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Solutions. Quels sont les défis auxquels sont
confrontés les gestionnaires des systèmes
de stockage en ce moment ?
Jon Toigo.
Sans conteste l'explosion du volume des données -
et la complexité croissante des infrastructures -
alors que les budgets alloués au stockage ne
cessent de se restreindre. Lorsque l'espace se met à
manquer, les administrateurs n'ont plus toujours la
possibilité d'investir dans du nouveau matériel :
il faut alors trouver des solutions alternatives pour
faire plus avec moins...
Quelles
sont-elles ?
Avant tout, il faut se méfier
des solutions miracles. On entend par exemple beaucoup
dire que la mise en place d'un SAN (NDLR: Storage
Area Network) met tout à plat, et que la
gestion des îlots de stockage devient tout à
coup transparente. C'est un mythe qui a la peau dure :
un SAN coûte cher, et il complique
les choses bien plus qu'il ne les simplifie. Il y a
d'ailleurs très peu d'outils d'administration
qui sont capables de piloter un SAN de façon
efficace.
Il
n'y a pas de solution pour optimiser le stockage ?
Si, et elles reposent sur des logiciels
bien sûr. A mon sens, le gestionnaire a tout
intérêt à procéder dans un
ordre bien précis : apprendre à mieux
connaître son infrastructure, isoler les besoins
critiques des applications et des utilisateurs, et automatiser
l'optimisation du système. De nombreux produits
prétendent affiner votre vue sur l'infrastructure
de stockage, mais la plupart du temps ils contribuent
surtout à noyer l'administrateur sous une quantité
invraissemblable de rapports statistiques. Il y a une
solution : se concentrer sur l'essentiel en ne
ciblant que ce qui est indispensable au fonctionnement
d'une ligne métier - ou d'un utilisateur.
C'est une démarche qui demande un véritable
effort de définition des lignes de métier
stratégiques, et qui permet de hiérarchiser
les problématiques au maximum afin de se concentrer
sur l'essentiel. Par la suite, on peut faire appel à
des outils automatiques qui agissent selon des règles
d'optimisation.
Les
logiciels de stockage sont enfin capables de fonctionner
de façon autonome ?
Pas tous - et à vrai dire
les solutions les plus universelles elles-même
ne pourront jamais supporter les 17 000 plates-formes
de stockage qu'on rencontre dans la nature. Il faut
donc opter pour une approche stratégique :
si l'on a la chance de renouveller intégralement
son matériel, il faut investir dans la -
ou les - marques qui sont supportées par
son SRM (Software Resource Manager). Si -
au contraire - on renouvelle l'infrastructure au
compte-goutte, autant opter pour une transition progressive
vers une marque compatible avec son SRM, quitte à
ce que la transition prenne des années. Je ne
crois pas aux solutions instantanées - c'est
une idée qui n'a pas de sens. Un bon système
de gestion du stockage se construit dans la durée.
Les administrateurs ont tendance à négliger
ce point capital d'une bonne stratégie :
il ne faut pas acheter un matériel de stockage
d'abord en fonction de l'application qui lui est destinée,
mais plutôt en fonction de sa compatibilité
avec le SRM qu'on utilise. D'où l'intérêt -
soit dit en passant - d'opter pour un SRM compatible
avec un maximum de produits.
Bluefin,
ISCSI, etc ... Que faut-il espérer des normes
futures ?
L'expérience m'a appris à
me méfier des normes. Le monde du stockage est
pavé de bonnes intentions, mais lorsqu'il s'agit
de mettre à la disposition des clients une norme
vraiment efficace, les choses commencent à se
compliquer. Il y a toujours un fabriquant pour bloquer
le mouvement, et tout faire capoter. Pour être
tout à fait franc, je ne crois pas que Bluefin
permettra de faire communiquer tous les matériels
de stockage avec facilité afin de les administrer
de façon globale. De façon générale,
je ne fais pas confiance aux éditeurs pour développer
quoi que ce soit d'effectif dans ce domaine. Par contre,
je pense que le rapprochement du SAN et du NAS est en
cours, et qu'il parviendra à bon port. Certains
produits font appel aux deux standards, simultanément :
le marché est demandeur de solutions. Il faut
donc surveiller de près les évolutions
de l'iSCSI - encore trop lent mais en cours d'optimisation -
et d'une autre norme qui devrait faire parler d'elle :
l'Iwarp - qui sera très rapide.
Les
SRM font-ils des progrès ?
Il y a une foule de jeunes pousses qui
adressent des problématiques bien particulières -
dans le domaine de l'optimisation - et qui éditent
des produits très intéressants. Je pense
au stockage des mails, qui a fait des progrès remarquables
ces derniers temps. Le mail est typiquement un fichier
difficile à administrer pour le gestionnaire :
seul l'utilisateur final est capable de dire s'il faut
conserver ou jeter chaque mail. Pourtant un petit éditeur -
dont le nom m'échappe - est parvenu à
isoler un certain nombre de règles qui permettent
d'alléger considérablement les boites à
lettres. Au chapitre des améliorations, je dois
aussi citer le produit de Avamar qui permet de diviser
par trois la taille des sauvegardes de fichiers en provenance
de différents serveurs en éliminant les
doublons. Mentionnons encore Tek-Tools, qui fait aussi
bien que Veritas avec du code Java et pour un coût
largement inférieur. Il faut garder les oreilles
ouvertes.
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