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Solutions : Enterprise Profit Optimization, votre
slogan, contraste un peu avec celui de votre concurrent
frontal I2, Dynamic Value Chain Management. Pourriez-vous
nous expliquer les différences subtiles entre
votre positionnement et le leur ?
Terry Austin :
Ces différenciateurs sont très descriptifs
et je crois qu'ils représentent bien les tendances
de nos offres. Bien sûr, notre coeur de métier,
la gestion de la chaîne logistique demeure une
partie importante de nos activités. A présent,
nous regardons dans deux directions différentes.
La première reste le supply chain management
sous un angle traditionnel avec la planification et
le suivi (execution). La deuxième est héritée
des deux principaux défis identifiés autour
de cette première approche historique. D'une
part, le signal en provenance de la demande n'était
jamais perçu de façon exacte au sein de
la chaîne logistique. Les fournisseurs ne savaient
pas comment la demande évoluait précisément
produit par produit et pays par pays.
D'autre part, imaginons que je sois un équipementier
comme Cisco et que je fabrique des matériels
réseaux. J'ai 1000 fournisseurs chez qui j'achète
des pièces détachées que je vais
assembler ensuite. Si je veux un serveur, je vais voir
une société comme Selectron qui va regarder
ce dont j'ai besoin et le rechercher auprès de
ses fournisseurs. Cela représente au final un
grand nombre de processus et de personnes impliquées,
avec en conséquence des entrées imprévisibles.
La question pour moi est de savoir comment accroître
ma visibilité sur la chaîne logistique.
Plus l'on s'éloigne de son point de contrôle,
et plus il est difficile de prévoir ce qui peut
arriver.
A partir de là, nous nous sommes demandés
dans quelle direction poursuivre nos travaux. Finalement,
nous avons opté pour le champ de la tarification
et de l'optimisation.
Ces technologies sophistiquées permettent de
déterminer les meilleurs prix en fonction des
charges et des niveaux de service. Or si vous augmentez
le prix, vous obtiendrez peut-être plus d'argent
mais vous pouvez aussi réduire la demande. Et
l'inverse est aussi vrai. Il n'est donc pas simple de
prendre la meilleure décision, d'autant que le
prix dépend également du lieu de production
et des distances à parcourir pour la livraison.
Quand je détermine le prix, j'exerce un certain
contrôle sur la demande. Maintenant si je regarde
le signal en provenance de cette dernière, il
faut que je fasse correspondre le contrôle que
j'exerce avec ma capacité de répondre
à la demande, en fonction des coûts sous-jacents.
Et si j'obtiens tous ces éclaircissements, je
peux marger. L'optimisation du profit de l'entreprise,
c'est tout cela : d'abord la demande, puis le prix,
et enfin la marge.
Quelles
sont les nouveautés de la dernière version
de votre plate-forme, la 7.0 que vous venez de dévoiler
?
Dans cette version, nous nous sommes
concentrés sur quatre grands aspects. Tout d'abord,
nous avons substantiellement amélioré
la visibilité de l'entreprise sur les données
opérationnelles à l'intérieur de
ses systèmes d'informations et de ceux de ses
partenaires, en renforçant la notion de temps
réel. Deuxièmement, nous avons introduit
un portail flexible et un moteur de workflow métier,
en appui sur une architecture web. Nous pouvons ainsi
nous adapter à chaque utilisateur individuellement,
en lui donnant accès à son travail dans
le même client Internet qu'il utilise d'habitude.
Grâce à cela, le coeur du système
peut aussi être administré de façon
centralisée.
Ensuite, nous avons nettement enrichi les modèles
des fonctions verticales que nous proposons en fonction
du type d'industrie, en y intégrant davantage
de bonnes pratiques et de processus métiers selon
les pré-requis. Actuellement, nous supportons
13 modèles verticaux correspondant à 8 secteurs
de l'économie. Et enfin, nous nous appuyons désormais
sur une architecture ouverte avec le support des principaux
standards de web services : SOAP, WSDL, XML et des spécifications
dérivées.
Vous avez lancé une
solution de gestion des relations fournisseurs (SRM).
S'agit-il de sourcing
stratégique, de supply
chain collaboration... ? Quelle place occupe, selon
vous, le supplier enablement dans le SRM ?
Il s'agit de la collaboration au sein
de la chaîne logistique, mais aussi de la gestion
du sourcing, des pièces détachées,
des ordres d'achat, et de la livraison. La solution
comprend également le suivi et l'évaluation
des relations en terme de visibilité.
Dans le cadre du SRM, le supplier enablement a pour
vocation d'inciter les fournisseurs à participer
aux flux d'informations, de la chaîne logistique
et de la gestion des marges. La motivation du fournisseur
dépend de l'approche logique déployée
par le client. Pour les fournisseurs, le principal bénéfice
est d'obtenir une meilleure connaissance des demandes
et des conditions du client. Ensuite, il peut parfois
bénéficier d'une baisse des coûts
de transport, entre autres. Ce que nous voyons dans
la réalité, ce sont des clients qui en
font vraiment beaucoup pour faire participer les fournisseurs.
