INTERVIEW 
 
Natalya Kaspersky
Directrice générale
Kaspersky
Natalya Kaspersky
"Nous souhaitons élargir notre clientèle aux grands comptes"
Ouverture aux grands comptes, nouvelles menaces, développement européen, consolidation du marché et entrée de Microsoft : autant de bouleversements qui affectent les éditeurs d'antivirus.
11/10/2006
 
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Dossier Virus
JDN Solutions. Quel est le principal changement qu'a connu le marché de la sécurité en 2006 ?
Natalya Kaspersky. C'est très difficile d'en citer un en particulier car il y a eu beaucoup de changements sur ce marché : intégration de la sécurité sur les boîtiers, les solutions packagées proposées par Microsoft sous forme d'abonnements.

Je citerais donc la spécialisation du marché, où l'on voit des acteurs sortir des produits dédiés à des thématiques bien précises comme l'anti-phishing, l'anti-spyware…

L'évolution des menaces combinant plusieurs techniques d'attaques va-t-elle conduire à terme à une consolidation des offres et des acteurs ?
Je ne pense pas qu'il soit possible de prédire ce qui va se passer à long terme. Les menaces évoluent déjà très vite à court terme et ce qui va arriver n'est pas encore écrit. Certains fourniront du tout-en-un comme Symantec, d'autres des produits spécialisés.

Nous ne voulons pas suivre la démarche qui consiste à se préoccuper de la sécurité informatique sur toute la chaîne. Notre philosophie consiste à dire : si vous vous occupez de trop de choses à la fois, vous baissez la qualité de vos solutions.

De plus, suivre Symantec ou McAfee vers une offre globale nous transformerait en un acteur de plus sur le marché, alors que nous voulons faire partie des leaders sur notre domaine d'activité. Je pense d'ailleurs qu'à terme, le marché finira par se consolider autour de 2 à 3 sociétés par segment.

Cela signifie-t-il que Kaspersky se limitera à la seule fonction antivirus ?
Non, les menaces sont maintenant mixtes et combinent des fonctions de ver, de spam, de rootkit… Nous proposons déjà des fonctions de détection d'intrusion - ou IDS -, un pare-feu et une solution d'administration réseau pour répondre aux besoins des entreprises. Nos produits peuvent être aussi interfacés avec des solutions tierces d'administration comme IBM Tivoli ou HP OpenView.

Mais nous ne nous lancerons pas sur un segment tel que la gestion des accès et des identités ou les systèmes de protection et de restauration des données de stockage.

Sur quels axes allez-vous concentrer vos efforts pour les 6 prochains mois ?
Notre objectif consiste à nous renforcer d'abord sur nos marchés locaux"
Le développement de notre technologie surtout, notamment en améliorant le temps d'analyse de notre solution, son temps de réaction suite à l'infection d'un poste et le temps nécessaire avant d'activer la protection du poste. Mais comme la question des délais ne règle pas tout, il faudra s'assurer de la pertinence des corrections apportées par la suite.

Notre deuxième axe de développement concerne le marché ciblé par Kaspersky. Nous souhaitons élargir notre clientèle - aujourd'hui concentrée dans la PME-PMI, le mid-market et les particuliers -, aux grands comptes.

Cela passe par deux étapes importantes : la constitution d'un réseau de partenaires et la qualité technique de nos produits. Nous avons porté nos efforts sur ce dernier point au cours de ces dernières années pour faire en sorte que les outils Kaspersky ne soient plus réservés aux technophiles.

McAfee et Symantec se sont installés aux Etats-Unis, Trend Micro au Japon, l'Europe est-il le dernier marché relativement ouvert ?
Je ne ferais pas cette analyse. Pour la plupart des pays, le top 3 des éditeurs d'antivirus est toujours Symantec / McAfee / Trend Micro. Il y a bien sur quelques exceptions.

Au Japon, Trend Micro prend la première place à Symantec, de même que nous occupons la première place sur le marché russe. Mais effectivement, notre objectif consiste à nous renforcer d'abord sur nos marchés locaux et d'adapter nos produits en fonction des spécificités de chaque région que nous adressons.

