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Interviews

Marc Vincent
Directeur général Europe du Sud
PTC

"L'entreprise doit pouvoir coordonner les différents systèmes de PLM et de CAO"
          

Avec environ 4 000 collaborateurs répartis dans plus de 150 bureaux autour de la planète, PTC est un véritable poids lourd de la conception assistée par ordinateur (CAO) et de la gestion du cycle de vie des produits (PLM). Fondé en 1985, l'éditeur compte à présent plus de 33 000 références autour de ses progiciels, en tête desquels Pro/Engineer (CAO) et WindChill (PLM). Pour évoquer les besoins des entreprises en la matière, et resituer des domaines tels que la gestion des relations fournisseurs, nous nous sommes tournés vers son directeur Europe du Sud. Peut-on raisonnablement se lancer dans une gestion du cycle de vie de ses produits sans intégrer ses systèmes d'informations ? Et comment ? Marc Vincent dévoile un peu plus le dessous des cartes d'un marché qui, sans être nouveau, est promis selon une majorité d'analystes à un avenir très florissant.


Propos recueillis par François Morel le 15 avril 2002 .

JDNet Solutions: Quel est aujourd'hui le positionnement précis de PTC ?
Marc Vincent: En tant qu'éditeur de logiciels, PTC se dédie exclusivement au développement produits au travers de trois domaines : Create, Collaborate et Control. Sur la première partie, PTC est à l'origine un éditeur de la CAO (conception assistée par ordinateur), avec sa gamme Pro/Engineer. Partant de là, nous avons étendu notre offre avec un environnement de collaboration. Celui-ci implique plusieurs acteurs internes à l'entreprise, mais aussi à l'extérieur des bureaux d'études et toutes sortes d'autres partenaires.

Les sociétés aujourd'hui ne vivent pas de façon autarcique. Il faut savoir que sur des marchés comme l'aéronautique et l'automobile, 80 % des composants qui servent à élaborer le produit fini sont développés en externe. Par ailleurs, les acteurs du développement produit ne sont pas les seuls dans la boucle. Pour gérer un cycle de vie complet des produits, il faut aussi intégrer des acteurs du marketing, des ventes, de l'industrialisation et de la production, ainsi que de la maintenance.

Enfin, avant de pouvoir lancer les produits sur le marché, il faut pouvoir contrôler le contenu et le processus. Ici, nos outils ont pour but de structurer les informations et le processus de développement produits.

Quelle différence faites-vous entre un système de conception assistée par ordinateur, et un système de gestion du cycle de vie des produits ? Est-ce une question de collaboration ?
Le logiciel de CAO est l'outil dédié à la conception des géométries et des assemblages. A côté, le logiciel de PLM va permettre à l'utilisateur de la CAO d'aller rechercher des composants dans des catalogues, et va proposer au client un configurateur. Celui-ci pourra, par exemple, commander des meubles qui seront adaptés à la taille de sa cuisine. Le progiciel va donc prendre ces données émises par le client final, les remonter au bureau d'études, adapter la géométrie du produit, et transférer toutes ces informations à la production.

En même temps, le système de gestion du cycle de vie des produits comprend un outil de collaboration pour faire communiquer le marketing, la production, l'industrialisation, la maintenance et le SAV, la logistique, etc. L'objectif est que tous les acteurs ayant une influence sur le processus, ou qui sont impactés par le cahier des charges, puissent collaborer ensemble en bénéficiant du même niveau d'informations en temps réel.

De plus en plus d'éditeurs d'horizons différents, en particulier ceux de la gestion de la chaîne logistique comme I2, s'intéressent au PLM. Comment expliquez-vous cet engouement ?
PTC a lancé une campagne "Product First" en partant d'un constat évident. Après l'éclatement de la bulle "dotcom", tous les économistes se sont rendus compte que l'avantage concurrentiel d'une entreprise est intimement lié à la compétitivité de ses produits et des services qu'elle prodigue à ses clients. Que ce soit dans le domaine de l'aéronautique, du meuble ou de l'électronique, ce constat simple et pragmatique reflète la réalité. C'est pourquoi les éditeurs de logiciels, les cabinets de conseil, les intégrateurs et les producteurs de contenus sont tous convaincus que le marché du PLM va connaître une forte croissance dans l'avenir.

Plus concrètement, pourquoi ? Et quelles catégories d'acteurs sont, selon vous, les mieux armées pour affronter la demande du marché en matière de PLM ?
PTC est le seul éditeur sur le marché à être positionné uniquement sur la gestion du cycle de vie des produits. Nous avons 33 000 clients qui sont autant des grandes entreprises que des sociétés de taille moyenne et des PMEs. Nous leur fournissons des outils dans les domaines de la CAO mécanique et du PLM. Tous font partie d'une chaîne de valeur liée au développement produit, et tous ressentent le besoin de créer et de collaborer de façon contrôlée.

