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Interviews

Domenico Surace
Président-directeur général
Internet Fr

"La gestion de la sécurité représente notre coeur de business"
          

Très tourmenté, le marché de l'hébergement a laissé bon nombre de prestataires sur la paille l'année dernière. Et selon certains acteurs, la tendance à la consolidation pourrait se poursuivre jusqu'à la fin de l'année 2002. Plutôt parmi ceux qui ont su à peu près tirer leur épingle du jeu, Internet Fr, au sein du groupe EurAfNet (contraction de Europe Afrique Internet), a enregistré un chiffre d'affaires de 3,3 millions d'euros en 2001. Pour faire face à la concurrence féroce des opérateurs, l'hébergeur s'appuie sur son expérience du métier depuis 1995 et son évolution vers le haut de gamme. Domenico Surace, co-fondateur et président-directeur général nommé en fin d'année dernière, pose un diagnostic sans fard sur la situation. Et sur les pratiques concurrentielles du marché.


Propos recueillis par François Morel le 06 mars 2002 .

JDNet Solutions: Il semblerait que la panne de longue durée que nous avions comptabilisée pour Internet Fr dans le précédent classement n'en soit pas une. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Domenico Surace: Comme vous pouvez l'imaginer, nous n'avons pas eu une panne de trois jours et demi consécutifs. Chez nous, chaque client dispose de son propre serveur web Apache. Tous les autres serveurs Apache ont démarré sans problème. La page testée par Witbe est la seule à ne pas avoir été rétablie de façon immédiate. Or, nous ne générons pas d'alerte spécifique vis-à-vis de ce type de sites. Nous ne nous en sommes pas aperçu tout de suite car Witbe nous plaçait en tête de position quand nous avons vérifié sur le moment. Et c'est seulement en fin de semaine que nous avons remarqué que les résultats avaient changé.

De plus en plus d'hébergeurs sur plates-formes mutualisées évoluent vers la mise à disposition de serveurs dédiés pour leurs clients. Quel est votre positionnement actuel ?

Pour nous, l'hébergement partagé représente une petite portion de notre CA. D'une manière générale, nous nous positionnons sur le haut de gamme de l'hébergement qu'il soit dédié, critique, ou un certain type de formule partagée avec un service de qualité. Dans cette dernière catégorie, les prix du marché varient entre 35 et 150 euros par mois. Cette différence s'explique par le nombre de clients sur une seule plate-forme exploitant les mêmes ressources mutualisées. Certains hébergeurs pratiquent l'overbooking sur leurs machines. Ceux qui affichent un prix de 35 euros sont obligés de placer 500 clients sur un même serveur. Cela remet en question la qualité de service, nuit à la disponibilité du site, et suppose des contraintes importantes en matière de sécurité liées à la présence commune d'une multitude de clients.

Quand Internet Fr dit proposer de l'hebergement partagé, ce n'est pas dans cette optique mais avec une approche différente. Nous fournissons à nos client un service haut de gamme comprenant la sécurité et la supervision d'applications. Cela veut dire que, pour chaque site, nous supervisons l'application du client. D'autre part, nous nous engageons sur un nombre maximum de sites mutualisés sur la plate-forme en vue de garantir la qualité de service et la disponibilité. Donc, là où nos prix sont de 150 euros par mois, un autre que nous hébergera dix fois plus de clients sur la même plate-forme.

D'une manière générale, "haut de gamme" signifie que nous offrons une externalisation complète des plates-formes pour le compte de nos clients. Dans ce cadre, nous prenons aussi bien en charge l'hébergement pur que la sécurité, l'administration, le réseau et la connectivité. Maintenant, cela ne nous intéresse pas de revendre de l'infrastructure et de la bande passante. C'est pourquoi nous offrons une gestion complète de la sécurité, des sauvegardes internes et externes, ainsi que la mise en place des systèmes de distribution des applications et la supervision de ces dernières en 24/7. Ceci représente notre core business dans lequel nous réalisons la plupart de notre CA.

Lorsque vous dites supervision, et externalisation, comprenez-vous une notion d'automatisation que l'on retrouve plus généralement chez les MSP ? D'autre part, quel système de supervision avez-vous choisi ?

Chaque client vient avec sa propre application. En ce qui nous concerne, nous ne nous occupons que des systèmes de bases de données. Nous avons un logiciel spécifique pour qu'elles soient tout le temps disponibles. Celles-ci sont aussi bien être du Oracle, que du IBM DB2 ou SQL Server, et elles fonctionnent sur les systèmes d'exploitation Windows, Linux, Solaris, etc. En tant que système d'administration, nous avons choisi Freshware qui permet de superviser les applications. Après, nous modulons en fonction de nos besoins.

Pourquoi ne pas avoir choisi BMC Patrol, Tivoli, HP OpenView ou Computer Associates qui sont pourtant les plus en vue ?

Parce que ce sont aussi nos outils qui font la différence en compétition face à la concurrence. En ce qui concerne Patrol, nous n'avons pas vu l'utilité effective de le déployer sur notre réseau. Ce n'est pas un produit que nous jugeons suffisamment concret et efficace pour gérer les applications. Il ne remonte pas toujours correctement les alertes. Des fois les applications tombent et Patrol voit tout fonctionner correctement.

