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Solutions : Nous avons appris que vous veniez d'ouvrir
un second datacenter en région parisienne. Le
premier ne suffisait-il plus ? Et comment se fait-il
que vous ne l'ayez pas officiellement annoncé
?
Matthieu Reynier :
Nous n'avons pas trop souhaité l'ébruiter
car 10 000 m2, cela constitue quand même
une surface importante et l'on ne peut pas dire que
le marché de l'hébergement soit au beau
fixe. En particulier, ce genre d'annonces peut être
néfaste vis-à-vis des groupes d'investisseurs.
En fait, nous arrivons à la fin du centre Bessières
où il ne nous reste plus qu'une petite dizaine
de rangées. Or, nous commençons à
multiplier les très gros clients.
Pour l'instant, nous n'occupons qu'une salle sur les
sept possibles dans le nouveau centre aux Ulis. Nous
ne payons que ce que nous avons ouvert, et qui correspond
à une capacité de 600 baies. D'un
point de vue technique, nous avons accru la densité
de ports disponibles pour l'ensemble de la salle. Nous
avons aussi amélioré les fonctions de
haute disponibilité de nos clusters en choisissant
un modèle plus tolérant au niveau commutation
et matériel de routage. Ce dernier est à
la fois plus simple pour nous et plus évolutif.
Nous n'avons pas de limitation en nombre de ports pour
l'arrivée de la fibre, etc.
Vous
n'êtes donc pas impactés par les difficultés
de remplissage des centres que semblent connaître
de nombreux hébergeurs... ?
Nous sommes dans une bonne situation
par rapport à la concurrence. Nous sommes arrivés
plus tôt que les autres sur le marché de
l'hébergement, et nous avons reçu un écho
positif assez rapidement avec la signature rapide de
nombreux clients. Aujourd'hui, ceux-ci grossissent tandis
que nous en accueillons de nouveaux. Autrement, nous
entendons effectivement parler des problèmes
de remplissage des salles blanches, mais cela concerne
plutôt des opérateurs qui ne génèrent
pas beaucoup de valeur ajoutée.
Adoptez-vous, comme c'est
une tendance actuelle du marché, le tournant
vers un positionnement MSP (Managed Service Provider)
d'infogéreur web ?
Aujourd'hui, les clients recherchent
essentiellement des hébergeurs positionnés
de façon basique sur la colocation. Mais en même
temps, ils ne veulent pas se disperser par rapport à
un nombre croissant d'interlocuteurs. Par rapport à
leur évolution à moyen/long terme, ils
doivent d'une part penser à faire évoluer
leur architecture, les fonctionnalités de leur
site ou de leur plate-forme. Ceux qui sont présents
chez nous savent qu'ils peuvent nous faire confiance
pour prendre en compte leurs évolutions. D'autre
part, ils doivent pouvoir s'adresser à un seul
interlocuteur, ce qui est également possible
chez nous car nous mettons dès le départ
à leur disposition un consultant avant-vente.
Une telle démarche
suppose un certain effort logistique. Qu'avez-vous déployé
(hommes, choix techniques...) pour arriver à
répondre à des demandes complexes, notamment
en terme de qualité de service ?
Ce sont surtout des hommes qu'il a fallu
employer. Notre importante progression n'a été
possible que grâce à l'appui d'Apogée
Communications que nous avons rachetée au début
de l'été 2001 (voir
article). Nous pouvons ainsi déléguer
auprès de chaque client du personnel avec des
compétences très pointues, y compris pour
définir des architectures de sécurité
dédiées.
Au niveau des outils par rapport à la qualité
de service, nous avons déployé des solutions
de BMC Software pour la partie monitoring. Mais ce n'est
pas la panacée pour des raisons de complexité
d'usage, et de flexibilité de la part de l'éditeur.
Nous avons aussi une infrastructure Cisco Info Center
développée à partir de l'offre
Netcool de Micromuse. Cela nous permet de corréler
les alarmes et de bien gérer les remontées
au niveau des tests d'URLs et de ports. Tout le montage
de l'architecture a été supervisé
par Apogée. Autrement, nous donnons une visibilité
au client sur la gestion de sa qualité de service.
Il s'agit, au travers d'un portail, d'une visibilité
réseau en fonction des SLAs (accords sur la qualité
de service) sur lesquels nous nous engageons.
Votre gamme de services a
également subi une refonte. Pouvez-vous nous
en dessiner les grandes lignes ?
Nous disposons aujourd'hui d'un catalogue
très large au sein duquel nous nous sommes essayé
à un découpage modulaire de nos offres.
Ce sont 120 services différents en fonction
desquels nous montons l'architecture par rapport à
notre modèle avant-vente, et qui sont regroupés
en six grandes parties.
