INTERVIEW 
 
Yvon Klein
Responsable sécurité
Cnes
Yvon Klein
"Le Cnes a pris le virage de la gestion de la sécurité de l'information"
Face à des contraintes réglementaires fortes, le Cnes tend vers les certifications ISO et une gestion de la sécurité appliquée au cycle de vie de l'information.
16/01/2006
 
JDN Solutions. Quel est le poids et l'organisation de la direction informatique et du département sécurité au sein du Cnes ?
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Yvon Klein. Le système d'information du Centre National d'Etudes Spatiales adresse environ 3 000 utilisateurs, répartis sur quatre centres géographiques. Nous sommes un établissement public sous tutelle de deux ministères, celui de la Défense et celui de la Recherche. Dans ce cadre, nous rapportons aux hauts fonctionnaires de la recherche et, pour ce qui concerne la protection des informations et la gestion de la sécurité du Cnes au sens général, nous appliquons les instructions du Secrétariat Général de la Défense Nationale.

L'organisation actuelle place au côté du président du Cnes un conseiller en sécurité, le fonctionnaire de sécurité de défense, qui a en charge une entité traitant la sécurité sous tous les angles. Au sein de cette entité se trouve une fonction consacrée à la sécurité du système d'information. Auprès de chaque chef d'établissement se trouve aussi un agent local chargé de la sécurité du système d'information.

Quel rôle jouent les responsables en sécurité du système d'information au Cnes ?
D'abord un rôle de conseil. En central, ils définissent la politique de sécurité pour l'ensemble de projets informatiques du Cnes. Les agents locaux contrôlent l'application de ses mesures et la mise en œuvre technique des recommandations. Enfin, la direction des systèmes d'informations se charge de l'installation des solutions nécessaires, de la mise en œuvre des moyens techniques et de leur exploitation.

A quelles contraintes réglementaires êtes-vous confronté ?
Du fait de sa double tutelle, le Cnes est amené à traiter des données classifiées défense et doit dans ce cadre respecter certaines lois sur la protection des données. De même, le Cnes dispose de données spatiales soumises à la réglementation sur la protection des données du patrimoine français.

La veille est pour nous l'une des clefs de la sécurité du système d'information"
Sur quels éléments porte votre politique globale de sécurité du système d'information ?
Depuis 1994, le Cnes a mis en œuvre une politique globale de sécurité. Cette doctrine de sécurité a été reconduite chaque année par tous les présidents. Pour les aspects relatifs au système d'information, nous définissons des politiques techniques particulières par exemple sur l'audit, la conduite de projet, la gestion des traces ou l'agrémentation des serveurs. Cela nous permet de définir des contrôles de sécurité encadrés par une méthode avant d'ouvrir l'accès à un serveur Web par exemple. Ces pratiques sont tout à fait conformes à l'homologation dans le domaine gouvernemental.

Concernant les audits, nous avons mis en place une politique particulière de manière à savoir quels sont les systèmes en place et comment ils évoluent. Le Cnes est par ailleurs membre fondateur du CERT-IST. La veille est pour nous l'une des clefs de la sécurité du système d'information. L'important n'est pas de faire de la veille pour la veille mais d'intégrer ces informations dans le cycle de vie du système d'information.

De plus en plus, le Cnes a pris le virage de la gestion de la sécurité de l'information et non plus la gestion de la sécurité du système d'information. Nous souhaitons renforcer et formaliser notre système de management de la sécurité du système d'information en suivant les recommandations des normes ISO 17799 et 27001 par exemple.

Autre domaine important : celui de l'application des correctifs existants. Nous avons à ce niveau, une forte problématique d'application des correctifs sur des systèmes opérationnels, avec des procédures de tests de non-régression et définition des procédures de mise à jour.

2004 et 2005 ont été des années charnières dans la sécurité"
Dans quelle mesure l'évolution des menaces a t'elle eu un impact sur votre organisation ?
2004 et 2005 ont été, à deux titres, des années charnières. D'abord en raison d'une réduction du temps entre la découverte et l'exploitation des vulnérabilités, ce qui implique de la part de tous une grande réactivité. D'autre part, nous avons fédéré au Cnes, les différents entités "systèmes d'informations" à l'intérieur d'une direction des systèmes d'informations. Pour nous, ce changement facilite la communication de nos problématiques à la direction informatique.

