Pascal Daloz (Dassault Systèmes) : "Nous voulons étendre notre cible d'utilisateurs jusqu'au grand public"

Le PLM est votre métier. De quoi s'agit-il précisément ?

Le PLM est un acronyme signifiant Product Lifecycle Management. Il s'agit de solutions logicielles permettant la gestion du cycle de vie des produits, depuis leur phase de conception amont jusqu'à leur fabrication, leur mise en service et leur maintenance.

Quelle est la différence entre la simulation et la fabrication d'environnements numériques ?

Cela se traduit chez Dassault Systèmes par deux gammes de produits distinctes : Simulia pour la simulation virtuelle des produits et Delmia pour l'ingénierie des systèmes et des processus de production.

Simulia permet d'effectuer des tests virtuels des produits manufacturés, comme par exemple la chute d'un téléphone mobile ou le crash d'une voiture. Ceci permet de prendre en compte ces contraintes lors des phases de conception. Delmia permet de concevoir les usines et les différentes étapes de production et de fabrication d'un produit, avant même qu'il ne soit physiquement fabriqué.

Le marché mondial du PLM est évalué en 2007 à 10 milliards de dollars et croit de 9%, la part de marché de Dassault Systèmes étant de 25%.

Avez-vous beaucoup à craindre de Siemens PLM ? Plus généralement, comment analysez-vous votre position sur ce marché ?

Dassault Systèmes est aujourd'hui le leader mondial du marché du PLM avec une part de marché deux fois plus importante que celle de Siemens PLM. Aujourd'hui Siemens PLM a pour stratégie de coupler d'abord le PLM avec des solutions d'automatisme et ensuite de coupler les offres logicielles avec celles d'automates programmables.

De son côté, Dassault Systèmes fournit uniquement des solutions logicielles s'interfaçant avec l'ensemble des automates programmables du marché (Schneider Electric, Rockwell Automation, Omron ou Siemens...).

On parle de plus en plus de PLM collaborative ; pouvez-vous éclairer ma lanterne ?

La collaboration est au coeur du PLM car les logiciels permettent de coordonner tous les différentes fonctions de l'entreprise tout au long du cycle de vie des produits depuis les concepteurs jusqu'aux opérateurs de maintenance en passant par le marketing et les achats.

Concrètement, la maquette numérique du produit est au centre de la démarche PLM, car elle permet à chacun de communiquer, d'interagir avec le reste de l'entreprise.

"La maquette numérique est au centre de la démarche PLM"

Comment a évolué le périmètre fonctionnel des solutions de PLM ?

Tout a démarré au début des années 80 avec l'avènement de la 3D dans les outils de conception dans le but de modéliser et de fabriquer des produits comportant des surfaces complexes comme une aile d'avion par exemple. Dans les années 90, ces concepts se sont étendus vers la maquette numérique des produits permettant de remplacer en partie les prototypes physiques.

Au début des années 2000, la maquette numérique s'est étendue à la gestion du cycle de vie des produits, sous l'impulsion de Dassault Systèmes. Ce qui permet d'avoir le jour où la conception du produit est finalisée, la conception de l'usine, les procédés de fabrication des processus de maintenance et de mise en service des produits avant même que le produit physique existe.

Dassault a investi des marchés de niche comme l'habillement, le life sciences, etc. Quelle est votre stratégie, votre positionnement dans ces marchés ?

Aujourd'hui, nous adressons 11 secteurs industriels dont la maturité des solutions PLM est différente. A la différence de l'aéronautique, l'automobile et les équipements industriels où le PLM est déjà implanté, les marchés de l'habillement et des sciences de la vie sont en développement.

Par conséquent, notre stratégie est de pénétrer ces marchés avec des propositions de valeur spécifiques: la gestion collaborative de l'innovation dans le domaine de l'habillement et la gestion du cycle de développement dans les sciences de la vie.

Allez-vous continuer à soutenir votre gamme Solidworks ?

Oui. Aujourd'hui SolidWorks correspond à un segment de marché différent de celui de Catia. SolidWorks s'adresse principalement aux PME et se positionne sur la conception mécanique en 3D. Catia s'adresse aux grandes entreprises et à leur chaîne de sous-traitance et se positionne sur la conception virtuelle de produits intégrant toutes les disciplines (mécanique, style, systèmes embarqués...).

Vos solutions sont-elles ouvertes et orientées services (SOA) ?

Oui. L'architecture V5 (plateforme commune à l'ensemble de nos applications et celles de nos partenaires) est SOA.

Notre stratégie est de pénétrer les nouveaux marchés avec des propositions de valeur spécifiques

J'ai entendu que vous prépariez une offre en mode hébergé : qu'en est-il exactement ? Quelles sont les prestations fournies et à quel prix ?

En effet, nous préparons des offres hébergées en 2008. Le périmètre fonctionnel ainsi que notre de prix seront dévoilés au moment du lancement de ces offres.

Quels sont les tenants et les aboutissants du partenariat que vous avez signé avec Microsoft fin 2007 concernant Virtual Earth-3DVIA ?

Dassault Systèmes a développé pour les utilisateurs du service de géolocalisation Virtual Earth, une solution en ligne de modélisation 3D grand public, bénéficiant du savoir faire de Dassault Systèmes.

Cette solution baptisée Virtual Earth 3DVIA est disponible depuis octobre 2007 en téléchargement gratuit sur le site Virtual Earth. Depuis le lancement, elle connait un vif succès, avec des centaines de milliers d'utilisateurs.

Avez-vous dégagé les synergies attendues avec les rachats de MatrixOne et d'Abaqus ?

Deux types de synergies étaient attendues : l'une technologique et l'autre commerciale. Aujourd'hui MatrixOne et Abaqus sont intégrés avec l'ensemble du portefeuille de solutions PLM de DS, MatrixOne au sein d'Enovia et Abaqus au sein de Simulia.

Les forces de vente directe de MatrixOne et d'Abaqus sont venues compléter notre dispositif commercial.

Quelles sont vos perspectives de croissance pour les années à venir ?

Nous avons plusieurs axes de croissance: le premier étant d'élargir notre proposition de valeur PLM à d'autres industries telles que les produits de grande consommation, les services ou les sciences de la vie....

Le second est d'étendre notre cible d'utilisateurs jusqu'au grand public à travers la création de notre nouvelle marque 3DVIA. Le troisième est de couvrir des nouveaux domaines tels que la documentation technique.

En combinant ces facteurs de croissance à ceux de la croissance intrinsèque du marché (plus 10% par an) et à notre dynamique concurrentielle (entre 1 et 2 points de part de marché par an gagnée), notre rythme de croissance est supérieur à 15% par an.

Allez-vous recruter en 2008 ? Si oui, dans quelles branches ?

Oui. Nous prévoyons de recruter environ 300 personnes en France. Principalement des ingénieurs développement et des commerciaux. A l'échelle mondiale, nous prévoyons de recruter 700 personnes, l'effectif total actuel de Dassault Systèmes étant de 7 200 personnes.

Pascal Daloz est directeur général adjoint en charge de la stratégie et du marketing depuis janvier 2007. Il a occupé depuis 2001 le poste de Vice-Président R&D de Dassault Systèmes en charge de la stratégie et du développement commercial. Pascal Daloz a auparavant été conseiller en investissements bancaires pour le compte du Crédit Suisse First Boston et consultant senior au sein du cabinet
Arthur D. Little. Pascal Daloz est diplômé de l'École des Mines de Paris.