INTERVIEW 
 
Vice-Président et General Manager
PeopleSoft France
Christophe Letellier
Nous sommes désormais une vraie alternative à SAP
La patron de PeopleSoft en France s'exprime sur l'état du marché des ERP et sur la place que la nouvelle entité PeopleSoft compte y occuper, suite au rachat de J.D. Edwards et face à SAP. Il revient également sur l'OPA hostile d'Oracle, qui constitue, selon lui, un "non-événement". Il aborde enfin les conséquences que la fusion aura sur les salariés, sans que la filiale française ne soit a priori touchée.

12 septembre 2003
 
          
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JDNet Solutions. Comment se porte le marché des ERP en 2003 ?
Christophe Letellier.
Le marché continue de se tasser, de souffrir, avec des entreprises qui basculent leur manque à gagner au niveau logiciel vers le consulting et les services. Cela correspond d'ailleurs à une demande des clients qui souhaitent que les éditeurs soient comptables des résultats de l'implémentation de leur solution.

Les clients n'acceptent plus les ménages à trois : un éditeur qui fournit un logiciel et sa documentation, un intégrateur qui fait du service, de la personnalisation et de la tierce maintenance applicative (TMA), et eux. 90% des entreprises utilisent les fonctionnalités standard de nos solutions. Seules 10% d'entre elles y apportent des changements significatifs.

Bien entendu, nos partenaires intégrateurs continuent d'apporter une indéniable valeur ajoutée dans des activités qui dépassent la mise en oeuvre du logiciel, comme par exemple l'outsourcing, le BPO [Business Process Outsourcing] ou la TMA.

Comment se positionne la nouvelle entité PeopleSoft dans ce marché ?

Sur les six premiers mois de l'année, PeopleSoft a crû de 15%, essentiellement par ses activités de conseil et son "capital" maintenance, l'activité licences ayant été étale par rapport à l'an dernier. Quant à la fusion avec J.D. Edwards, elle a été finalisée le premier septembre dernier. J.D. Edwards est désormais une filiale à 100% de PeopleSoft.

C'est une bonne chose dans un marché jusqu'alors outrageusement dominé par un seul acteur. Nous sommes désormais un élément de bipolarité, une vraie alternative, car nous possédons la taille critique nécessaire et que les deux sociétés fusionnées ont la même vision en termes technologiques, avec de fortes complémentarités en termes de marchés.

Cette vision est celle de l'entreprise en temps réel, dont les données sont connectées vers l'extérieur, pour plus d'agilité, avec des outils flexibles et intégrables. Cette vision s'oppose à celle de SAP, plus structurante et déterministe, où la verticalisation est très forte. D'ailleurs, quand on se retrouve face à SAP, c'est précisément ce qui fait que nous gagnons ou perdons un marché. La vision d'Oracle est d'ailleurs très proche de celle de SAP.

Oracle, qui maintient son offre publique d'achat sur vous...
C'est de l'histoire ancienne désormais. Nous constatons aujourd'hui que les clients prennent les décisions d'achat qu'ils ont à un moment donné suspendues. L'inquiétude a nettement baissé. Les clients ne veulent pas de cette OPA hostile, certains grands comptes français ont d'ailleurs convoqué Oracle pour les prévenir qu'ils jouaient avec le feu. Si l'OPA devait se réaliser quand même, tous les enjeux et toutes les synergies que je viens d'évoquer ne seraient plus possibles, ce serait un sujet inabordable pour Oracle et cela le mènerait à la catastrophe.

C'est un non-événement. Oracle ne possède que des promesses de vente, c'est tout, un peu comme au Téléthon... Si Oracle lance son OPA, seuls 10 à 12% du capital seraient collectés, c'est la raison pour laquelle l'offre est reportée de trois semaines tous les mois. Oracle veut simplement perturber les résultats de PeopleSoft, pour tirer l'action vers le bas et de ce fait donner plus de couleur à son offre.

Quelles vont être les étapes de l'après fusion avec J.D. Edwards ?
Cette fusion, rappelons-le, va déboucher sur une marque unique, celle de PeopleSoft. L'acquisition s'est déroulée avec des objectifs de croissance, il n'y aura donc pas d'arrêt des produits. Nous allons pour ce faire garder trois grandes lignes de produits. La première s'appelle PeopleSoft Enterprise World, qui correspond globalement à l'offre J.D. Edwards World, pour environnements AS 400. La deuxième est PeopleSoft Enterprise One, qui équivaut à l'ancienne offre J.D. Edwards 5, positionnée sur le marché des PME-PMI. La troisième est PeopleSoft Enterprise, destinée aux grands comptes et qui correspond à l'offre PeopleSoft 8.

Notre plan d'action est le suivant, il s'articule en trois grandes étapes. Tout d'abord, nous allons procéder à de légères modifications au niveau de l'habillage des produits J.D. Edwards. Cela sera terminé dans quelques semaines.

Ensuite, nous allons donner à nos clients la possibilité d'utiliser le meilleur des deux mondes. Chez J.D. Edwards, les modules distribution, immobilier ou manufacturing seront par exemple mis en avant et intégrés dans les solutions PeopleSoft, par le biais de connecteurs. Du côté de PeopleSoft, les modules concernés seront notamment : le Service Automation (ESA), l'Enterprise Performance Management (EPM), le Learning Management (gestion de l'information) et le CRM. L'échéance est fixée à la fin du premier semestre 2004. Je précise que toutes les nouvelles versions qui ont été annoncées seront livrées.

Enfin, nous procèderons au portage, des fonctionnalités CRM dans Enterprise One par exemple, afin d'assurer une cohérence complète des architectures. Je n'ai pas de date précise à donner pour le moment.

Quelles seront
les conséquences de cette fusion pour les salariés ?
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L'entreprise possède actuellement 13 000 salariés, elle en aura 12 000 bientôt, ce qui correspond à 7% de réduction d'effectif. C'est relativement peu par rapport à ce qui peut se produire par ailleurs. Ce sont avant tout les fonctions redondantes qui seront concernées, les fonctions de support. Nous estimons que nous pourrons économiser entre 167 et 207 millions de dollars de dépenses en 2004. En France, aucun plan social n'est prévu. Des changements de métier, pour certaines personnes, auront en revanche lieu, ce qui se comprend aisément.

 
Propos recueillis par Fabrice Deblock

PARCOURS
 
 
Christophe Letellier, 41 ans, diplômé de l'ESC Nantes, a débuté sa carrière chez IBM en 1984, comme ingénieur commercial puis responsable des ventes, avant de devenir directeur chargé d'affaires, directeur du secteur industrie France, Belgique, Luxembourg et, enfin, directeur IBM Software Group pour la même zone. Il a rejoint PeopleSoft en avril 2001, en tant que Président - Directeur Général. Aujourd'hui Vice Président et General Manager, il est aussi membre de l'International Management Team du groupe PeopleSoft (hors Etats-Unis et Canada).

   
 

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