INTERVIEW 
 
Senior vice-Président
Oracle France, Benelux, Moyen Orient & Afrique
Jimmy Anidjar
L'OPA sur PeopleSoft est une vraie réalité !
Oracle World s'achève en Europe, le temps des premiers bilans est venu. Alors que l'offre de grid computing façon Oracle a été lancée et que l'offre destinée aux PME a été affinée, Jimmy Anidjar revient sur la ferme intention de sa direction américaine d'acquérir PeopleSoft. Le seul élément pouvant empêcher ce rachat est la décision du Département de la Justice (DOJ) américain. Quoi qu'en dise l'équipe dirigeante de PeopleSoft...

24 octobre 2003
 
          
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JDNet Solutions. Comment s'est déroulé Oracle World France ?
Jimmy Anidjar. Cela a été la fête du Grid Computing ! Nous avons eu plus de 9 300 inscrits, un chiffre d'autant plus remarquable que nous avions au préalable réalisé un tour d'Europe de quatre semaines (17 000 visiteurs) et qu'Oracle World pour les pays de l'Est s'est tenu à Prague simultanément à l'événement parisien (7 000 inscrits) ! C'est donc une extrême satisfaction, tant par la qualité que par la quantité des visiteurs.

Le grid computing pour l'entreprise, en quoi cela consiste-t-il exactement ?
L'Enterprise Grid Computing d'Oracle, c'est avant toute chose une architecture qui repose sur Oracle Server 10
g et Oracle Application Server 10g. Le grid computing existe depuis longtemps dans le milieu scientifique, avec une recherche permanente de toujours plus de puissance de calcul, mais les ajustements et paramétrages ne se font pas toujours aisément. De leur côté, les entreprises couplent des serveurs et utilisent des technologies de clustering pour disposer de volumes suffisants.

Avec 10g, Oracle fournit un logiciel qui gère l'ensemble des volumes disponibles ainsi que les puissances des processeurs. 10g est le résultat de 15 ans de travail. Grâce à Grid Control, la supervision est assurée et tous les processeurs sont vus comme une seule et même entité logique, qu'il est possible d'administrer et dont les ressources peuvent être allouées dynamiquement. Tout cela repose en outre sur des matériels à bas prix, comme des machines Intel sous Linux, et des connecteurs rapides et à prix compétitifs.

Le principe du grid computing peut faire appel à des nombres élevés d'utilisateurs. Quelle est votre politique en termes de licences ?
Nous avons une gigantesque base installée, une partie non nulle de cette architecture va donc concerner nos clients existants : tous ceux qui ont oracle 7, 8 ou 9 avec un contrat de maintenance ont automatiquement droit à 10g. Ceux qui ont Parallel Server ou RAC (Real Application Cluster) ont la version grid computing de la 10g. Quant aux nouveaux clients, ils ont le choix entre une formule basée sur le nombre d'utilisateurs ou le nombre de processeurs, ou les deux. C'est donc de l'innovation à "iso-coût" !

Que signifie l'option "outsourcing" de la 10g ?
Si vous voulez utiliser des produits Oracle, vous pouvez les installer chez des partenaires - l'administration à distance est alors fournie - ou les faire héberger et administrer chez Oracle. C'est un service que nous proposons mais uniquement pour les technologies Oracle.

Un de vos axes actuels consiste par ailleurs à cibler les PME. Répondez-vous à des offres telles que DB2 Express d'IBM, par exemple ?
Notre offre PME n'est pas faite pour répondre à qui que ce soit. Oracle réalise 50% de son chiffre d'affaires avec les PME depuis longtemps, ce n'est pas une nouveauté. La force d'Oracle vient du fait que tous les ISV [Independent Software Vendor] ont été recrutés, ce qui nous permet de vendre à des notaires, des médecins, des garagistes...

Ici, nous cherchons à satisfaire une demande complémentaire exprimée par les PME : disposer d'une technologie adaptée à leurs besoins, qui ne soit pas pour autant dégradée. L'offre est repackagée au niveau prix et installable via un seul CD, en 17 minutes, ce qui en fait la base de données la plus simple et la plus rapide, qui plus est sur n'importe quel système d'exploitation.

Venons-en à votre politique de croissance. Quels en sont les principaux axes ?
Nos domaines de compétences sont définis par la "pile" middleware et applicative qui s'installe au dessus du système d'exploitation et par des outils de productivité collective (par opposition aux outils individuels). Quant aux services, il s'agit de l'outsourcing - comme je l'ai défini précédemment -, de l'e-learning, etc. Lors de l'assemblée générale des actionnaires, il a été défini deux axes de croissance. Le premier passe par le développement de nouveaux produits et services, le deuxième par de la croissance externe.

