La révolution collaborative de la téléprésence "Déjà frileux avec la VoIP, les DSI ne veulent pas prendre plus de risques avec la téléprésence"

Quel est le public de prédilection des systèmes de téléprésence ?

En termes d'usage, la téléprésence peut d'abord être perçue comme un système de visioconférence VIP, uniquement réservée aux membres de la direction générale pour échanger et collaborer entre différents pays. Ou bien, si la visioconférence est déjà présente dans l'entreprise, lui permettre de chercher un gain de productivité supplémentaire car les systèmes existants sont souvent sous-utilisés.

En effet, au-delà de la qualité vidéo, c'est surtout la facilité d'usage et le coté naturel de cette solution qui est le réel argument pour une totale appropriation par les collaborateurs.

Quant à l'argument " vert " de diminution de l'empreinte carbone très souvent officiellement mis en avant, il est inattaquable ! Même si, au final, l'objectif réel est de plutôt parvenir à diminuer les frais et les temps de déplacement dans des sociétés de plus en plus mondialisées ou éclatées sur différents sites.

La téléprésence est-elle une réalité dans les entreprises ?

"Il faudrait que le prix du kérosène triple pour qu'un DAF normalement constitué donne son accord sur ce type de projet"

Pour l'instant, nous sommes plus au stade de l'offre que de la demande, et les entreprises ne sont pas encore au fait de ces technologies. Surtout les DSI, déjà frileux à mettre de la voix sur IP, alors ce n'est pas pour prendre encore plus de risques avec la téléprésence...

Elle est donc poussée directement par les constructeurs, bien plus que par les intégrateurs qui n'ont pas encore de références sur le sujet. Quoi qu'il en soit, il faut veiller à disposer d'une bande passante réseau suffisante comprise entre 4 et 8 Mb et avoir les moyens financiers de dédier une salle spécifique à cet effet. Sachant qu'il est nécessaire de prévoir un service de conciergerie VIP, de préférence externalisé, pour que le management et le fonctionnement des salles soit parfait à 100%.

A quelles difficultés de mise en œuvre sont-elles confrontées ?

Premier gros point dur et de taille : le budget ! De 70 000 euros pour une salle de 2 places, il monte à 250 000 euros pour 6 personnes, et peut atteindre les 400 000 euros pour les salles de téléprésence telles qu'elles sont présentées dans les publicités.

Quand une entreprise commence à multiplier le nombre de ses sites géographiques, il faudrait encore que le prix du kérosène triple pour qu'un directeur des affaires financières normalement constitué donne son accord sur ce type de projet.

A part les grands groupes qui ont les moyens de leur politique, je crois plus au développement d'offres émanant d'opérateurs indépendants proposant leur propre réseau de salles dans les principales villes du globe. Là le prix serait plus abordable. En tout état de cause, et sauf à ce que le projet soit impulsé par une direction générale convaincue par un constructeur opportuniste ou plus souvent en l'ayant vu , une DSI n'est pas en mesure de proposer ce type de projet.

Enfin, l'absence de compatibilité entre les solutions de téléprésence proposées par les constructeurs interdit encore leur utilisation en dehors des entités et sites géographiques d'une même entreprise.

Laurent Chevet est directeur associé de Consultake.