Est-ce pour cela que l'antenne France de Kaspersky s'est agrandie cette année ?
Oui, il faut tenir compte des problèmes locaux, notamment parce que certains virus ne sont créés que pour une cible bien particulière ou dans une langue particulière. En Espagne ou en France, les spams touchent beaucoup plus les entreprises que les virus par exemple. L'agrandissement de notre antenne en France nous permet d'autre part de renforcer le support technique sur nos produits et nos équipes de consultants en sécurité.

Envisagez-vous de renforcer vos partenariats OEM ou au contraire de favoriser la vente en direct de vos produits ?
Aujourd'hui, l'OEM est un marché important pour nous. C'est clairement l'option que nous avons choisie aux Etats-Unis par notre accord avec Juniper Networks. En France, nous travaillons également avec Alcatel. Mais nous vendons aussi nos produits au détail, les deux approches se complètent bien.

Les grands comptes hésitent aujourd'hui à externaliser la gestion de leur parc informatique. Est-ce que la sécurité ne sera pas demain le prochain pan de l'informatique à être sous-traité ?
L'externalisation, certains ne le feront jamais surtout pour la gestion de la sécurité informatique qui reste un point critique notamment chez les grands groupes bancaires par exemple. Nous anticipons toutefois le phénomène en proposant d'ores et déjà des services de sécurité externalisés, pour l'instant seulement disponible en Russie.

Nous généraliserons peut-être cette activité en Europe par la suite, d'abord dans les pays anglophones puis en France. Mais il faut avant cela pouvoir justifier le coût des infrastructures nécessaires à cette activité.

Le marché russe est justement annoncé comme l'un des nouveaux eldorados de la dépense informatique. En tant qu'acteur local, le constatez-vous ?
Microsoft sera toujours obligé d'arbitrer entre la sécurité du système et son accessibilité"
Oui, c'est un marché qui se développe. Le niveau d'éducation est très bon et nous n'avons aucun problème pour trouver de nouveaux développeurs. De plus, le gouvernement et les entreprises locales ont désormais mis l'accent sur les technologies de l'information et de la communication, je suis donc assez optimiste.

En Russie, le gouvernement a par exemple annoncé la création de 9 parcs d'activité scientifiques, à l'image de Sophia Antipolis en France. Deux fonds spéciaux ont été créés, un par le ministère en charge des NTIC, un autre par le ministère de l'économie, de manière à soutenir l'innovation.

Enfin, le gouvernement comme les PME dépensent de plus en plus d'argent pour s'informatiser. Les grandes sociétés avaient pour leur part déjà investi, ils maintiennent leur investissement mais ne tirent plus la demande.

Microsoft est attaqué par Symantec et McAfee devant la Commission européenne pour son produit Windows Vista. Quelle est la position officielle de Kaspersky sur cette question ?
Pour l'instant, Microsoft ne semble pas violer les lois antitrust. Il pourrait le faire toutefois, simplement en acceptant de divulguer des informations confidentielles sur son produit 3 mois après l'apparition d'une nouvelle fonctionnalité, pour avantager son produit.

Mais il ne le fait pas aujourd'hui. Au contraire, Microsoft communique aujourd'hui par le biais de ses conférences sur la sécurité et ouvre ses produits aux éditeurs tiers. Il faut espérer que cela continue.

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C'est de tout manière dans leur intérêt car même s'il remportait le procès devant la Commission Européenne, ils seront toujours obligés d'arbitrer entre la sécurité du système et l'accessibilité aux fonctionnalités. Et pour couvrir les fonctions de sécurité qui ne sont pas assurés par le système, ils devront ouvrir leur produit aux éditeurs tiers.

 
Propos recueillis par Yves DROTHIER, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Natalya Kaspersky est la directrice générale de l'éditeur d'antivirus Kaspersky depuis 2000.

1994-2000 responsable du projet antivirus AVP chez KAMI Information Technologies Center.
1989-1994 assistante en recherche au Central Scientific Design Office.

Et aussi Diplômée de l'Institut d'ingénierie électronique de Moscou en 1989 et titulaire d'une licence en mathématique appliquée.

   
 
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