La première couche correspond à la Premium
Colocation, c'est-à-dire des mètres carrés,
de la bande passante et la supervision du réseau
et des applications. Le deuxième ensemble regroupe
les services d'infrastructure dédiée,
avec tout ce qui est matériel, serveurs, licences,
cache réseau, liaisons VPN, répartition
de charges... le tout sous un angle strictement dédié.
La troisième couche correspond à ce que
l'on appelle les Management Services, c'est-à-dire
toute la gestion des serveurs et des services. Si l'architecture
du client rencontre un problème, c'est Colt qui
est responsable, qui remonte les alertes, gère
les fichiers logs, etc. Nous endossons une totale responsabilité
vis-à-vis de l'architecture et des serveurs sur
lesquels nous nous engageons. A noter que nous distinguons
les Managed Services qui regroupent tout des Management
Services qui concernent seulement la troisième
brique.
Après viennent les trois derniers ensembles modulaires.
L'un d'eux rassemble les services de sécurité
avec des fondamentaux comme le firewall. Nous en proposons
trois ou quatre sortes selon le niveau demandé.
Dans ce groupe figurent également les sondes
réseaux et systèmes, les tests de vulnérabilité,
les audits de sécurité et la définition
d'architectures de sécurité. Ensuite,
l'avant-dernier module regroupe tout ce que Colt met
à la disposition de ses clients en mutualisé
: les caches - statiques ou CDN (Content Distribution
Networks) -, la répartition de charges, les firewalls,
etc. Enfin, la dernière couche de modules englobe
tous les aspects liés à la qualité
de service, comme la mise à disposition d'un
chef de projet, le portail QoS dont je vous ai déjà
parlé, et l'administration des réseaux
étendus, locaux et systèmes dédiés.
Vous n'avez pas cité
la mise à disposition de logiciels en mode ASP
(à la location en ligne). Est-ce simplement un
oubli de votre part, ou n'avez-vous pas d'offres en
la matière ?
Si nous en avons, qui sont soit existantes,
soit émergentes. Les premières sont incluses
dans la brique de services mutualisés, et comprennent
des outils comme les statistiques et la mesure d'audience.
A partir de juin, nous allons aussi proposer des modules
de forums et de moteurs de recherche.
Il y a quelques mois, votre
concurrent Verio évoquait sa stratégie
de monter dans l'hébergement applicatif à
forte valeur ajoutée, avec des clients sur du
Peoplesoft ou du SAP. Est-ce un domaine auquel vous
vous intéressez ?
Nous le pratiquons déjà
en colocation. D'autre part, nous allons continuer grâce
à l'acquisition d'Apogée qui, je vous
le rappelle, s'organisait en trois départements
: sécurité, qualité de service
et CRM. Nous sommes en train de mettre en place des
équipements avec des logiciels consacrés
à la gestion de la relation client.
Dans une étude sur
le CRM justement, le cabinet IDC prévoit un essor
important des services d'hébergement en relation.
Qu'en pensez-vous ? Et à quoi cela correspond-il
?
Jusqu'à présent, l'activité
d'Apogée dans le domaine du CRM se définit
par le fait de monter des plates-formes de gestion de
la relation client, des services vocaux interactifs,
etc. mais en interne chez le client dans ses propres
salles blanches. Aujourd'hui, nous avons l'intention
d'exploiter les compétences d'Apogée dans
l'administration des applications CRM. Les investissements
de nos clients dans le Web ne sont pas toujours rentables.
A part de grands sites de commerce électronique,
les portails qui sont parfois complexes reviennent très
chers, et donc nous voulons aider nos clients à
améliorer leur rentabilité.
Du point de vue de l'hébergeur, cela signifie
le fait de permettre aux sociétés de générer
des économies d'échelle en leur donnant
la possibilité d'externaliser la gestion de ces
systèmes. Nous allons bientôt pouvoir proposer
des infrastructures mutualisées qui vont faire
chuter les coûts pour le client. En matière
de CRM, mais aussi dans d'autres domaines applicatifs,
l'émergence de technologies comme XML et les
Web Services rend de plus en plus possible le rapprochement
des capitaux et des investissements IT internes. Aujourd'hui,
ce sont des outils installés chez nos clients,
qui ne les exploitent et ne les utilisent que pour leurs
besoins internes. Demain, nous pourrons les intégrer
chez nous avec les sites Internet ou extranet en piochant
directement les informations dans leurs systèmes
centraux.
Avez-vous signé des
partenariats avec des éditeurs de progiciels
CRM ?
Oui, mais je ne peux pas vous en dire
plus pour l'instant.
Il semblerait également
que vous soyez en train de répliquer votre modèle
d'hébergement français dans d'autres pays.
Est-ce exact ?
Tout à fait, c'est le modèle
qui a le mieux fonctionné. Nous le répliquons
dans toutes les régions, y compris la Grande-Bretagne.
Les gains sont bien sûr pour les autres pays (et
non la France), qui vont pouvoir évoluer au delà
de la simple colocation et du monitoring.
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