TCO,
ROI, NPV ... A quel indicateur faut-il faire confiance ?
Hervé Payan.
A tous ! Chaque indicateur a un intérêt.
Il faut les utiliser tous, car c'est à la croisée
de leurs qualités respectives que l'on peut juger
de la pertinence d'un budget. Plusieurs indicateurs
sont toujours préférables à un
seul. Mais j'insiste sur ce point : il ne faut
utiliser que les indicateurs que l'on sait lire. Il
faut connaître les travers de chaque ratio pour
ne pas se laisser tromper. C'est très important.
Ou
vais-je obtenir le TCO de la solution que je convoîte ?
Dois-je le calculer moi-même ? Le piocher
dans la base du Gartner ? Ou même faire venir
un consultant chez moi ?
Il
faut à tout prix éviter de l'acheter au
Gartner : les TCO dont ils disposent sont des TCO
génériques, lissés comme une moyenne.
On sait que le TCO d'un poste de travail peut varier
du simple au quintuple selon les applications qu'on
lui assigne. Il faut donc calculer les TCO sur mesure,
et de préférence déléguer
cette tâche à une personne spécialisée
dans le domaine : les cabinets de consultants ont
des méthodologies pointues et précises -
IDC, Gartner et Giga le font très bien. Mieux
vaut se fier à eux que de faire sa petite cuisine
dans son coin : on risque dans ce cas là
de grosses erreurs. Mais j'insiste sur ce point :
le TCO n'est qu'une évaluation, pas un chiffre
gravé dans le marbre.
Un
TCO bien calculé n'est donc pas fiable ?
Il peut l'être à peu de
choses près, mais à deux conditions. La
première : éviter de polluer le TCO
avec des coûts indirects. Lorsque l'on prend en
compte ces coûts indirects - comme le temps
d'inactivité d'un employé quand son ordinateur
est en panne -, on s'eloigne du concret. Chez EDS,
nous aimons le concret, les choses qui se voient dans
un bilan.
Il y a une deuxième
condition, encore plus capitale : il faut toujours
raisonner en terme de fourchette. Lorsqu'on vous communique
un TCO qui tient tout entier dans un chiffre, méfiez-vous :
il se peut qu'en faisant varier très lègèrement
l'un des paramètres du calcul, le TCO change
du tout au tout. Il faut toujours refaire les calculs
en évaluant la stabilité du TCO, sa résistance
aux changements. Et au final, on fera son choix sur
une fourchette, avec une hypothèse haute -
un réglage des paramètres favorable -
et une hypothèse basse - un réglage
des paramètres particulièrement défavorable.
Que
pensez-vous du TEI ?
C'est une avancée majeure dans
la gestion des projets informatiques. Mais il faut y
faire très attention : pour votre fournisseur,
le TEI est l'indicateur idéal pour vous convaincre
de la rentabilité d'un investissement qui est
en réalité bancal. On peut monter des
calculs de rentabilité fumeux basés sur
des économies lointaines, éparpillées
dans les "business units". Il faut lire le
résultats d'un TEI avec un grand sens critique
et une grande lucidité, surtout lorsque l'on
y est pas habitué. Alors oui, le TEI est un outil
excellent, mais il faut s'en méfier. A la rigueur,
il vaut mieux banir toute étude de TEI qui n'est
pas "maison", et surveiller votre propre honnêteté.
Vous
utilisez le TEI ?
Mes clients ne me le réclament
pas, et j'en entends peu parler. Nous avons tout de
même construit un petit logiciel basé sur
l'approche TEI, qui démontre à nos clients
qu'il est plus intelligent d'investir dans une solution
de téléphonie mi-ip/mi-analogique, afin
de garder une certaine souplesse sur l'avenir. Nous
avons estimé que dans ce cas précis, il
fallait raisonner en terme d'options futures.
L'adoption
rapide du TCO, et l'émergence du TEI, c'est un
signe de maturation du métier de DSI ?
Le TCO a traduit le passage à
un stade de maturité supérieure :
on a décidé de prendre en compte un définition
des coûts plus large que celle qu'on prenait en
compte auparavant. Le TEI correspond à un niveau
d'excellence supérieur : on se préoccupe
cette fois-ci des bénéfices des business,
et on intègre l'idée qu'un investissement
est flexibile et adaptatif. On passe donc à un
niveau de maturité encore supérieur, signe
que l'on s'éloigne peu à peu du temps
ou le DSI n'était qu'un architecte. Le
DSI raisonne désormais en terme de valeur de
l'informatique pour le business, et c'est bon signe.
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