En ce qui nous concerne, nous surveillons des scénarios, y compris en terme de load balancing (répartition de charges). Dans ce domaine, tout le monde utilise les mêmes équipements de Foundry, Cisco, etc. Notre force est que nous en connaissons bien le paramétrage. La plupart des opérateurs se limitent à surveiller le bon fonctionnement des ports. De notre côté, si l'application rencontre un problème, le load balancer continue à servir des sessions. C'est cela qui fait la différence entre un hébergeur et un autre. Ce n'est pas seulement le logiciel et le matériel, mais la façon de gérer tout cela avec l'expérience, et cela fait sept ans que nous développons notre savoir-faire.

Même avec Patrol, certains arrivent à définir des paramétrages pour que cela fonctionne, mais ceux-ci sont très complexes à connaître. Aujourd'hui, il faut des outils puissants, mais aussi simples à utiliser. Dans ce domaine, le choix est fondamental pour notre activité. Il faut de bons outils, mais il faut aussi savoir s'en servir. Beaucoup de nos clients ont utilisé du Patrol et ont été frappés par son niveau de complexité. Maintenant, Tivoli est encore plus complexe que Patrol. HP OpenView est très bien. Quant à Computer Associates, je n'ai pas regardé. Mais pour moi, ce n'est pas un vrai éditeur. Ils achètent les codes sources et les exploitent sans vraiment les connaître, en les imbriquant dans leurs solutions globales. Après, cela donne des produits hybrides qui sont parfois sans queue ni tête. Ils ont des développeurs pour faire de l'assemblage, et cela tout le monde le sait.

Quel est votre vision actuelle du marché de l'hébergement dans lequel vous évoluez ?

Le marché est plutôt dur en ce moment, dans le sens où il y a des projets intéressants mais une concurrence féroce. Certains principes de compétition sont même aujourd'hui assez surprenants. Par exemple, nous sommes constamment sollicités pour faire des devis. En face, nous retrouvons les grands opérateurs qui à chaque fois sortent leurs prix publics au début. De notre côté, nous proposons nos prix classiques qui sont généralement en dessous des leurs. Après, les opérateurs appellent les clients pour leur suggérer un prix moins fort. Malheureusement, cette tactique est négative pour la bonne tenue du marché. Selon moi, ces opérateurs vendent à perte certains services, qu'il s'agisse d'hébergement sur serveurs dédiés ou de prestations à plus forte valeur ajoutée.

Aujourd'hui, tout le monde est à la chasse aux clients. Les très gros du secteur n'hésitent pas à casser les prix, mais je ne pense pas que derrière, ils proposent la même qualité de service. Pour mettre en place un service de qualité, en particulier sur la supervision des plates-formes, il ne suffit pas d'exploiter une infrastructure et des logiciels. On ne peut pas casser le prix de vente du savoir-faire des hommes, sinon il n'y a plus de marge possible. Sur un produit d'infrastructure ou sur la bande passante, la marge est minime. Nous sommes donc positionnés sur les services à valeur ajoutée en terme de sécurité et d'administration. Et s
i nous cassons nos tarifs là-dessus, nous n'avons plus aucune marge.

Du reste, ce n'est pas le métier d'un opérateur d'administrer des plates-formes. Leur activité se concentre sur la gestion du réseau et de la bande passante. Comme les prix de vente de la connectivité ont baissé, ils ont du monter dans la valeur ajoutée. Mais ce sont eux qui ont baissé les tarifs de la bande passante. Aux Etats-Unis, les hébergeurs à forte valeur ajoutée ne sont ni des opérateurs, ni des câblo-opérateurs, mais des sociétés spécialisées qui ont parfois été rachetées mais sont en général restées indépendantes. D'autre part, cela soulève un autre exemple basé sur la théorie américaine. Un opérateur qui gère un datacenter critique avec sa fibre ne peut pas garantir une connectivité complète hors de son réseau.

Faut-il en conclure que l'hypothèse d'un rachat d'Internet Fr par un gros opérateur ne serait pas aberrante ?

Internet Fr fait partie d'un groupe privé, EurAfNet, qui détient aussi l'hébergeur italien à valeur ajoutée Level IP avec un datacenter à Milan, et NameBay, un registrar de noms de domaines. Notre stratégie est d'évoluer et de grandir, ce qui est en train de se faire. Concernant l'évolution de nos offres, l'année en cours devrait être concentrée sur nos offres de sécurité. Nous constatons que 80 % des sites web sont facilement piratables. La plupart de ces sites tournent sur des applications délaissées par les clients.

Aujourd'hui, de plus en plus de prestataires proposent des serveurs dédiés. Mais assez souvent, ils vendent juste une machine et de la bande passante sans vendre avec les mises à jour des systèmes et des applications. Au bout d'un ans, celles-ci sont devenues très vulnérables, ce qui explique le fait que beaucoup, beaucoup de sites sont piratables. En ce qui nous concerne, nous expliquons aux clients qu'un firewall ne suffit pas car aujourd'hui la plupart des attaques les dépassent en intervenant à la couche 7 du modèle OSI (lire notre questions/réponses). Et c'est pourquoi Internet Fr a prévu de placer son atout sur la sécurité en 2002.


En novembre 2001, Domenico Surace devient président-directeur général de Internet Fr, à la succession de Marco Rinaudo parti diriger la nouvelle filiale italienne LevelIP. Entré comme directeur général à la création en 1995 du fournisseur de services d'hébergement de sites web, il est notamment titulaire d'une maîtrise en informatique et réseaux.

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