Comment se positionne l'activité sécurité par rapport à la direction informatique justement ?
Nous exprimons des exigences par rapport à une politique donnée. La direction informatique applique ces exigences. Après, au cours du projet, il y a respect ou non de ces exigences. Nous réalisons alors un bilan des risques résiduels qui sont ensuite validés par les personnes concernées, afin de bien rendre compte des responsabilités.

Certains aspects de la sécurité ne peuvent pas être écartés, de part la responsabilité qui nous est imposée en matière de protection des données du patrimoine par exemple. Mais le principe est très collaboratif : nous n'imposons pas de choix, la direction informatique décline des possibilités.

Sur quels méthodes et outils s'appuie le Cnes pour surveiller la sécurité de ses projets ?
Le point de départ de cette réflexion débute par une étude d'analyse de risque au lancement du projet. Cette étude devient le fil conducteur de la sécurité du projet par la suite à travers son cycle de vie. Nous nous basons notamment sur la méthode Ebios à ce niveau. Il faut ensuite dialoguer avec la maîtrise d'ouvrage pour bien identifier quels sont les risques, à quels niveaux ils se situent et s'ils entrent dans le cadre ou non du projet.

Au besoin, nous complétons les mesures techniques par des mesures opérationnelles. Un point important aujourd'hui : les structures en place résultent d'un modèle en perpétuelle évolution pour mieux définir les responsabilités de chacun.

Quelle est votre position vis-à-vis des produits Open Source ?
Nous utilisons et avons utilisé des logiciels de sécurité Open Source"
Certains postes du Cnes fonctionnent sous Linux à travers un master de sécurité déjà installé et des outils de gestion du document en Open Source. Il est donc possible d'obtenir un poste sous Linux, par le biais des masters. La direction informatique n'a pas pris la décision, à l'heure actuelle, de migrer son parc bureautique vers l'Open Source.

D'autre part, nous utilisons et avons utilisé des logiciels de sécurité Open Source. Cela ne pose aucun problème dès lors qu'ils ont été analysés et validés par la DCSSI. Cette analyse valide le niveau de confiance du produit. Nous n'installons pas de l'Open Source pour l'Open Source.

Quels seront vos principaux enjeux en 2006 ?
Offrir à nos utilisateurs la technologie dont ils ont besoin en respectant les contraintes de la maîtrise d'ouvrage en termes d'exigences de sécurité. Nous sommes toujours limités à notre capacité à contrôler l'espace de sécurité et l'utilisation de ses nouvelles technologies, je parle ici des réseaux sans fil ou de la voix sur IP par exemple. Une des solutions pour mieux les prendre en compte consiste à proposer, pour les postes nécessitant ce type de fonction, des systèmes personnalisés et pré-configurés.

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L'ouverture du système d'information est aussi un point critique. Il faut s'ouvrir, mais vers des partenaires de confiance, en mettant à disposition de l'information validée et avec le niveau de sécurité suffisant. Enfin, il faudra arbitrer entre le maintien à niveau de la sécurité et le maintien de fonctionnalités. Il arrive en effet que certains correctifs empêchent le fonctionnement de certaines fonctions de base d'un produit. Tout correctif n'est donc pas validé.
 
Propos recueillis par Yves DROTHIER, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Yvon Klein est, depuis 1998, délégué à la sécurité des systèmes d'information du Cnes. Ayant travaillé pendant plus de 20 ans sur les systèmes d'exploitation spécifiques au sein de la société Bull, Yvon Klein s'est spécialisé dans le domaine de la sécurité en tant que responsable du développement de systèmes Unix sécurisés.

Il a rejoint le Service central de la sécurité des systèmes d'informations (SCSSI) en 1991, pour participer au développement et à la mise en œuvre de la méthode d'évaluation de la sécurité (ITSEM) dans le cadre de l'application des critères harmonisés ITSEC. Il a, à ce titre, participé pendant quatre ans au projet de critères communs d'évaluation de la sécurité des TI, et a été responsable des activités de normalisation au sein du SCSSI.

   
 
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