INTERVIEW 
 
Jean-Michel Soyez
DSI
Agfa France
Jean-Michel Soyez
"Une de mes préoccupations est de suivre l'évolution du juridique qui nous entoure"
DSI d'Agfa France et membre du leadership team d'Agfa monde, Jean-Michel Soyez occupe une place de choix pour observer les évolutions du monde informatique et s'y adapter.
06/09/2005
 
JDN Solutions. Quels ont été vos chantiers en 2005 ?
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Agfa France
Jean-Michel Soyez. Pour bien comprendre la situation, il est important de préciser quelques éléments de contexte. Agfa est actuellement en pleine transformation. L'activité Agfa Photo est en difficulté, même si Agfa n'est plus directement concerné car l'entité a été revendue aux cadres. Restent les activités graphique et médicale, que nous sommes en train d'organiser en business groups.

La division graphique concerne le traitement physico-chimique, c'est un marché qui existe pour un long moment encore. En ce qui concerne le monde médical, les choses sont différentes. Le même phénomène qui a " tué" la photo - à savoir la digitalisation - est en marche. Le "filmless" se répand et les hôpitaux s'orientent de plus en plus vers les technologies numériques. Agfa a donc décidé de s'orienter vers l'informatique hospitalière.

Quand une entreprise chimique se met à vendre de l'informatique, cela entraîne d'importantes modifications en interne, comme vous pouvez vous l'imaginer. L'informatique est impliquée à plusieurs niveaux : dans les fusions/acquisitions actuelles, dans la réorganisation opérationnelle - les services partagés qui opéraient pour plusieurs business groups ayant été supprimés, ces derniers doivent donc désormais posséder leurs propres services, dont l'informatique -, dans la poursuite de notre stratégie SAP démarrée il y a 8 ans et dans la vague d'externalisation de certaines fonctions.

En quoi consiste votre stratégie SAP ?
C'est une sorte de lame de fond qui consiste à supprimer les applications legacy pour les intégrer dans SAP. Cela se fait en demandant aux utilisateurs de se plier aux best practices implémentées dans SAP plutôt que d'essayer de paramétrer SAP pour aboutir exactement à l'existant.

Cette stratégie a cependant des limites. Nous ne basculons pas dans SAP tout ce qui touche au décisionnel et au front office. Nous préférons en effet investir dans notre informatique interne - même si nous passons par des solutions externes que nous intégrons nous-mêmes - pour écouter ce que les gens veulent.

Comment êtes-vous positionné-vous au sein d'un groupe aussi international qu'Agfa ?
Le comité directeur permet d'être informé des processus futurs"
Je cumule deux fonctions : je suis DSI d'Agfa France et membre du leadership team d'Agfa monde, le CIO monde d'Agfa ayant réuni une dizaine de personnes autour de lui, dont 4 DSI. Je fais sinon partie du comité directeur d'Agfa France.

La DSI a selon moi un rôle d'optimisation des processus de l'entreprise. Mais il faut - pour cela - pouvoir connaître ces processus. Le comité directeur permet d'être informé de ce qui va se faire, donc des processus futurs. Cela permet ensuite de préparer la DSI à aller dans la bonne direction.

Plus globalement, la DSI est un support très fréquent à la stratégie. Nous travaillons ainsi très souvent avec des consultants, ceux de McKinsey par exemple, sur des thèmes tels que la gestion des affaires, la contribution client et, comme toutes les sociétés qui vendent du consommable, l'érosion des prix.

Quel est votre mode de travail avec les entités métiers ?
Il y a tout d'abord la partie informelle, au sein du comité directeur où tout le monde s'entend très bien. Sinon, au niveau plus formel, pour la gouvernance, nous avons des comités bi-parties qui définissent les budgets et les grandes lignes de la stratégie.

