INTERVIEW 
 
Christophe Paillassa
Manager Business Performance
Micropole Univers
Christophe Paillassa
"Accord 2 aurait été un frein au bon déroulement de la Loi de finance"
Quelles conclusions tirer de l'abandon du projet Accord 2, qui visait à refondre les systèmes financiers et budgétaires de l'Etat ? Quelle suite pour la Loi Organique relative aux Lois de Finances (LOLF) ? Eléments de réponse.
10/06/2004
 
JDN Solutions : L'abandon du projet Accord 2 par les services de Bercy vous semble-t-il justifié ?
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Accord 2 n'aura finalement pas lieu
Christophe Paillassa : Le projet Accord 2 aurait été un frein au bon déroulement de la LOLF (ndlr, la Loi Organique relative aux Lois de Finances). En effet, ce projet était censé aboutir à une source d'information centralisée destinée à la LOLF. Mais pour cela, il aurait fallu mettre d'accord beaucoup de personnes aux métiers très différents ce qui, à mon sens, est très complexe à réaliser.

Selon moi, le problème a été pris à l'envers dans le cadre d'Accord 2. En effet, quand vous mettez en place un système de pilotage, une réflexion sur les données que vous voulez suivre doit précéder celle sur l'alimentation des informations : notamment allez-vous créer un infocentre, un entrepôt de données ou un ERP ? A la rigueur, même si vous n'avez pas les informations en automatique, vous pouvez dans un premier temps très bien fonctionner avec des saisies manuelles pour ensuite connecter progressivement vos systèmes source.

Quelle approche aurait été, selon vous, préférable ?
Un système unifié relève de l'utopie."
Seule une approche par ministère est valable. Un système unifié relève de l'utopie, un peu comme si les systèmes d'information de Danone et de Peugeot étaient unifiés. Il peut bien entendu y avoir des missions transversales mais chercher à vouloir tout unifier n'est pas la panacée.

Quand nous travaillons sur des projets liés à une holding d'un grand groupe par exemple, nous fonctionnons - certes - avec un plan de comptes commun mais les besoins de chacun sont traités indépendamment, sinon il y a perte de crédibilité.

Pourtant, des approches telles que le dossier médical partagé vont dans le sens d'une unification des données ?
Le dossier médical partagé repose effectivement sur cette démarche mais au sein d'un même ministère. Des liaisons entre le dossier de santé et les caisses de remboursement, par exemple, peuvent être envisagées mais on se trouve alors plus dans une logique de communication que d'unification.

Comment désormais poursuivre la LOLF après l'arrêt d'Accord 2 ?
Chacun va regarder en interne, prêcher pour sa paroisse et voir en quoi consiste la performance, ce qui ne va pas arrêter la réflexion en cours. Mais plutôt que d'avoir un gros bulldozer, chacun va retrouver une autonomie, une liberté dans la façon de créer des indicateurs, ce qui va faciliter la souplesse et l'initiative.

Aujourd'hui, tout est réuni pour que la LOLF marche !"
Aujourd'hui, tout est réuni pour que la LOLF marche, notamment en termes de volonté politique, d'outils et de compétences disponibles sur le marché. Le passage à l'action sera une autre paire de manches car certaines réticences subsistent, les gens doivent changer d'approche et se remettre en question. La LOLF véhicule en effet une approche de gestion des dépenses par destination et non plus par nature. L'actuel recrutement de contrôleurs de gestion dans la fonction publique va d'ailleurs apporter de la méthodologie dans la gestion de l'activité et donner du recul sur l'angle d'analyse.

Autre point, même si Accord 2 a été abandonné, il ne sera pas possible de faire l'économie d'un datamart, d'un data warehouse ou d'un infocentre pour compléter Accord 1 ou compenser Accord 2. En clair, même si on repart d'Accord 1 et qu'on oublie Accord 2, il faudra envisager la création de bases de données centralisatrices.

Que pensez-vous des craintes exprimées par certains personnels quant à la remise en cause de leur poste ?
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Accord 2 n'aura finalement pas lieu
C'est un faux problème car 80% du temps est aujourd'hui consacré à la remontée de l'information et non à son analyse. L'enjeu est de passer de la production de l'information à des tâches d'analyse, de passer de la saisie à une manipulation intelligente de l'information, bref du rôle d'exécutant à celui d'alerteur.
 
Propos recueillis par Fabrice DEBLOCK, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Christophe Paillassa est spécialisé dans le pilotage de la performance, le pilotage financier et la comptabilité. Il est diplômé de l'ESC Paris et titulaire d'un DECF comptabilité.

2003 Micropole-Univers : manager business performance
2001 Keyrus : directeur projets BI Finance
1996 Osis : consultant fonctionnel
1993 Aries : contrôleur de gestion
1990 KPMG : auditeur-conseil

   
 
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