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Interview
 
22/08/2007

Vincent Benoit (Laëtis) : "L'idée à terme est d'arriver à faire une petite Californie rurale en Aveyron"

Multimédia, référencement, développement, l'entreprise Laëtis implantée au coeur de l'Aveyron rural prône des outils de pointe au service du tourisme et des territoires. Rencontre avec le gérant.
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Vincent Benoit (Laëtis)
 
 
 

Comment a débuté cette aventure?

Laëtis, a été créé en 1998. Nous étions à l'époque trois étudiants de 24 ans. J'avais rencontré mes associés à Lyon alors que j'étais à l'INSA. Nous étions tous les trois à la recherche d'une activité professionnelle motivante. Nous voulions travailler dans l'informatique et le multimédia, et nous avons décidé de nous implanter en Aveyron, à la campagne.

Pourquoi avoir choisi de s'installer dans une zone rurale ?

Nous voulions nous installer dans un endroit qui nous garantisse une qualité de vie. Ma conviction, c'est que les nouvelles technologies peuvent être pratiquées et développées où l'on veut et quand on le veut. Je suis originaire de l'Aveyron et pouvoir travailler dans la région était pour moi quelque chose de très important.

Comment cela s'est passé au début ?

Nous avons démarré l'activité dans un ancien couvent situé au centre du village, mis à disposition gratuitement pendant les deux premières années par la mairie d'Arvieu. Notre choix s'est porté sur ce village après avoir prospecté dans la région dans différentes communes parce que l'accueil a été très bon, et que nous nous sommes sentis rapidement intégrés.

Quelles sont les activités que vous pratiquez ? Quels sont vos projets actuels ?

Nous venons de mettre au point un CMS qui répond aux besoins spécifiques de nos clients. Ce travail nous a pris deux ans. L'idée était de permettre à nos clients d'utiliser une plateforme de gestion de contenu sans que la moindre compétence technique ne soit nécessaire. Par ailleurs nous tenons à ce que nos produits soient totalement conformes aux normes Web, ce qui est le cas avec ce CMS.

"Nos techniques de gestions de projet s'inspire de la méthode AGILE"

En outre, nous avons mis au point et proposé à nos clients un outil d'agenda partagé, "le petit rapporteur." Cette application permet à de nombreux acteurs du tourisme en Aveyron de mettre en ligne et de partager des informations relatives aux événements culturels. C'est un modèle unique qui commence même à s'exporter en dehors du département.

Nous avons enfin une grosse activité de cartographie et de site web qui témoigne de notre goût pour le multimédia. Nous proposons des cartes et des animations à nos clients, principalement dans le domaine du tourisme et du développement des territoires.

Qui sont vos clients ?

Ils proviennent principalement de l'Aveyron et du grand sud. Mais nous commençons à en avoir de plus en plus sur un plan national. Ce sont des collectivités locales, des entreprises, des associations. 70% de notre chiffre d'affaires est lié au secteur du tourisme. Nous capitalisons sur notre connaissance de ce domaine pour proposer des services spécifiques, en termes de référencement notamment. Nous capitalisons sur notre connaissance de ce domaine pour proposer des services spécifiques, en terme de référencement et de développement de systèmes d'information touristique performants : gestion des réservations et disponibilités en ligne, gestion des flux au format standard TourinFrance, intranet territoriaux …

Comment vous positionnez vous vis-à-vis de vos clients qui sont souvent étrangers à l'informatique et à l'Internet?

La relation de travail repose sur le postulat de départ que nous sommes maîtres d'oeuvre. Et nous nous revendiquons comme tels. Le client fixe des objectifs que nous aidons à réaliser. Nous nous positionnons aussi comme force de conseil sur les stratégies de référencement des sites. Bref, nous apportons une réelle plus value en termes de conseil et d'expertise en promotion touristique et territoriale.

Et quelle est votre position à l'égard des logiciels libres ? En utilisez-vous ?

