INTERVIEW 
 
Sonia Boittin
Directrice associée
KLC
Sonia Boittin
"Le gain de l'offshore est bien moindre que celui estimé"
La directrice associée du cabinet de conseil KLC évoque les nouveaux besoins des DSI, centrés sur l'amélioration continue du système d'information, ainsi que les attentes des entreprises en matière d'offshore.
02/05/2005
 
JDN Solutions. Quel constat faîtes-vous des dialogues entre DSI et SSII ?
Prestataires
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Sonia Boittin. Leurs relations se sont structurées et nous assistons désormais à une maturité de part et d'autre, probablement conduite par les DSI. Cette maturité se traduit par des niveaux d'engagements garantis par les prestataires. Je pense essentiellement au niveau contractuel mais aussi à l'arrivée de la direction des achats dans les décisions informatiques. Cela passe par une sélection du panel des fournisseurs auxquels les entreprises peuvent faire appel mais aussi à du benchmarking.

Un autre phénomène illustrant cette maturité est la clause de réversibilité prévoyant lors de la signature d'un contrat, les modalités de reprise d'activité en interne ou chez un autre prestataire en cas de problème.

A quelle évolution assiste-t-on en matière d'indicateurs de mesure ?
Le recours au benchmarking est plus mitigé qu'il y a deux ou trois ans. Le marché s'est aperçu que les indicateurs contractuels ne peuvent être universellement valables. Par contre, mettre une clause pour évaluer et comparer les coûts de temps à autre représente une base de la négociation. En ce sens, l'externalisation apporte ainsi au DSI des connaissances sur son propre système par le biais de standards et de chiffres.

L'externalisation peut-elle alors faciliter la communication en entreprise ?
Mieux connaître son système d'information peut être une des motivations pour externaliser. Cela signifie que l'entreprise va répartir ses coûts d'unités d'œuvre sur les maîtrises d'ouvrage sous la forme d'une refacturation interne. Souvent, ce type de projet correspond à une volonté d'industrialisation qu'il est impossible de réaliser en interne. Un autre avantage de l'externalisation vient de la variabilité des coûts qu'elle engendre. La facturation se fait sur des unités d'œuvres, en découpant par métier et peut s'adapter à l'activité de l'entreprise.

Y a t'il eu des évolutions sur les contrats d'ingénierie ?
En matière de prestations intellectuelles, la situation actuelle montre que la dépense augmente en contrats forfaitaire. Nous assistons à un transfert de la responsabilité de réalisation vers le prestataire. Par ailleurs, même dans ce qui est fait en régie, de plus en plus de contrats cadrent le contexte avec des systèmes de régie plafonnée ou contrôlée détaillant les livrables ou les engagements de services attendus, même si l'on facture à l'unité d'œuvre.

D'ailleurs, la notion d'unité d'œuvre évolue. Au lieu d'acheter une prestation de services donnée, le client achète un objet ou un service qui découle d'une prestation. Par exemple, au lieu d'acheter 200 jours hommes de prestations, le client achète 25 unités composé à 10% de chefs de projets, à 10% d'architectes…

Au lieu d'acheter une prestation, les clients achètent désormais un objet"
L'entreprise se tourne donc vers plus de métriques ?
Le DSI opte surtout une métrique contrôlable et maîtrisable par l'utilisateur. Lorsqu'il achète 200 jours de prestations, il ne sait pas ce que ces hommes vont produire en 200 jours. Alors que s'il achète une unité, il peut contrôler facilement sa réalisation. Le risque est partagé et les gains de productivité commencent aussi à l'être.

La relation DSI / SSII se tourne vers une approche plus partenariale, vers plus de transparence dans les reportings. La SSII va expliquer pourquoi ça ne marche pas chez elle et pourquoi ça ne marche pas chez le client. Les deux oeuvrent dans le même sens pour obtenir ces gains de productivité. Nous observons d'ailleurs chez nos clients que cette maturité est plus forte dans les milieux industriels que dans les milieux de service. Une des raisons à cela vient certainement du fait que l'industrie travaille depuis longtemps avec des sous-traitants.

