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Interviews

Olivier Amato
Responsable de la veille technologique
Canalweb

"L'éditeur qui imposera son système de gestion des droits deviendra de facto le fournisseur de player dominant"
          

Pendant que la qualité du streaming audio et vidéo stagne pour les internautes, les éditeurs de solutions affûtent leurs armes. Gestion des droits numériques, MPEG-4, JVT, etc. Un spécialiste décrypte pour les lecteurs de JDNet Solutions les enjeux futurs de la compression numérique.

A lire également, notre dossier consacré au streaming :
Streaming, en attendant les hauts débits.

Propos recueillis par Marc Lemesle le 05 mars 2002 .

JDNet Solutions. Comment vous situez-vous dans le débat qui oppose actuellement Apple et MPEG LA ?
Olivier Amato: Le paiement des codeurs-décodeurs actuellement en vigueur me semble légitime. En revanche, le fait de faire payer 2 cents par heure de diffusion aux créateurs de contenu est irréaliste à mon sens. Qui va pouvoir contrôler ce qui est effectivement codé et doit ouvrir des droits aux ayant-droits ? Si les propositions de MPEG LA étaient mises en application, il est en tout cas certain que les fournisseurs de contenu se tourneraient vers les solutions propriètaires qui ne seraient pas assujeties aux règles de MPEG-4 : RealNetworks annonçant le support de cette norme et Apple la supportant d'ores et déjà nativement, c'est donc Microsoft et son Windows Media Player qui serait gagnant dans l'affaire.

La question de la gestion des droits numériques (Digital Rights Management) est une pomme de discorde entre les grands éditeurs de streaming - Apple, Microsoft et RealNetworks-, qui tentent d'imposer leurs logiciels respectifs au marché. Que peut-on attendre des organismes de standardisation ?
Effectivement, le DRM est l'un des points sensibles du streaming. Pour comprendre les enjeux, il faut rappeler qu'il existe aujourd'hui trois courants parallèles. Le premier, poussé par Microsoft, Content Guard et Intel entre autres, est
basé sur un dérivé de XML - baptisé XRML. RealNetworks de son côté, tente de promouvoir son propre système de gestion, également dérivé de XML, XMCL, soutenu notamment par Adobe, IBM ou encore America OnLine. Entre ces deux chemins privatifs, il y a une troisième voie, publique elle, qui est proposée par l'organisation MPEG : IPMP (Intellectual Property Management and Protection). Et l'enjeu est relativement simple : celui qui imposera son système de gestion des droits deviendra de facto le fournisseur de player dominant.

Quelles sont les chances d'IPMP par rapport aux solutions de RealNetworks et de Microsoft ?
Le problème pour le moment d' IPMP c'est qu'il ne gère que les droits d'accès, et pas le cryptage des données, qui constitue pourtant une dimension essentielle des DRM. En la matière, les techniques les plus avancées sont celles de Microsoft, qui souffrent toutefois d'un problème à ma connaissance, puisque cette solution ne fonctionne que pour le streaming on-demand (via téléchargement, ndlr) et non pour le streaming live.

Si le débat est vif autour de ce sujet entre les professionnels, quel est son impact pour les internautes aujourd'hui ?
Il y a très peu de contenu vidéo actuellement - hors des contenus X - qui sont payants sur le Web. Mais cela deviendra le cas à n'en pas douter dès que la technique permettra d'offrir une qualité visuelle et sonore comparable à celle de la télévision. En d'autres termes, la bataille actuelle se mène en prévision des enjeux de demain.

Quelle est la conséquence du support récent de MPEG 4 par les éditeurs de streaming pour les éditeurs de contenus, et, en bout de chaîne, pour les internautes ?
L'intérêt de l'implémentation de MPEG-4 par les grands éditeurs tient en un mot : intéropérabilité. Si MPEG-4 se répand parmi les professionnels, ce que nous souhaitons bien entendu, cela va nous permettre de dissocier le choix des encodeurs, de celui des serveurs de streaming et des players; ce qui est aujourd'hui impossible. On pourra ainsi choisir ces différents éléments non parce qu'ils sont conçus pour fonctionner ensemble, mais parce qu'ils sont techniquement plus ou moins bons. Le support généralisé de MPEG-4 jouerait un rôle de stimulus entre des solutions concurrentes, qui profitera en dernière instance aux internautes.

