Et si l'avenir appartenait au low-tech ?

L'intelligence artificielle, la 5G et la colonisation de Mars font le buzz. Mais le low-tech suscite également un vrai engouement sur les réseaux sociaux. Sur Youtube, le four solaire, la bicymachine ou le rocket stove reçoivent de nombreux likes.




La nouvelle ne fera sans doute pas la une du magazine Science. Néanmoins, un concentrateur solaire DIY permet de faire bouillir un litre d'eau en moins de 10 minutes, sans gaz, ni électricité. Les rayons du soleil suffisent. Cette technologie est connue depuis longtemps. Au XIXe siècle déjà, le physicien Augustin Mouchot démontra que l'énergie solaire pouvait avoir de multiples applications, notamment dans l'industrie. Si ses concentrateurs, présentés en grande pompe à l'exposition universelle de 1878, sont tombés dans l'oubli, aujourd'hui de nombreuses personnes redécouvrent l'eau chaude sur Internet.

Les plans pour construire des fours solaires paraboliques avec une antenne satellite fleurissent sur la Toile, sans parler des groupes de fabrication d'objets en bois de palette. Certaines idées sont parfois ingénieuses et reçoivent de nombreux likes.
Mais d'où vient cet intérêt pour les meubles en bois de mauvaise qualité à une époque où l'Internet des objets offre des promesses sans fin. Les nouvelles technologies ne devraient-elles pas plutôt nous faire goûter la perspective radieuse d'un monde nouveau où nous n'aurons plus à nous soucier de rien, puisque tout sera interconnecté ? Non, nous préférons échanger les plans de bancs en pin bas de gamme, des tutos pour fabriquer de poêle dragon. Tout cela sent la fin du monde, plutôt que l'avènement d'une ère nouvelle. 

Bon, il est vrai que cette angoisse traverse l'humanité depuis son origine - celle d'un être conscient de sa propre fin - et ce n'est pas le sujet qui nous intéresse ici. La vraie question est : la technologie est-elle en train de donner des boutons à Monsieur Tout-le-Monde - ce qui serait assez piquant vous, en conviendrez ? À l'heure où les start-up rivalisent pour prendre des positions dominantes sur le marché de la maison connectée, l'homme ordinaire souhaite être autonome en électricité et faire poser des panneaux photovoltaïques. Bref, il veut sortir du réseau. Cette tendance n'est pas encore bien établie. Elle est encore floue. Il ne s'agit que de quelques likes - les bitcoins font encore beaucoup plus recette. Malgré tout, cette sous-culture du bricolage n'est-elle pas beaucoup plus qu'un simple épiphénomène ?