Comment maintenir de bonnes relations avec ses fournisseurs ?
Pour conserver de bonnes relations, il faut d'abord ne pas reproduire une erreur du passé : celle de ne pas garder de forces en interne. Ce n'est pas parce que l'entreprise a transféré son informatique qu'il faut complètement la laisser dans les mains du prestataire. Il s'agit d'une réelle demande des SSII. Souvent, ils ne sont pas suffisamment encadrés au niveau des DSI or cela favorise aussi la transparence des relations. Il faut mettre les problèmes sur la table pour rechercher mutuellement des solutions.

Une des conditions majeure du contrat sera donc le prix. En pressant les prix, les ressources du prestataires seront plus serrées et les profils plus bas. En conséquence, chacun remettra la faute sur l'autre et personne ne sera satisfait.

Les DSI attendent des prestataires qu'ils fassent eux-mêmes des propositions d'améliorations"
Que peuvent attendre les DSI d'un contrat d'externalisation…
Soit le projet est en phase de croisière et les coûts devraient diminués, soit la direction investit avec le prestataire à l'amélioration du système d'information. A ce niveau, l'une des attentes non satisfaite des DSI aujourd'hui est d'avoir un prestataire qui fasse lui-même des propositions d'améliorations. Ainsi, même si le coût moyen reste stable, au fil des investissements, la société aura ajouté de la pérennité, de la qualité, de l'adaptabilité à son système d'information. Pour résumer, elle aura créée de la valeur.

…Et du recours à l'offshore ?
Les directions ont été refroidies au niveau de l'offshore. En interne, beaucoup se sont intéressées à l'offshore sans l'intermédiaire d'une SSII. Mais le gain en coût est bien moindre que celui qui était estimé en raison des frais d'encadrements. L'offshore ne fonctionne bien que sur des briques relativement standards. Les gens sont bons localement mais le passage de relais nécessite de l'énergie et un investissement financier. En revanche au niveau des SSII, elles ont toutes installés des postes nearshore et offshore mais dans ces pays, ce sont des gens qu'ils ont formés eux-mêmes. Là encore, les résultats sont moindres en raison de l'investissement.

Les DSI font-ils appel à plus ou moins de prestataires qu'il y a 5 ans ?
Globalement, les directions informatiques travaillent avec moins de prestataires qu'avant. Ce constat est particulièrement vrai en assistance technique parce que le secteur comptait beaucoup de prestataires. En matière d'infogérance toutefois, nous assistons à une externalisation par lots où l'entreprise confie chaque lot à un spécialiste. Coté études ou assistance technique, le marché a été confronté à une réduction notoire de la liste des fournisseurs consultables.

Prestataires
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Tout le monde semble s'accorder à dire qu'il faut garder entre 10 et 20% de petits intervenants capables d'apporter de la réactivité, de la souplesse et de l'expertise spécifique. En même temps, de plus en plus souvent, les intervenants de taille moyenne se trouve en sous-traitance des gros. En matière d'infogérance, le marché souffre un peu d'un manque de concurrence alors qu'en prestation intellectuelle, il faudrait au contraire une rationalisation des sociétés de services.
 
Propos recueillis par Yves DROTHIER, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Sonia Boittin, directrice associée, dirige les activités Benchmarking, Finances et Contrôle de gestion des SI au sein de KLC. Diplômée de l'ESSEC, elle a suivi le cursus MBA à l'Université de Birmingham. Sonia Boittin a commencé sa carrière dans des sociétés de services, et dans des fonctions de contrôle de gestion, notamment aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Depuis une dizaine d'années chez KLC, elle s'est spécialisée dans des missions d'organisation et de formation des maîtrises d'ouvrage de grandes entreprises pour mesurer, contrôler, ou réorienter leurs projets et services informatiques.

   
 
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