Ceci dit, il ne faut pas oublier que ce sont généralement
20 % des fournisseurs qui contribuent à
80 % du volume des échanges. Les plus grandes
entreprises auront la capacité à l'avenir
de faire participer tout le monde. Mais franchement,
la véritable question est plutôt de savoir
comment rester compétitif.
Quelles différences
identifiez-vous entre l'approche des entreprises européennes,
dont les françaises, et celle des américaines
vis-à-vis du SCM et du SRM ?
C'est une très bonne question.
Je pense que les européens et les français
sont, par certains côtés, plus rigoureux
dans leur analyse des solutions et dans leurs prises
de décision. Et une fois qu'ils se sont engagés,
ils sont plus enclins à rester sur leurs choix.
A côté, je dirais que les américains
sont plus intéressés par ce qui est "hype",
ou à la mode. Les européens se sentent
moins concernés par les "buzzwords".
Et c'est la raison pour laquelle nous avons plus de
succès sur le marché européen.
Existe-t-il d'autres différences
dans le fonctionnement même de ces marchés
? Dans la façon dont les entreprises de chaque
côté de l'Atlantique mènent leurs
affaires ?
Les différences sont surtout culturelles.
En même temps, les problèmes que nous résolvons
sont assez similaires, même s'il existe parfois
des situations uniques. En général, les
façons de mener les affaires sont plutôt
différentes lorsque l'on aborde les questions
du transport et des routes, des enjeux culturels du
business et du langage, par exemple. Nous avons affaire
à des entreprises présentes sur les trois
principaux continents, et qui veulent des solutions
globales. Des différences existent aussi entre
la France, le reste de l'Europe et les Etats-Unis quant
à la manière dont les entreprises veulent
être servies. Nos clients français, par
exemple, ont une façon particulière de
demander du support.
Manugistics a racheté
ces dernières semaines deux éditeurs,
Digital Freight et Western Data Systems. Quelle est
votre stratégie derrière ces acquisitions
?
Ce sont deux acquisitions très
différentes, même si elles présentent
quelques similitudes dans leur forme. Les deux sociétés
que nous avons reprises sont relativement petites en
terme de chiffre d'affaires, mais significatives dans
ce qu'elles nous apportent.
Commençons par Western Data Systems. Avec eux,
nous récupérons une forte pénétration
en terme de base installée sur le marché
de l'aéronautique, de l'industrie spatiale et
de la défense. WDS existe depuis 17 ans,
et sert les intérêts de clients comme Boeing,
Lockheed Martin et BAE. Cet éditeur dispose également
d'une forte présence dans les institutions, en
particulier le Department of Defence (DoD, le ministère
de la défense américain) et les armées
comme l'US Navy et l'USAF. Dans le même temps,
sa solution est aussi complémentaire de la nôtre
en terme de gestion des pièces détachées
et des composantes de services en relation. Notre stratégie
est de porter ces technologies au delà de leur
vision sectorielle, vers les marchés des télécommunications
et de l'industrie par exemple.
De son côté, Digital Freight propose une
solution de gestion des dépenses très
approfondie. Leur positionnement est très spécifique.
Ils fournissent une gestion collaborative des appels
d'offres et des propositions d'affaires. Sur le marché
b-to-b, ils participent aux réseaux d'échanges
du secteur de la chaîne du froid et du transport.
Ce rachat devrait aussi nous être très
bénéfique en terme d'acquisition de nouveaux
clients. 1 800 opérateurs de transport
et 40 affrêteurs exploitent actuellement
la solution Digital Freight. Grâce à eux,
nous allons pouvoir promettre de réduire le délai
dont le client a besoin pour exécuter ses transactions,
et de réduire le coût du transport d'environ
30 %.
Voyez-vous le mouvement de
consolidations se poursuivre sur le marché des
applications b-to-b ?
Je pense que ce mouvement va se poursuivre.
En particulier, le marché de la gestion du cycle
de vie des produits devrait se consolider. Les acteurs
du b-to-b vont être moins nombreux. Par exemple,
Atlas Commerce n'existe plus aujourd'hui. Nous continuons
d'anticiper un grand nombre d'opérations sur
le marché.
Y compris entre les plus grands
éditeurs, comme Manugistics... ?
Je pense que l'avenir nous le dira. En ce qui nous concerne,
notre objectif est de continuer à nous établir
sur le marché auquel nous participons.
Avez-vous l'intention de prendre
pied dans le domaine de la gestion du cycle de vie des
produits ?
C'est un secteur que nous regardons avec
intérêt pour l'avenir. Pour l'instant,
nous avons un partenariat avec Agile, et nous allons
éventuellement signer des accords avec d'autres
éditeurs. Nous avons des plans, mais il n'y a
rien de définitif que je puisse vous annoncer
aujourd'hui. Ce que je peux vous dire aussi est que
nous avons des relations avec Dassault Systèmes
sur l'intégration croisée de nos solutions
chez un fournisseur de services, et que nous avons de
très bons résultats.
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