Interviews |
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Alain Peron
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Directeur
général Europe |
Nurun
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"Durant
la seconde moitié de 2001, les projets Internet sont devenus
des projets comme les autres" |
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Arrivé en France avec l'acquisition de Cythere Interactive
et d'Infosphere, Nurun,
filiale du groupe Quebecor, entend après une année 2001
délicate poursuivre son développement en Europe. Entretien.
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Propos recueillis par
Cyril Dhenin le 11 janvier
2002
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Avec
quelle mission êtes-vous arrivé à
la tête de Nurun Europe en août 2001 ?
Alain Peron:
Mon objectif est clairement
d'étendre nos activités en Europe. En France
avec Nurun France (ex Cythere), qui représente
le pôle web agency, et Nurun Technologies (ex Infosphère)
qui s'apparente plus à une société
de service informatique, nous avons aujourd'hui environ
170 collaborateurs. En Italie, nous employons 70 personnes
et nous disposons de bureaux en Espagne, en Allemagne
et au Royaume-Uni. Dans ces pays nous ne comptons pas
en rester là.
En
Europe, dans quels pays jugez-vous votre développement
prioritaire ?
Nous
serons très opportunistes. Dans tous les pays concernés,
il existe des structures intéressantes et nous
évaluerons au cas pas cas les bonnes occasions.
Votre
développement européen passera donc essentiellement
par de la croissance externe ?
Non, nous comptons beaucoup
aussi sur notre propre organisation. Sur "l'effet
réseau". Il est évident qu'avec des
effectifs d'une centaine de personnes, nos bureaux nationaux
ne peuvent cumuler chacun toutes les compétences
nécessaires. Chaque bureau se spécialise
donc sur des expertises que nous coordonnons. Cette organisation
correspond bien à nos clients qui, à l'instar
de Skyteam
(alliance de compagnies aériennes) par exemple,
oeuvrent eux aussi sur un périmètre international.
Une
telle organisation demande de bien maîtriser l'art
de la collaboration...
Nous
avons investi en conséquence. Nous disposons ainsi
d'un intranet consacré à la gestion des
connaissances et développé autour de la
plate-forme Sharepoint Portal Server de Microsoft. Surtout,
nous avons déployé la solution de Changepoint
(un progiciel de PSA, Professionnal Services Automation,
ndlr), pour assurer la gestion de projets, l'allocation
des ressources, etc.
Comment
avez-vous vécu (et géré) la seconde
moitié de l'année 2001 ?
Je
pense qu'à partir de la mi-2001 deux facteurs se
sont combinés. Primo, les projets se sont raréfiés,
ce qui nous a conduit comme beaucoup d'autres à
réduire la voilure. Toutefois, à mon sens,
cette raréfaction est conjoncturelle et ne devrait
pas tarder à prendre fin. Secundo, et là
il s'agit d'un facteur structurel, les projets Internet
sont devenus en 2001 des projets comme les autres et pour
lesquels les clients nous ont donc demandé de travaillé
beaucoup plus précisément sur le ROI. Nous
avons donc dû élaboré des outils méthodologiques
pour mesurer l'efficacité de ces projets en utilisant
plusieurs métriques, empruntées à
la publicité, au marketing, etc. Inévitablement,
les cycles de ces projets se sont allongés.
Observez-vous
également une inflexion plus technologique ?
Absolument
et elle est assez cohérente avec le changement
de nature des projets Internet. Les clients sont devenus
très sensibles à des technologies comme
les serveurs d'applications J2EE et les Web Services.
Pour une raison simple: avec ces architectures, l'informatique
commence à tenir l'une de ses vieilles promesses,
à savoir la ré-utilisation des composants
et services. Ce qui, là aussi, va dans le sens
d'un meilleur retour sur investissement des projets.
Au
regard de ces inflexions, comment réorganisez-vous
vos activités ?
A
l'origine, 90% de notre activité était générée
par la création d'applications. Nous travaillons
désormais à ce que les applications ne représentent
en fait que 20 à 30% de notre activité afin
de monter en puissance sur trois axes: le conseil, du
business plan aux études concurrentielles ; le
e-marketing, qui combine d'ailleurs de plus online et
offline; et enfin le data management, c'est à dire,
le datamining, la business intelligence, etc.
En
France, pour vous développer sur ces axes, allez-vous
embaucher ? Comment abordez vous l'année 2002 ?
En
2001, nous avons eu tendance à geler les embauches
et à réajuster les effectifs là où
cela pouvait être pertinent. Notre budget 2002 reste
très prudent mais nous comptons toutefois recruter
pour gagner des compétences sur nos trois axes
de développement.
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Avant de rejoindre Nurun au poste de directeur général
Europe en août 2001, Alain Péron a tenu les
fonctions de directeur international de la branche interactive
du groupe Taylor Nelson Sofres. Il avait créé
en 1999 pour Sofres France le département "Interactive".
Mais c'est chez IBM Global Services, trois ans auparavant,
qu'il s'est frotté à l'e-business en participant
à la création des activités de conseil
et de services autour d'Internet.
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