|
 |
Bernard Mérindol
Consultant
technique
3Com |
|
Bernard
Mérindol
"La
baisse des coûts ne doit plus être l'élément déclencheur
d'un projet de ToIP"
Plutôt que la réduction immédiate des coûts, le consultant technique de 3Com insiste sur les gains de productivité à moyen terme engendrés par le phénomène de convergence.
17/10/2005 |
|
|
 |
JDN
Solutions. Quel état des lieux faîtes-vous du marché de
la téléphonie sur IP en 2005 ?
Bernard Mérindol. La téléphonie sur IP est
un marché qui s'est naturellement élargi en France. Nous
étions présent jusqu'alors présent avec une offre de téléphonie
sur IP plutôt orientée PME. A la recherche d'un retour
sur investissement rapide, le marché des PME se montrait
plus mature pour passer directement à la téléphonie sur
IP. Mais désormais, le tout IP arrive à maturité chez
les grandes entreprises.
Il y a quatre ou cinq ans, adresser ce marché était faisable
mais impliquait pour le client une migration à un coût
relativement important, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.
Ce phénomène s'explique surtout par la baisse du prix
des équipements réseaux.
Quel
est actuellement le facteur déclencheur d'un projet de
ToIP en entreprise ?
Aujourd'hui, je pense que la baisse des coûts ne doit
plus être l'élément déclencheur de tels projets mais bien
les gains de productivité. Lorsqu'un intégrateur met en
avant la baisse des coûts, le projet va au devant de déconvenues
exprimées par la direction informatique. En effet, un
projet de ToIP demande un investissement de départ relativement
conséquent et le retour sur investissement ne sera pas
toujours immédiat.
Les banques, qui ont beaucoup d'agences et appellent souvent
leur siège, font exception à cette règle mais ce n'est
pas le cas pour bon nombre d'entreprises. La réduction
du coût des communications s'avère finalement très réduite
car le coût d'une communication à l'international se situe
désormais entre 1 et 3 centimes d'euros par Internet.
Il y a bien entendu un poste qui peut être réduit de façon
importante : c'est celui des abonnements téléphoniques.
Mais pour le réduire, on va parallèlement augmenter le
coût de la liaison data pour maintenir un niveau de qualité
de service optimal.
 |
 |
La
mobilité est certainement le service
le plus demandé actuellement" |
|
Où se situent alors les gains
de la téléphonie sur IP ?
Dans tous les services qui vont avec, notamment le fait
de disposer d'une notion de présence des utilisateurs
en ligne et bien sur les conférences, le travail partagé,
la mobilité et la messagerie unifiée, bien que cette dernière
soit désormais rentrée dans les murs. La mobilité est
certainement le service le plus demandé actuellement.
Cela signifie par exemple être capable de se connecter
d'un site distant à son poste principal par un softphone.
De même, avant lorsqu'il fallait installer un téléphone,
cela signifiait tirer autant de ligne de cuivre que de
téléphone. Désormais, il suffit de mettre une ligne en
fibre optique et une prise réseau pour relier de 24 à
48 postes. On parle alors vraiment de convergence puisqu'en
amenant le lien réseau, j'amène toutes les possibilités
à l'entreprise. Et si j'ai sécurisé mon réseau, je sécurise
l'ensemble des flux. Lorsqu'on impacte le réseau, tous
les éléments convergents en bénéficient.
En fonction de quels critères,
les entreprises se tournent-elles vers des solutions Centrex
IP, full IP ou hybrides ?
Il y a des demandes pour l'ensemble de ces architectures.
Les gens qui regardent la ligne achat vont se tourner
davantage vers l'hybride. Comme les entreprises mettent
encore énormément de téléphonie classique qui est amortie
depuis longtemps, la ligne achat va être nettement inférieure
dans ces projets là. Entre le centrex et le full IP, le
choix est philosophique et se résume à la question : est-ce
que je veux être maître de ma téléphonie comme je le suis
pour mon réseau.
En général, les personnes sensibilisées au mode ASP vont
plutôt tendre vers le centrex, par exemple les TPE. Dans
les entreprises plus importantes, il s'agit d'un environnement
mixte entre location et système maîtrisé. Le choix s'effectuera
aussi en fonction des services souhaités. Par exemple,
en hybride, déplacer un téléphone reste une tâche plus
complexe qu'en full IP.
 |
 |
Il
faut montrer à l'utilisateur ce que
le nouveau système va lui amener en
plus" |
|
Comment mène-t-on un projet
de ToIP à son terme sans accrocs ?
Dans ce type de projet, le plus important pour le client
consiste à travailler sur l'accompagnement du changement.
L'humain n'aime pas changer. Il a un système qui marche
très bien et il est habitué à ce système. Quand on lui
change pour un autre, il faut lui montrer ce que le système
va lui amener en plus, sinon la direction informatique
se risque à un refus du nouveau système.
A quoi travaillez-vous en tant
qu'équipementier ?
Du coté des constructeurs, il faut travailler sur l'interopérabilité.
Si le client se diriger vers un système de téléphonie
sur IP, c'est aussi pour avoir un système qui respecte
les normes en matière d'interopérabilité. Quel est l'intérêt
de passer d'un système propriétaire TDM à un système certes
convergeant, mais toujours propriétaire ?
Si l'entreprise reste sur du propriétaire, d'une part
elle ne pourra pas bénéficier de la concurrence lors de
ses prochains appels d'offres, et d'autre part elle ne
pourra pas disposer de services non fournis par son constructeur.
Pour cela, le protocole SIP devrait nous aider mais il
faudra une collaboration de l'ensemble de l'industrie,
comme cela s'est fait pour l'émergence des normes réseaux.
 |
 |
On
ne change pas une méthode de travail
si on n'y est pas préparé" |
|
Qu'en est-il des premiers écueils
de la téléphonie sur IP (sécurité, QoS, VoWiFi) ?
Ces écueils se sont souvent manifestés dans les grandes
entreprises, moins chez les PME. Je continue de penser
que ceux-ci ont été foncièrement dû à un manque d'accompagnement
au changement. On ne change pas une méthode de travail
si on n'y est pas préparé. Au niveau de la qualité de
service, il est certain que nous avions un peu sous-estimé
ce que savait faire les opérateurs télécoms à l'époque
sur des liaisons WAN.
La concurrence a petit à petit amélioré cet état de fait.
Du coté de la voix sur WiFi, le problème vient du fait
que les gens se sont lancés sur ce domaine trop en avance
par rapport à la mise en uvre des critères de QoS. Nous
n'en sommes qu'au démarrage du marché dans ce domaine.
La sécurité en revanche est désormais prête. Il est certain
que sur un réseau unique où passe l'ensemble des flux,
une meilleure sécurité soit nécessaire. Mais une fois
qu'elle est mise en place, elle bénéficie à tout ce qui
transite sur ce réseau convergent.
La téléphonie sur IP a permis aux entreprises de se réapproprier
leur partie télécoms. Avant, ils n'avaient pas ou peu
conscience que leur système de téléphonie était également
exposé à des attaques. |
|
Propos recueillis par Yves DROTHIER, JDN Solutions |
|