L'Itanium,
le fameux processeur 64 bits d'Intel a-t-il réussi
une percée ?
Karen Benson.
Il est encore beaucoup trop tôt pour le dire.
Les premières configurations équipées
en Itanium débarquent à peine, et -
ce qui est plus gênant encore - il y a peu
d'applications réécrites pour tourner
sur ce processeur. Ce qui limite beaucoup le nombre
des clients potentiels.
Qu'en
sera-t-il demain ? Le 64 bits selon Intel va-t-il
balayer les processeurs 64 bits haut de gamme de Sun,
et ceux des autres grands fabriquants ?
Le Gartner ne partage pas cette vision.
En dehors d'HP - qui va arrêter la production
de ses processeurs 64 bits pour passer à l'Itanium -,
les autres fabriquants vont tenir le choc. Le leader
sur le milieu de gamme devrait rester Sun, et IBM devrait
réussir à conserver ses parts de marché.
Cette analyse est valable pour les 5 à 10 années
qui viennent. La raison
en est la suivante : les serveurs de Sun et d'IBM
jouissent d'une grande base installée, de compétences
fortes et d'un grand nombre d'applications stables.
Et
serveurs
bas de gamme : Intel va-t-il continuer de progresser ?
Sans aucun doute. Intel va continuer
de grapiller des parts de marché sur les serveurs
à moins de 5 000 euros. Mais ce ne sera
pas une déferlante : encore une fois, le
poids des habitudes, les exigences du parc installé,
et les spécificités des logiciels utilisés
font que les choses bougent lentement.
Mais c'est à coup sûr
ici qu'Intel va gagner des parts de marché dans
les années qui viennent. Les solutions basées
sur ces processeurs sont très intéressantss,
on trouve aujourd'hui des serveurs Intel très
compétitifs qui montent jusqu'à 32 processeurs chez
Unisys.
Quels
types de serveurs ont le vent en poupe ?
Le contexte est houleux : nous traversons
donc une période de consolidation. Du côté
des serveurs, il y a deux façons de consolider
son parc : on peut éviter les grosses dépenses
en achetant au cas par cas un petit serveur pour faire
face. On peut aussi regrouper des dizaines de serveurs
en une seule machine, très puissante. Le résultat
est le même : on fait des économies.
En toute logique, ce sont donc les serveurs en rack
à moins de 5 000 euros et les gros serveurs
à plus de 500 000 euros qui se portent bien.
Quels
sont les acteurs qui tirent leur épingle du jeu ?
En Europe, Sun est le seul à avoir
vendu plus de serveurs en 2002 qu'en 2001. Mais précisons
que l'année 2001 avait été catastrophique
pour le fabriquant : Sun avait tout misé
sur les jeunes pousses et les télécoms.
Le constructeur a donc vite déchanté,
et a été obligé de réorganiser
sa force de vente de fond en comble.
IBM et Dell limitent bien la
casse : ils n'ont subi que 5 % de baisse sur
les trois premiers trimestres. C'est HP qui recule le
plus, avec 21 % de contraction de son chiffre d'affaires.
A mon avis, il s'agit là d'un recul provisoire,
qui sera compensé dés que HP France aura
achevé la fusion.
C'est
à dire ?
Dans six mois environ. Pour l'instant,
les réseaux de distribution ne sont pas tout
à fait au point.
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