accompagner à conquérir cette nouvelle révolution industrielle. Car, rappelons-le, la berceau de la première révolution industrielle n’est autre que l’Europe !