Nous avons d'ailleurs implémenté au plan mondial de nombreux éléments provenant d'ITIL, qui est une bonne norme et répond à pas mal de questions. Nous nous sommes fait accompagner pour cela par Capgemini. Les domaines fonctionnels couverts sont principalement la gestion des incidents et des problèmes mais ITIL couvre aussi la gestion des versions - ce qui nous a servi notamment suite à l'acquisition d'une société de service dans le secteur hospitalier -, la gestion du changement et des assets.

Quelles sont aujourd'hui vos priorités ?
Ma première préoccupation est de faire tourner ce qui tourne"
Ma première préoccupation est de faire tourner ce qui tourne, comme par exemple de faire sortir la facturation, de pouvoir prendre les appels, de faire fonctionner la messagerie... bref, l'opérationnel journalier.

Ensuite, c'est la sécurité, notamment la protection contre les phénomènes viraux qui peuvent casser l'opérationnel. Je fais également en sorte que nous n'ayons pas de cas de crash majeur. Nous avons d'ailleurs mis en place des plans de reprise d'activité, que nous testons tous les 6 mois, et nous avons un centre de calcul interne et un autre qui est externe.

Ma troisième préoccupation est de suivre l'évolution du juridique autour de nous. Avec les lois SOX, sur l'économie numérique, de sécurité financière, etc., nous sommes quasiment obligés d'embaucher des avocats dans la DSI afin de ne pas aller à leur encontre. Nous devons également surveiller de près la rédaction des contrats avec nos fournisseurs.

Comment va, selon vous, évoluer l'informatique dans les prochaines années ?
Ma vision, en ce qui concerne les innovations majeures, est que des réseaux rapides vont voir le jour, où la voix, la vidéo et les données seront disponibles partout et pour tous, sans fil, de manière intégrée. Le jour où nous aurons cela, les solutions hébergées seront bien plus intéressantes que les solutions embarquées. La DSI sera alors encline à disparaître, il n'y aura plus aucune raison d'avoir de suite Office installée sur un PC.

On a tous envie, en tant que DSI, que cela n'arrive que dans 50 ans, mais cette évolution arrivera plus vite que prévu.

Quelles sont vos sources d'information ?
Elles sont multiples. Il y a bien entendu Internet, mais la difficulté de savoir si les informations ont une vraie valeur se pose. Il y a aussi le dialogue entre DSI, via les groupements d'utilisateurs. Je suis à ce titre vice-Président du GUN, qui regroupe une trentaine de DSI. On se rencontre une fois tous les deux mois, on peut tous y parler des mêmes misères, avec des réunions régulières sur un point précis, comme la présentation d'un logiciel libre, l'externalisation, la gestion du changement, le front office, la mobilité...

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Agfa France
D'autres clubs existent, comme ceux de CIO ou 01. Nous y sommes invités x fois pas semaine, mais l'avantage avec le GUN, c'est qu'il n'y a pas d'approche commerciale, alors que là, on cherche à nous vendre systématiquement des trucs...

Agfa France
 Les informations clés
Chiffre d'affaires
3, 5 milliards euros
Siège France
Rueil-Malmaison
La DSI d'Agfa
 La DSI
Effectif
550 personnes (400 internes, 150 externes)
Postes de travail
12 000 postes
Serveurs
2 000 serveurs
Budget
100 millions d'euros environ
ERP
SAP

 
Propos recueillis par Fabrice DEBLOCK, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Jean-Michel Soyez, 49 ans, est ingénieur HEI et diplômé eMBA (CPA).
Il débute sa carrière au sein de PME puis effectue un passage en SSII.

1985 Il intègre le groupe Agfa-Gevaert. Il est aujourd'hui le DSI de la filiale Agfa-France (filiale commerciale et usine) et membre de son comité de direction. En tant que membre de "l'IT Leadership team" présidé par le CIO du groupe Agfa, il participe aux décisions stratégiques et au pilotage de la DSI Agfa-Monde (gouvernance, alignement métiers, choix technologiques). Il est aussi le chef de tous les projets CRM/SFA et CRM-BI d'Agfa-Monde.

Et aussi Vice-Président du GUN (Club de DSI) et Président du "Club CRM" d'Infonord (Entreprises & Cités).

   
 
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