INTERVIEW 
 
Co-Président du directoire
Devoteam
Stanislas de Bentzmann
L'outsourcing n'est pas la panacée. L'internalisation, si elle est bien gérée, peut être plus efficace
Groupe européen de conseil en technologies de l'information, Devoteam combine une offre de conseil à des prestations d'intégration de systèmes. Co-fondateur de la société, Stanislas de Bentzmann détaille la réorganisation interne réalisée au cours des douze derniers mois et le type de contrats qui composent son carnet de commandes. Sans oublier les objectifs de rentabilité qu'il s'est fixés pour 2004.

06 octobre 2003
 
          
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JDNet Solutions. Vous venez de procéder à une réorganisation, en quoi consiste-t-elle ?
Stanislas de Bentzmann. Nous avons séparé depuis le premier septembre l'activité de conseil (Devoteam Consulting) et l'intégration de systèmes (Devoteam Solutions). Ce sont en effet deux entités qui ne se gèrent pas de la même façon et qui ont des logiques opposées. Le conseil doit avoir une réelle indépendance et l'intégration une forte proximité avec les partenaires, pour bien connaître leurs produits.

Les clients sont très exigeants là dessus, surtout en Europe du nord. Cette exigence s'impose progressivement en France et dans les pays d'Europe du sud. Nous avons un back office commun aux deux entités, ainsi que les services de la paie, de la facturation ou du contrôle de gestion. En France, 150 consultants composent l'entité conseil, 900 personnes la force de vente intégration (back office compris). Nous avons par ailleurs voulu donner plus de responsabilités au management des deux entités.

Quelle est aujourd'hui la santé financière de votre société ?
Nous avons aujourd'hui 40 millions d'euros de fonds propres et 17 millions de trésorerie, ce qui nous permet de traverser la crise avec une grande sérennité. Cela dit, notre profitabilité est de 1%, ce qui ne nous convient pas du tout. Devoteam est un pure player qui ne possède pas de contrats sur le moyen terme que je qualifierais de "défensifs" (maintenance, outsourcing…).

De plus, notre logique a été celle d'une société en très forte croissance, de plein investissement et de conquête de parts de marché, nous sommes passés en quelques années de 0 à 1000 personnes. Au moment du ralentissement de l'activité, notre structure de coûts était trop élevée, plus élevée en tout cas que beaucoup de nos concurrents, dont Cap Gemini. Cela nous a mis dans une situation délicate à gérer.

Nous avons fini par prendre des décisions dures, par restructurer les équipes… Nous avons fermé notre filiale allemande et nous avons fermé notre site de Valence, en Espagne, pour ne garder que celui de Madrid. Après un plan de restructuration de 12 mois, notre rentabilité est stabilisée. Nous sommes désormais dans un processus de reconquête de nos marges, avec comme objectif de passer à 2% de rentabilité au second semestre 2003 puis, demi point par demi point, de retouver une marge de 3 % au premier semestre 2004.

Les restructurations ont un impact direct sur notre rentabilité mais ce qui nous permettra de repasser au dessus des 3 % en 2004, c'est le plan de reconquête que je viens d'exposer, qui consiste à travailler sur l'organisation.


De quels types de contrats se compose aujourd'hui votre carnet de commandes ?
Les contrats portant sur la gestion de la mobilité commencent à émerger. De notre côté, nous y croyons et nous y travaillons depuis trois ans, nous sommes matures là dessus et le marché s'ouvre progressivement.

Les opérateurs telecom, notre première clientèle, recommencent également à investir tout doucement, non plus pour l'optimisation de leurs coûts, mais pour proposer de nouvelles offres et de nouveaux services à leur clientèle. Il s'agit aussi bien de petits contrats de quelques semaines que de missions plus lourdes, comme le projet de mise en place de SMS fixes pour France Telecom. Nous travaillons aussi sur des portails mobiles audio, qui permettent aux clients d'un opérateur de consulter leur consommation, de profiter des nouvelles offres disponibles, à destination des particuliers ou des entreprises.

Nous intervenons, au niveau du conseil, pour réorganiser des départements telecom souvent éparpillés, afin d'en faire des entités autonomes, au périmètre délimité, dans une logique de coûts et de revenus facturés en interne, avec une analyse de la qualité de service. Il n'est pas forcément besoin de recourir à l'externalisation. Sur une base 100, il peut être intéressant de ne payer que 90 avec un département interne, plutôt que de donner 100 à un outsourcer.

Parfois, la décision d'externaliser est une décision de direction générale qui n'a qu'un seul but : se simplifier la vie. L'internalisation, si elle est bien gérée, peut être plus efficace. L'outsourcing n'est pas la panacée pour le client. En France, on en parle beaucoup, mais c'est parfois beaucoup de bruit pour des volumes qui restent pour le moment faibles. L'externalisation pose enormément de problèmes. C'est une vague de fonds indéniable mais qui, au final, débouchera probablement sur plus de modération qu'à l'heure actuelle.

Enfin, nous constatons dans l'ensemble une stabilisation des prix. Ils ont atteint un niveau très bas mais ont cessé de se dégrader, comme cela a été le cas durant les 18 derniers mois. Nous ne voyons pas de redémarrage de l'investissement à l'heure actuelle, à part dans le secteur des télécoms où un léger mieux se fait sentir, mais globalement, le niveau de projet reste bas.

Quelle est votre position par rapport à l'offshore ?
L'offshore convient essentiellement pour les projets applicatifs, c'est une réelle solution pour le développement d'applications mais ce n'est pas une source de concurrence pour nous. L'offshore va se développer de manière importante, car les entreprises ont trop peu de flexibilité. La pression sur les tarifs fait qu'elles se tournent vers des pays où la main d'œuvre coûte moins cher et où elles bénéficient de plus de souplesse.

Tous les grands développeurs d'applications vont externaliser une part de plus en plus importante en Inde ou en Afrique du nord. Il faut simplement être très attentif à ce que, sur les métiers à très forte valeur ajoutée, nous soyons les meilleurs, mais pour cela, les entreprises ont besoin de plus de flexibilité...

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Vous avez procédé à des rachats en 2001 (Siticom) et 2002 (XP Conseil) ? Quid de 2003 et 2004 ?
Nous n'avons pas de souci de taille critique même si, pour exister, il faut avoir une certaine taille. Un acteur à forte valeur ajoutée peut exister en restant petit. En Autriche, 12 personnes font tourner notre filiale en étant positionnées sur des niches et en étant profitables. Nous ne faisons pas la course à la croissance externe car nous ne sommes pas dans une impasse stratégique.

Nous avons la volonté de rester leader en Europe sur nos marchés, par croissance organique. Cela dit, rien ne nous empêchera de profiter de valorisations raisonnables, voire très basses, pour croître et acheter une entreprise qui aurait la même logique qualitative que nous. Notre structure financière nous permet d'être opportuniste.

 
Propos recueillis par Fabrice Deblock

PARCOURS
 
 
Stanislas de Bentzmann est diplômé de l'INSEEC (1987) et titulaire d'un BA en marketing de l'Université de San José, Silicon Valley. Il a rejoint le groupe Randstad comme directeur régional, avant de piloter l'intégration d'une société nouvellement acquise. En 1995, il crée Devoteam avec Godefroy de Bentzmann. Il est aujourd'hui co-président du directoire.


   
 

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