Pour ce qui est de notre CMS, nous sommes partis sur une base Joomla. Mais pour nous, aujourd'hui, c'est un CMS propriétaire pour deux raisons. D'une part, nous n'avons pas de documentation suffisante pour reverser dans la communauté libre. D'autre part, nous n'avons pas les moyens d'assurer un fonctionnement de développement libre. Pour moi, les entreprises qui font du libre ont déjà une taille qui leur permet de faire des choses, dont des projets libres. Nous n'avons pas encore atteint ce niveau de croissance.

"La rencontre et le contact sont avant tout prioritaires"

Sur un plan technique, comment avez-vous résolu le problème de la connexion Internet en milieu rural ?

Pour ce qui est de la connexion Internet, nous avons au départ utilisé une ligne Numéris, puis une liaison satellitaire Aramiska. Le contrat de connexion par satellite a été rompu par le fournisseur au début 2006, brutalement. Heureusement l'ADSL venait d'arriver dans le village et nous avons immédiatement adopté cette technologie. Aujourd'hui, le débit ADSL est suffisant pour travailler mais nous cherchons à développer le débit et sa fiabilité pour que nos outils de travail et de télétravail restent compétitifs.

Et quelle est votre stratégie en termes de stockage ?

Au niveau du stockage, nous conservons tout dans nos locaux, et les sites de nos clients sont hébergés en ligne par un fournisseur de stockage. Nous avons acheté récemment un serveur NAS afin d'optimiser notre stratégie. La conservation des données est un souci constant, et nous avons beaucoup appris du passé. Nous avons eu un problème en 1999 avec le virus Tchernobyl qui avait gravement endommagé nos données. Heureusement, nous avons récupéré 90% d'entre elles avec le logiciel Ontrack.

Quelle est votre politique de formation? Comment faites vous pour être réactifs aux nouvelles méthodologies de projets et aux nouvelles techniques de ce secteur très changeant?

Pour ce qui est de la formation, chaque employé se spécialise dans un domaine et nous utilisons ensuite cette ressource pour faire de la formation en interne.

Nos techniques de gestions de projet s'inspirent de notre formation INSA en Génie Productique et de la méthode AGILE pour la partie développement, dont j'ai eu un premier aperçu en consultant l'encyclopédie en ligne Wikipedia.

Quel est votre rythme de travail? Existe t-il des cycles ?

Il n'y a pas de rythme particulier pendant l'année. Au niveau de notre cycle d'activité, nous avons une régulation par la surcharge de travail. Notre exercice débute en avril et pour cette année, notre carnet de commande est déjà plein.

"Nous pouvions nous séparer pour un tas de raison mais en aucun cas pour des questions d'argent"

Vous êtes maintenant une quizaine d'employés. Comment se passe la gestion des ressources humaines ? Le fait d'être en zone rurale est il un handicap ?

Au départ, c'est surtout trois associés motivés qui se lancent dans l'aventure. Deux ont quitté l'entreprise pour des raisons personnelles au bout de trois ans et il a fallu renouveler les effectifs. Ce ne fut pas simple. C'est tombé au beau milieu de la crise de la bulle Internet et il n'y avait plus d'argent nulle part. Mais nous avons réussi à surmonter cette période et aujourd'hui nous avons une quinzaine d'employés.

Pour ce qui est de nos méthodes de recrutement, c'est assez simple. Le recrutement est souvent basé sur la cooptation, les rencontres, les stages. En fait, les gens qui sont intéressés par travailler avec nous décident aussi d'un choix de vie, rural, particulier. Pour moi, c'est la rencontre et le contact qui sont avant tout prioritaires.

Bizarrement, nous avons une réussite du recrutement de presque 100%. Nous voyons peu de candidats, mais quand nous les rencontrons, c'est très souvent une réussite. De plus, nos salaires restent souvent comparables à ceux de la région toulousaine ce que bien des personnes ne s'imaginent pas.

