INTERVIEW 
 
Responsable ECR* Supply
(*efficient consumer response)
Coca Cola Entreprise
Isabelle Bellaïche
La gestion partagée des approvisionnements va se généraliser d'ici cinq ans
Coca Cola Entreprise est en charge de l'activité embouteillage et distribution pour l'Europe. L'entreprise a mis en place, depuis 1998, un système de Gestion Partagée des Approvisionnements (GPA) à destination de ses distributeurs. L'objectif est d'améliorer la disponibilité du produit en linéaire en réduisant les coûts et les stocks sur l'ensemble des maillons de la chaîne d'approvisionnement.

Responsable "ECR Supply", Isabelle Bellaïche revient sur les enjeux d'un tel projet et notamment sur les répercussions positives qu'il génère au sein d'autres départements de l'entreprise Coca. Une démarche réalisée avec Unilog.

19 janvier 2004
 
          
En savoir plus

JDNet Solutions. En quoi consiste ce projet de GPA et quelle est sa genèse ?
Isabelle Bellaïche. Le projet a démarré fin 1998 où un pilote a été lancé avec l'enseigne Carrefour. A ce moment là, Carrefour avait sélectionné - parmi ses plus gros fournisseurs - une liste d'entreprises pour initier ce projet.

Pour Coca Cola Entreprise, cela consistait à prendre directement en charge le stock de ses propres produits chez le distributeur et à gérer à distance l'approvisionnement et la mise en linéaire des nouveaux produits dans les meilleurs délais. Après une phase de familiarisation, le projet a pris chez Coca Cola de nouvelles orientations et le système a été déployé auprès de quatre autres enseignes de la grande distribution.

En quoi cette façon de fonctionner constitue-t-elle une rupture ?
On est passé avec la GPA de la réception traditionnelle d'une commande passée par un client (le distributeur) à un processus de réapprovisionnement en continu. Pendant la nuit, les distributeurs nous communiquent par EDI l'état de leurs stocks ainsi que les sorties consolidées vers les points de vente, les encours de livraisons et ce que nous appelons les "manquants", c'est-à-dire les produits en rupture de stock, qui peuvent être assimilés à des ventes négatives.

Tous les matins, nous générons des propositions de commande à destination de nos clients qui les valident et nous les renvoient. Le délai de réapprovisionnement est de J+4.

Quels avantages en tire le distributeur ?
Pour nos clients, cela signifie une réduction du taux de stock sans impacter le taux de service. Aujourd'hui, le système GPA est rôdé et nous constatons déjà en moyenne une hausse de 1 point du taux de service, taux qui mesure la disponibilité des produits en magasin.

Par ailleurs, le client a davantage une vision de contrôle, au-delà du simple transfert de charge opérationnelle. La GPA permet également une réactivité journalière et, dernier avantage, un lissage des flux logistiques, ce qui fiabilise la chaîne logistique. Un transporteur préfère en effet la régularité d'une livraison quotidienne d'un même entrepôt à l'incertitude que deux ou trois livraisons par semaine génèrent, car il ne sait pas précisément quand elles ont lieu. En termes de prise de risque, c'est plus simple à gérer.

Quelle est aujourd'hui la part de la GPA dans votre activité grande distribution ?
Aujourd'hui, environ 50% du chiffre d'affaires grande distribution de Coca Cola Entreprise passe par la GPA. L'objectif est de passer à 70% d'ici 2005. Nous souhaitons également étendre les déploiements GPA vers d'autres types de réseaux de distribution et notamment vers notre activité "hors foyer" (hôtels, restaurants, bars...). Mais pour le moment, les acteurs et les processus d'approvisionnement sont dans un état de maturité moins avancé.

La GPA va-t-elle selon vous se généraliser ?
A un horizon de cinq ans, je pense que la GPA va effectivement se généraliser. C'est un système qui a fait ses preuves, notamment grâce à des acteurs comme Procter & Gamble sur leurs marchés. Mais il ne faut pas être statique, c'est un processus qui doit être remis en cause en permanence.

Par exemple, prenez le cas des opérations promotionnelles qui impliquent l'envoi de produits gratuits au distributeur. Au niveau de la GPA, nous avons des obligations de résultat, des marchandises sont à envoyer au client au bon moment, mais il faut anticiper les "avant promotion" et gérer les "après promotion", afin qu'il n'y ait pas d'engorgement chez le distributeur. Cela nécessite notamment d'étudier très finement les profils de promotion.

Quelles sont les limites de ce modèle ?
Actuellement, des réflexions sont en cours chez nous en ce qui concerne la livraison directe de certains points de vente. On peut en effet envisager d'envoyer un camion plein chez un hypermarché si le débit est là. Nous pensons que des sources d'amélioration sur ce type de trajet sont exploitables. Mais au niveau progiciel, on s'aperçoit que ce mode de livraison mixte (à la fois au distributeur et directement au point de vente) n'est pas pris en compte, les logiciels ne couvrent que l'un ou l'autre.

Il faut en outre, pour déployer une GPA, que l'infrastructure logistique et que les ressources fonctionnelles soient au rendez-vous. Chez Coca, le poste ECR (Efficient Consumer Response) n'existe par exemple que depuis l'an 2000.

De quels types de données supplémentaires disposez-vous désormais et comment les exploitez-vous ?
Avant, quand on recevait une commande, nous n'avions que des quantités de produits à livrer. Aujourd'hui, nous avons des données relatives au stock, ce qui permet à un industriel tel que Coca de mieux évaluer les risques pris, notamment en cas d'exception (indisponibilité, grèves...).


En savoir plus
Nous sommes par ailleurs en train de mettre en oeuvre - pour nos forces de vente - des reporting pré-établis disponibles via intranet, grâce à des échantillons significatifs de la vie de nos produits. Cela permettra par exemple à nos 700 ou 800 attachés commerciaux, qui visitent les points de vente, d'aller au-delà de la simple constatation qui est de dire "vous êtes en rupture sur tel produit". Par leur connaissance de tous les rouages de la chaîne d'approvisionnement, les commerciaux pourront désormais avoir une action de sensibilisation auprès de leurs interlocuteurs sur la rupture linéaire et sur le manque à gagner qui en découle.

Ces données - recueillies chez nos clients - serviront également, dans un proche avenir (premier semestre 2004), aux commerciaux grands comptes et aux personnes chargées des prévisions des ventes ou des comptes clés logistiques, etc. Nous sommes en phase de déploiement, avec Unilog, d'un outil d'aide à la décision qui permettra le partage et l'analyse de ces données par tous les départements de Coca Cola Entreprise. Mais les progiciels disponibles sur le marché ne sont pas forcément adaptés, du développement spécifique est donc nécessaire.

 
Propos recueillis par Fabrice Deblock

PARCOURS
 
 

   
 

  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Chaine Parlementaire Public Sénat | Michael Page Interim | 1000MERCIS | Mediabrands | Michael Page International



Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Toutes nos newsletters