Pour répondre à votre question sur les acteurs les mieux positionnés, je dirais d'abord que ce sont ceux qui viennent de l'environnement de la CAO, dont PTC, mais aussi EDS après son rachat de Unigraphics, et SDRC. Ensuite, nous retrouvons Dassault Systèmes et d'autres recouvrant uniquement la gestion du cycle de vie des produits. Parmi ceux-ci, citons Agile et MatrixOne qui se distingue par son approche PDM (product data management), ou gestion des données produits. Après, nous retrouvons encore d'autres acteurs.

D'une manière générale, vous pouvez dessiner quatre cercles sur une feuille de papier : en haut le CRM (gestion de la relation client), en bas le SCM (gestion de la chaîne logistique), à droite les ERP (progiciels de gestion intégrés) comme SAP, et à gauche la gestion du cycle de vie des produits. Cette approche est un peu conceptuelle, mais c'est une image de la réalité car elle rend compte des quatre grands systèmes d'informations de l'entreprise.

Certes, mais les progiciels PLM proposés par des éditeurs aux positionnements historiques différents répondent-ils de la même façon aux mêmes besoins ?
Vous citiez I2 qui, par exemple, n'aborde pas complètement le marché du PLM mais doit s'intégrer au développement produit. Leurs solutions sont davantage tournées vers la logistique que vers une forte valeur sur du contenu. Aujourd'hui, tous ces systèmes d'informations doivent pouvoir communiquer, d'où l'importance de l'interopérabilité.

Dans ce domaine, PTC a des accords avec des partenaires de poids sur le marché, comme Siebel dans le domaine du CRM, mais aussi EDS qui est un concurrent. Nous avons procédé à un échange de connecteurs API (Application programming interface) car le maître mot d'un environnement de CAO est l'hétérogénéité. Et il faut donc permettre à l'entreprise de coordonner les différents systèmes, les siens et ceux de ses partenaires. De ce point de vue, nous avons notamment signé un accord avec Tibco autour de leur plate-forme EAI (Enterprise application integration) qui nous permet de nous connecter à d'autres systèmes d'informations.

Entre le PLM et les trois autres piliers applicatifs que vous avez cités, existe-t-il des noeuds d'intégration absolument critiques et incontournables ?
Prenons par exemple le CRM. Imaginez une société qui commercialise des équipements servant à la production. Son client a besoin des informations de maintenance et d'évolution de la machine qu'il a achetée. Pour cela, il appelle le revendeur dont le centre d'appels est géré par Siebel. Si ce dernier est interfacé avec notre produit WindChill, l'agent du centre va tout de suite savoir qui est son client et faire basculer la requête dans WindChill. Il pourra ainsi disposer d'une vision concrète de la problématique avec le prototype à l'écran. De plus, il pourra le partager électroniquement avec son client en ligne afin d'échanger des informations pour mieux comprendre le sens de la question posée.

De quel type d'intégration s'agit-il ?
Dans ce cas, ce sont des informations comme des données géométriques ou des graphiques. Il est important que le système puisse fédérer des informations et les mettre en forme de façon exploitable. Pour accéder à ces informations, les utilisateurs dans les entreprises vont utiliser différents systèmes. Les personnes du bureau d'études vont principalement se servir des outils de conception assistée par ordinateur et de gestion des données produits. Et Celles qui sont en charge de la gestion de la relation client y accèderont à travers Siebel, dans l'écran duquel une fenêtre va s'ouvrir avec les données transmises par WindChill.

En parallèle, un autre noeud critique de l'intégration se situe entre le système de PLM et l'ERP. Les personnes dans les bureaux d'études vont devoir transférer des informations à leur progiciel de gestion intégré, comme par exemple tout ce qui concerne la structure du produit. Du côté de l'industriel, le produit aura une nomenclature telle qu'il faudra transférer cette information du module de gestion de production au sein du système de PLM, dans l'ERP. Concernant l'intégration entre la gestion de la chaîne logistique et la gestion du cycle de vie des produits, enfin, il sera important de pouvoir suivre la disponibilité en stock de certaines pièces.

Vous avez évoqué un exemple d'intégration avec Siebel. Cela fonctionne-t-il de la même manière lorsque vous devez vous interfacer avec des progiciels concurrents en environnement hétérogène ?
C'est l'un des atouts de PTC que d'être capable de gérer des données hétérogènes au niveau de la CAO. Notre client peut visualiser dans notre interface des modèles qui ont été conçus avec les progiciels de Dassault Systèmes, Unigraphics, etc. Nous donnons accès à tous ces environnements à travers un navigateur intégré, comme si ce dernier était l'extension logique du poste de travail. Le client WindChill est directement intégré à Pro/Engineer. Mais si vous utilisez Catia de Dassault, nous fournissons des interfaces qui permettent justement d'intégrer les modèles de pièces et d'assemblages, et les méta-données référencées dans WindChill.