Ensuite, et bien il s'agit de la vie de chaque entreprise. Tout va bien dans les premiers temps, c'est l'euphorie de la création, la nécessité de réussir. Seulement, vers 35-40 ans des tensions apparaissent sur le salaire, sur la reconnaissance du mérite. Et ce sont des choses à gérer qui ne sont pas simples. Les tensions apparaissent souvent vers ce stade d'évolution de la carrière. Moi, je pense que le mérite individuel est très difficilement mesurable dans une entreprise telle que la notre, même s'il doit être pris en compte pour des raisons du justice sociale.

Justement, vous avez choisi de vous constituer en SCOP (Sociétés Coopératives de Production). Pourquoi ce choix?.

Quand nous avons démarré ce projet avec mes deux associés, l'idée était que nous pouvions nous séparer pour un tas de raison mais en aucun cas pour des questions d'argent. Aussi le statut des SCOP était très intéressant pour nous. L'idée est que chaque salarié peut devenir associé. Si un associé souhaite quitter l'entreprise, il repart avec le capital de départ qu'il a investi, ni plus, ni moins. Il est également impossible pour un actionnaire extérieur de prendre le pouvoir financier.

Moi aujourd'hui, je possède 35% des parts de l'entreprise. Mais si je décide de quitter l'entreprise, je repartirai uniquement avec la somme que j'ai engagé au départ. Cela limite les stratégies financières individualistes. Mon intérêt personnel est le même que celui de mes collègues : produire mieux pour vivre mieux.

Pour ce qui est des bénéfices, ils sont partagés comme suit : un tiers pour l'investissement, un tiers pour la participation et un tiers pour les dividendes. Il faut noter au titre des avantages que l'investissement et la participation ne sont pas soumis à l'impôt sur les sociétés.

Le fait de se constituer en SCOP pour des raisons clairement philosophiques nous a aussi aidé du point de vue de la croissance de la société. Nous avons reçu par le biais des SCOP de nombreux conseils relatifs à la gestion de notre entreprise et de la définition de stratégies. Un consultant en stratégie nous a conseillé par exemple sur le type d'activité à développer.

Sur le long terme et après avoir l'expérience de 9 ans, je crois que le choix de la SCOP correspondait à mes attentes. Je suis fier d'être gérant et salarié. Pour moi ce qui est important, c'est l'esprit d'entreprise. On recrute ici les gens sur leurs compétences mais aussi sur l'esprit d'entreprise dont ils font preuve.

"50% de mon temps concerne des activités de management"

Comment appréhendez vous la croissance de votre structure? Cela redéfinit-il les rôles au sein de l'entreprise?

Aujourd'hui, 50% de mon temps concerne des activités de management. Je garde la main sur la partie technique parce que j'adore ça, mais je dois organiser mon temps de manière à pourvoir faire du management, et j'apprends tous les jours dans ce domaine.

Notre croissance fait que nous avons par exemple recruté quelqu'un sur un poste de technico-commercial. Le fait de dédier une personne à cette fonction était très nouveau pour nous. Vis-à-vis de la structure de l'entreprise, il était très clair pour moi que cette personne ne pourrait être rémunéré à la commission. C'est aussi un choix de vie pour elle. Dans le même temps, on évite par cette stratégie des situations où le commercial bâcle la signature de contrat et où la difficulté se trouve au niveau des opérationnels qui doivent réaliser le contrat.

Pour finir, quels sont vos objectifs à terme ?

 
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Aujourd'hui, l'objectif est encore à la solidification de l'entreprise. L'idée à terme est d'arriver à faire une petite Californie rurale en Aveyronavec les différents acteurs locaux comme la médiathèque, un astronome qui vient de s'installer dans le village, un ingénieur du son... Du point de vue du management, il s'agit d'arriver à un management à la Google où il existe constant débats d'idées passionnants mais pas de débat d'ego. Pour nos clients, cette méthode doit nous permettre de leur proposer encore de meilleures compétences permettre de mieux communiquer à l'aide d'un contenu multimédia d'excellente qualité.


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