Notre espace est celui-là, donc notre champ de croissance externe est défini à l'intérieur de cet espace. Cela signifie que nous ne sommes pas intéressés par une SSII, ni par un constructeur, comme Sun... En revanche, tout ce qui touche à l'applicatif et au middleware nous intéresse, donc le secteur des ERP, donc le secteur d'entreprises comme BEA ou encore le secteur d'entreprises comme Siebel...

Concernant l'OPA que vous avez lancée sur PeopleSoft, comptez-vous revoir à la hausse le prix d'achat ?
Aucune raison de le faire car pour l'instant, au delà des déclarations des uns et des autres et des effets de manche pour amuser la galerie, tout le monde est lié à une seule certitude (ou incertitude) : le Department Of Justice (DOJ) américain ne s'est pas encore prononcé ! L'OPA court toujours et tant que le chef de la police n'a pas dit rouge, vert ou orange, personne ne peut bouger, tout le reste est péripétie !

Deux choses sont incontestablement factuelles : l'OPA est techniquement validée et déposée auprès de la SEC et rien ne peut se produire tant que le DOJ ne s'est pas prononcé, ainsi que la Commission européenne d'ailleurs. Toute autre déclaration de PeopleSoft n'a aucune valeur, ils sont soumis au même feu roulant de questions de la part de ces instances que nous, cette OPA est donc une vraie réalité !

Que pensez-vous des arguments de PeopleSoft qui disent que les clients ne veulent pas de cette OPA ?
C'est de l'agitation de chiffon rouge ! Comme si Michel Pébereau avait demandé leur avis aux clients de la BNP et de Paribas lors de la fusion des deux entreprises. Comme si les clients de Péchiney ou d'Alcan avaient été consultés lors de la fusion des deux groupes.

In fine, la décision de vendre l'entreprise appartient aux actionnaires, et à eux seuls, le management de l'entreprise n'ayant pas réellement voix au chapitre. Je ne dis pas que les clients n'ont pas d'importance, il est évident qu'Oracle ne va pas les massacrer, il y a beaucoup d'argent en jeu, nous n'allons pas faire n'importe quoi.

Quand on voit l'énergie déployée par PeopleSoft pour empêcher cette OPA, comment pensez-vous que la fusion des deux sociétés se passera (au plan organisationnel, culturel…) en cas de succès de l'OPA ?
Elle se passera bien car nous avons clairement dit ce que nous ferons. Larry Ellison a dit que l'équipe dirigeante de Peoplesoft ne l'intéressait pas, il ne la gardera donc pas. Nous avons par ailleurs la capacité à absorber les effectifs restants qu'il convient de garder sans grand changement des structures de management (8 000 salariés chez PeopleSoft, 44 000 chez Oracle).

Les problèmes surviennent quand il y a fusion entre égaux, quand il y a un problème de répartition des places, quand il faut faire de la place, par exemple, à 5 managers d'Oracle quand 3 managers de PeopleSoft sont en place. Ce n'est pas le cas ici. C'est cynique, mais c'est la stricte réalité. Les ingénieurs, les consultants de PeopleSoft ne sont pas concernés.

Dernière question, n'avez vous pas le sentiment de nuire à PeopleSoft en laissant suspendue cette épée de Damoclès aussi longtemps ?
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C'est la vie des affaires, on n'y peut rien. Le board d'Oracle a décidé de racheter PeopleSoft, l'avenir nous dira s'il y arrive ou pas, mais il n'y a rien d'anormal, rien de particulier. Nous ne sommes pas dans un monde d'angelots, avec des méchants et des gentils. Allez parler aux gens de J.D. Edwards et demandez-leur s'ils sont heureux, posez la question aux 1 000 personnes qui sont en cours de nettoyage…

 
Propos recueillis par Fabrice Deblock

PARCOURS
 
 
Jimmy Anidjar a débuté sa carrière chez Burroughs, où il a occupé plusieurs postes de vente et de marketing (1979 - 1983). Il a ensuite été vice-President & General manager Europe du sud & Afrique chez Wang Europe (1983 - 1995), avant d'occuper les fonctions de vice-President & General manager France, Hollande, Belgique & Luxembourg chez Unisys (1995 - 1996). Avant de rejoindre Oracle en avril 1997 et de devenir Membre exécutif du Comité européen d'ORACLE Corp, il a occupé les fonctions d'Executive vice-President & CIO Information Systems et Telecom au sein du groupe Air France (1996 - 1997).

Diplômé d'une maîtrise de gestion, il est par ailleurs membre de la Chambre de Commerce franco-américaine, administrateur du Syntec, administrateur de PlaNet Finance (ONG) et membre du Comité d'Honneur de Special Olympics (ONG).

   
 

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