Est-ce que l'adoption de MPEG-4 signifie à terme la disparition de MPEG-2 ?
Il est difficile de répondre à cette question aujourd'hui. Ce que je peux dire, c'est que certains constructeurs de set-top box étudient déjà sérieusement MPEG-4, et envisagent de s'en servir pour améliorer la qualité d'encodage et les performances de streaming. A titre d'exemple, une diffusion broadcast nécessite de 4 à 7 Mbt/s de bande passante, et les opérateurs satellitaires cherchent à diminuer ce taux. Avec des besoins de bande passante inférieur de 30% à MPEG-2 à qualité équivalente, MPEG-4 représente une alternative intéressante. Le même raisonnement est applicable aux fournisseurs de services pour la téléphonie mobile.

Question performances justement, quelle sont celles de MPEG-4 ? On parle parfois de taux de 5 à 15 fois inférieurs à ceux de MPEG-2 : est-ce réaliste ?
Non, il faut être sérieux. On peut raisonnablement estimer que MPEG-4 permet d'obtenir avec 2,5 ou 3 Mbt/s de bande passante une qualité équivalente à celle qu'on obtient à 4 Mbt/s en MPEG-2, soit moins de 50% d'amélioration. Si on compare maintenant MPEG-4 à Real Player ou à Media Player, on reste 20% en deça des performances de RealNetworks et de Microsoft.

Comment cela se fait-il ?
Les players propriétaires ne subissent pas les mêmes contraintes techniques que les normes ouvertes. Celles-ci, comme MPEG-4, doivent par définition concilier des impératifs et des spécifications hétérogènes, ce qui limite par contrecoup inévitablement leurs performances. En revanche, elles présentent d'autres intérêts, dont celui notamment de l'intéropérabilité que j'ai mentionné tout à l'heure.

Que puis-je attendre en tant qu'internaute de l'implémentation de MPEG-4 à court terme ?
Pas grand chose
dans l'immédiat, pour les particuliers qui disposent de connexions à Internet par modem 56 Kbp/s ou même de connexion ADSL. Ou plus exactement, pas d'une qualité VHS dans un avenir proche. La plupart des fichiers qui circulent aujourd'hui sur le Web sont encore encodés en MPEG-1, une norme déjà conçue au départ pour fonctionner de façon optimale avec un débit minimum d'environ 1,5 Mbt/s...Ce que MPEG-4 apporte, encore une fois, c'est un progrès par rapport aux normes précédentes, mais on avance à petit pas.

Quelles sont les prochaines échéances importantes pour le streaming ?
J'en vois au moins trois. La première est le support natif de MPEG-4 par RealNetworks, qui est prévu avec la version 9 de Real Player. On peut souhaiter que Microsoft se joigne également au mouvement, mais cela semble pour le moins compromis pour l'instant. La seconde
concerne le lancement de la plate-forme de streaming de Microsoft - Corona. On en attend notamment une amélioration nette de la qualité sonore avec l'intégration d'un codec audio 5.1. mais ici encore tout dépendra de la bande passante disponible. On sait qu'il faut encore actuellement au moins 64 Kbt/s pour obtenir un son de qualité MP3 pour la partie audio, et entre 800 Kbt/s et 1 Mbt/s pour atteindre une qualité visuelle comparable à celle du VHS en plein écran. Dernier point enfin, on attend beaucoup de JVT (Join Video Team), une technologie conjointement mise au point par l'ITU et par MPEG, qui devrait faire partie intégrante de MPEG-4 dans moins d'un an. Si JVT, qui est directement issu de H26L, débouche, cette technique améliorera de 30 à 40% les performances actuelles de MPEG-4.

A lire également, notre dossier consacré au streaming :
Streaming, en attendant les hauts débits.


Avant de rejoindre les équipes de Canalweb en 2000, Olivier Amato a été directeur technique chez Pointe Noire Production pendant un an. Jusque-là, il travaillait comme monteur-truquiste vidéo en free-lance, depuis 1990.

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