|
|
Vincent Billiet
Directeur du développement
Teamlog |
|
Vincent
Billiet
"L'élargissement de l'Europe nous donne des idées"
Présente en France et dans quelques pays d'Europe, la SSII a investi certaines niches comme l'administration des systèmes et réseaux en mode nearshore. Vincent Billiet détaille ici sa vision du marché et les ambitions de sa société.
17/05/2004 |
|
|
|
JDN
Solutions. Comment se situe aujourd'hui Teamlog dans le marché des prestations
informatiques ?
Vincent Billiet. Notre positionnement est celui d'une société
jeune, créée en 1991, au moment du client serveur et des bases de
données relationnelles. Notre activité se répartit entre l'ingénierie,
l'infogérance - en pleine croissance - et le conseil.
Notre profil est donc technologique en raison de nos origines et nous avons mis
l'accent sur des offres particulières telles que le nearshore. Nous
sommes donc une SSII généraliste avec des niches qui font notre originalité.
"Infogérance
en pleine croissance" : quelle est la tendance ?
Sur le marché français, l'infogérance a vraiment décollé depuis deux ans, c'est
une pratique aujourd'hui généralisée à l'ensemble des grands comptes et qui continue
de croître.
En ce qui nous concerne, nous assurons l'administration des systèmes et réseaux
de nos clients, en support et help desk de niveau 1 et 2, sur leur site
ou sur nos propres sites en nearshore. La plupart des grands comptes ont
intégré ce type d'approche pour diminuer leurs coûts et augmenter leur réactivité
et la qualité de leur service.
Qu'en est-il de l'activité d'ingénierie
?
|
|
L'ingénierie
est une activité qui a de beaux jours devant elle" |
|
Le secteur de l'ingénierie en général a été en décroissance en 2003,
avec 5% de baisse. Les sociétés ont fortement évolué par rapport à cette
crise qui a duré deux ans. Il y a eu restructuration pour adapter les structures
et les organisations à un marché en décroissance et simplifier les organisations
complexes. Cela a été notre cas en 2002 et 2003.
Les clients se sont dans le même temps professionnalisés dans la relation
avec leurs prestataires, des référencements globaux par les grands comptes sont
apparus et les processus d'achats se sont sophistiqués. Il n'y a plus que le prix
qui compte mais aussi les compétences, la capacité à industrialiser les
offres et à les structurer.
L'ingénierie est donc une activité qui a de beaux jours devant elle car dès
lors que des scénarios de reprise vont apparaître, elle reprendra très
rapidement des couleurs. A titre d'exemple, l'assistance technique vit une nouvelle
jeunesse, les clients souhaitant diminuer le nombre de leurs fournisseurs, déléguer
globalement la gestion de projet et augmenter la productivité, en associant les
sous-traitants à l'atteinte des objectifs de baisse des coûts. Seules des offres
d'assistance technique structurées - permettant notamment de monter des équipes
sur des délais très courts - peuvent tirer leur épingle du jeu.
Quels secteurs reprennent de l'activité en 2004
?
Le secteur des télécoms reprend, il faut dire que rien ne s'était
véritablement passé depuis trois ans. On voit aussi apparaître
des signes de reprise dans l'administration, la défense et la banque/finance.
En revanche, l'industrie est un peu en retrait, elle ne devrait redémarrer
que sur la deuxième partie de l'année.
Pourquoi préférer dans votre offre le
nearshore à l'offshore ?
|
|
Nearshore
: des coûts inférieurs de 35 à 50% par rapport aux pays d'Europe du nord" |
|
Nous sommes dans une approche de proximité avec nos clients, ce que ne
permet par forcément l'offshore. Nous avons dépassé les 100 personnes à
Barcelone, le nearshore correspond bien à la problématique de clients qui
ont des équipes multinationales (nous assurons le support des systèmes et réseaux
en six langues).
Cela permet une diminution des coûts de 35 à 50% par rapport aux pays d'Europe
du nord. Nos projections de taux de croissance pour cette année sont de 30%.
D'où viennent ces économies ?
Des salaires, où les écarts sont de l'ordre de 10%, des charges
sociales qui représentent 30 à 35% des salaires - au lieu de 48%
ici - et des horaires de travail : 40 heures au lieu de 35. La France est plutôt
bien placée dans le contexte européen. Elle présente un bon "mix"
en termes de compétences et de coûts, elle est compétitive par rapport à l'Europe
du nord. Par exemple, le coût de prestation dans le monde du support des systèmes
et réseaux est de 220 euros / jour en Espagne, de 350 en France et de 450 en Grande-Bretagne.
Comment réagissez-vous par rapport à
l'élargissement de l'Europe ?
Cette ouverture nous donne des idées, nous nous intéressons à l'Europe de l'est
car notre modèle pourrait y être dupliqué, notamment dans la zone Europe centrale,
autour de l'Allemagne. Ce serait une façon intelligente de compléter notre offre,
notamment avec la Slovaquie et la Roumanie, mais c'est encore du moyen terme,
c'est un de nos axes pour les 18 prochains mois.
Le secteur est en pleine consolidation. Comment réagissez-vous
?
|
|
Développer
nos relations avec les grands comptes tout en gardant la proximité avec nos collaborateurs" |
|
Nous avons signé une alliance stratégique avec Groupe Open qui possède
une participation minoritaire de 12% chez nous. Dans 4 ou 5 ans, un rapprochement
avec eux n'est pas exclu pour continuer à construire une société de bonne taille
par rapport au marché, c'est un mouvement de consolidation à notre manière. Avec
Groupe Open, nous réalisons une opération graduelle amicale qui limite
les risques liés à l'exécution car un rapprochement, c'est avant tout les hommes.
Nous assistons plus globalement à une forte stratification du marché. Des acteurs
globaux se regroupent, leur taille continue d'augmenter, entre 20 000 et 100 000
personnes, ce ne sont pas nos concurrents mais nos clients, comme HP par exemple
(nous sommes comme eux fortement implantés à Grenoble). En dessous,
on trouve des acteurs de taille moyenne, entre 1 000 et 10 000 personnes, présents
dans un ou plusieurs pays, avec une gamme de services. Et en dessous encore, des
acteurs plus petits, qui vont être amenés à être les sous-traitants des
premiers et des deuxièmes, en un mot, sous-traitants des sociétés
référencées auprès des grands comptes.
Pour nous, le mot d'ordre en 2004 est donc de capitaliser sur la dimension de
notre groupe. Nous sommes reconnus comme une SSII disposant d'une bonne taille
sur les marchés qu'elle couvre et qui rentre dans les référencements des grands
comptes. Notre challenge est de développer nos relations avec ces grands comptes
mais aussi de garder la proximité avec nos collaborateurs. Les informaticiens
ont en effet besoin d'une relation très proche avec leur société, de n'être
pas vus comme un numéro. Nous tenons beaucoup à cela, notre taille est suffisamment
petite pour garder cet aspect des choses. |
|
Propos recueillis par Fabrice DEBLOCK, JDN Solutions |
|