Ensuite, pour la relation entre la CAO et le PLM, nous avons besoin d'une application PDM (product data management) qui va prendre en charge la gestion des demandes de modification, que l'on appelle les ECR (Engineering change requests). Une fois approuvées, les ECR deviennent des ECO (Engineering change orders). Dans le PDM, nous retrouvons aussi la gestion de la configuration avec des options variantes. Ceci est du PDM pur. Et en aval du cycle de vie se trouveront toutes les applications de maintenance, avec le SAV qui est une des composantes du PLM.

...et aussi la gestion du retour des produits en fin de vie, si je ne me trompe. Comment gérez-vous ces aspects ?
Après, nous retrouvons en effet le démantèlement. Et là, nous pouvons utiliser de la même façon l'outil PLM pour pouvoir définir les processus de démantèlement et de stockage de toutes les données liées à la fin de vie du produit et à sa traçabilité. Parmi nos clients français, Air France Industries utilise WindChill pour ses applications de maintenance. Quand un avion rentre pour ce qu'ils appellent les "grandes visites", il est complètement démonté pour examen des composants avant d'être remonté. Dans ce cadre, toutes les étapes sont gérées et documentées dans WindChill.

Avec vos outils axés "Collaborate", vous êtes un acteur situé en amont de la gestion des relations fournisseurs (SRM). De quelle continuité l'entreprise a-t-elle besoin avec la partie en aval de ce processus ?
Il doit forcément y avoir un lien entre les deux, et nous nous devons de nous connecter avec les systèmes de gestion de la chaîne logistique. A côté, nous proposons aussi des outils comme PartsLink qui permet aux sociétés d'exploiter un catalogue dans lequel vont cohabiter des composants standards et d'autres "semi-customisables" (semi-paramétrables). Parmi nos références autour de cet outil figure SKF qui fabrique des roulements. Quand l'entreprise cliente de fournisseurs a trouvé un composant dont elle a besoin, elle peut en télécharger le modèle géométrique issu de la CAO, et avec lui toutes les méta-données qui caractérisent ce composant. Là encore, il est important d'avoir un lien pour voir si le produit est référencé aux achats d'une part, et s'il est référencé aussi dans le système de gestion de la chaîne logistique.

Vous avez récemment signé un partenariat avec Groove. Comment leurs technologies de collaboration peer-to-peer se combinent-elles avec vos produits ?
Cet accord permet aux utilisateurs de notre logiciel Pro/Engineer de pouvoir travailler simultanément et en temps réel à travers le web sur un modèle CAO, que ce soit d'une pièce ou d'un assemblage. Le peer-to-peer apporte un niveau de performance qui est sans équivalent. Et quand je dis performance, cela s'applique à la manipulation de ces modèles géométriques.

A présent, quelles orientations produits allez-vous poursuivre dans le développement de votre offre ?
Aujourd'hui, nous proposons d'ores et déjà la suite applicative la plus complète du marché. Au premier niveau, nous travaillons sur des solutions prépackagées comme PDMLink qui est un ensemble compact dérivé de WindChill à l'attention des industries manufacturières. Nous y avons inclus par défaut des options de demande de modification et de gestion de configuration qui sont adaptées aux spécificités du marché. Pour la gestion des demandes de modification, par exemple, ce sont trois processus différents qui sont pris en charge.

L'ensemble est combiné avec une offre de services qui va nous permettre d'implémenter ce type de solutions en cinq semaines, ce qui est extrêmement rapide. Cela va nous permettre de répondre à des besoins précis de la part de grandes entreprises, mais aussi de nous adresser à des sociétés plus petites. Et ce, tout en offrant un retour sur investissement (ROI) et un coût total de possession (TCO) très compétitifs. Maintenant, il faut bien comprendre que ce type de solutions ne va pas combler de façon globale les besoins d'une société comme Airbus, mais répondre à des demandes spécifiques ou à des attentes de PMEs.

En parallèle, nous travaillons aussi sur les aspects qui ont trait à la conduite du changement, avec de grands cabinets de conseil. Nos partenaires ont ici pour noms Accenture, Cap Gemini Ernst & Young, CSC, PricewaterhouseCoopers, Deloitte et Andersen. Pour nous, c'est une orientation très importante car nous sommes un éditeur indépendant. Et travailler de concert avec des sociétés de conseil nous permet d'apporter un meilleur service à nos clients.


Aujourd'hui directeur Europe du Sud de PTC, Marc Vincent, 38 ans, a rejoint l'éditeur en avril 1993 pour créer sa filiale espagnole, avant d'être nommé en France directeur régional puis directeur général. Diplômé de l'Ecole Supérieure d'Informatique Electronique Automatique (ESIEA), il a également travaillé chez Control Data pendant 6 ans au poste de directeur commercial de la ligne de produits ICEM.

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