JDNet
Solutions. Comment fonctionne votre système de
"publication d'applications" ?
Frédéric Tourisseau.
C'est simple :
le serveur central fait tout le travail. Il héberge
un programme pour des dizaines - voire des milliers -
d'utilisateurs, il identifie chaque employé et
lui fait parvenir une image en temps réel de
son bureau. L'utilisateur manipule ses programmes et
ses données comme de coutume, mais c'est le serveur
qui fait les calculs et va chercher les informations.
Le poste client se contente juste d'afficher ce que
le serveur lui envoie, sous la forme d'une interface
Windows classique, ou d'un environnement Web.
On
y accède depuis un ordinateur spécifique ?
Pas forcément. On peut y accéder
depuis un PC classique, et pourquoi pas un ordinateur
vieux de quatre ou cinq ans : c'est le serveur
qui fait les calculs.
La plupart de nos clients se servent encore d'un PC
classique. Mais ils
font de plus en plus appel aux clients légers :
ces machines très dépouillées contiennent
un tout petit OS très stable ; et elles
sont beaucoup plus faciles à administrer qu'un
vieux PC.
Et même si les clients
légers sont un peu chers à l'achat, un
vieux PC n'est pas forcément plus intéressant :
il faut souvent le transformer et lui rajouter un peu
de mémoire vive pour qu'il fonctionne correctement.
Quels
systèmes d'exploitation êtes-vous capables
d'émuler à distance ?
Windows et Unix (Solaris, AIX et UX).
Nous ne prévoyons pas de faire tourner des applications
Linux dans l'immédiat : il y a encore très
peu de demande sur les postes client.
Qu'est-ce
qu'on gagne à utiliser la publication d'applications ?
On fait des économies sur le déploiement
et l'administration. La maintenance de chaque PC coûte
beaucoup moins cher, surtout si on utilise les clients
légers, puisqu'il n'y a plus d'applications installées
sur le terrain. Quant au déploiement, il se fait
très facilement : il suffit d'installer
le programme sur les serveurs centraux. C'est très
pratique lorsque l'on opte pour un ERP mis à
jour tous les six mois.
On
en revient donc aux bons vieux "Network PC" ?
A regarder les chiffres du Gartner, cela
semble évident. Le cabinet d'analyses crédite
le marché de la publication d'applications d'une
croissance annuelle de 15 à 20 % jusqu'à
2006 (au passage, notez que nous détenons plus
de la moitié du gâteau). Et c'est surtout
le client léger qui joue le rôle de locomotive :
sur le terrain, il est encore minoritaire chez nos clients -
qui utilisent 80 % du temps des clients lourds
et 20 % du temps des clients légers. Mais
le client léger a connu une croissance de 40 %
en 2002 : il est en train de rattraper son retard.
Les
fabricants de PC se sentent-ils menacés ?
Ils sont à la fois contents -
car ils vendent plus de serveurs - et déstabilisés.
Ils tentent donc de signer de partenariats avec les
grands noms du client léger, et sortent même
parfois leur propres modèles.
En
cette période difficile, d'où proviennent
vos revenus ? Des royalties que vous percevez sur
les technologies de publication d'applications ?
Non : nous gardons notre protocole
ICA pour nous. Quant au morceau de code qui est déposé
sur les serveurs Windows, Metaframe : il ne nous
rapporte plus grand chose puisque si Microsoft nous
a reversé des royalties pendant cinq ans, le
contrat a été renégocié
récemment. Ils ne nous reversent plus rien, mais
nous accédons au code source de Windows en échange.
Nos revenus proviennent donc
de deux activités : la revente du protocole
ICA - qui est plus performant que celui de Windows -,
et la commercialisation de versions avancées
de Metaframe, qui sont souvent indispensables pour les
entreprises. Le Metaframe incorporé à
Windows dispose en effet de fonctionnalités basiques.
150
millions de dollars de CA et 40 millions de dollars
de bénéfice sur le dernier trimestre ...
Comment expliquez vous cet excellent résultat ?
Depuis la création de Citrix,
nous avons toujours été rentables. Nous
avons accumulé 720 millions de dollars de trésorerie
depuis 1994. Mais il est vrai que nos bénéfices
auraient pu être moins spectaculaires, puisque
notre CA s'est légèrement contracté du
fait de la conjoncture.
Ce bon résultat s'explique
ainsi : lorsque nous avons pris la mesure de la
crise, nous avons décidé de réduire
nos coûts. Ce qui s'est traduit notamment par
le licenciement de 30 de nos 1 700 employés.
Mais ce n'est pas la seule raison : nous avons
également réorganisé nos forces
de vente, qui se concentrent sur les ventes effectives
plutôt que sur les approvisionnements des gros
clients.
Supportez
vous les Web Services ?
Bien sûr. La caisse d'épargne
a opté pour Metaframe. 12 000 postes client
sont reliés aux serveurs centraux équipés
par Citrix, qui communiquent avec plusieurs autres serveurs et
bases de données par l'intermédiaire
des Web Services. Nous supportons SOAP et XML.
Et
la mobilité ?
En tant que DG EMEA, je voyage beaucoup,
mais sans mon PC portable : pour accéder
à mes applications, il me suffit de trouver un
PC connecté à Internet, sur lequel j'installe
un pilote de 2 Ko. De quoi retrouver mon bureau
sécurisé à plusieurs milliers de
kilomètres de distance.
Evidemment,
il est déconseillé de faire de la vidéo
ou du multimédia avancé à distance,
puisque tout transite par le réseau...
De façon générale,
il faut effectivement éviter les applications
qui demandent trop de bande passante. La publication
d'applications à distance fonctionne parfaitement
avec le multimédia à condition qu'il reste
léger, avec la bureautique et surtout avec les
gros progiciels.
Comment
se porte votre portail web - Nfuse Elite ?
En France, il est encore très
peu employé, tout simplement parce que nous ne
l'avons pas traduit en français - ce qui
ne saurait tarder. La publication d'applications à
travers le Web a beaucoup d'avenir, et même si
seulement 55% de nos clients utilisent peu ou beaucoup
le Web, je pense que c'est une orientation technologique
importante pour nous. Il est important de pouvoir publier
des bureaux virtuels, qui agrègent applications et contenus.
|