La Chambre des notaires de Paris lie 250 études
qui s'échangeaient 1,5 million de feuilles de papier.
L'Intranet a donc vite été perçu comme
un moyen de réduire les coûts. 100% des études
devraient être reliées avant la fin de l'année
avant de passer au projet suivant: l'extranet.
Propos recueillis le 16 juillet 1999 par Christophe
Dupont
JI:
A quand remonte l'origine du projet intranet?
Jacques Binard:La version expérimentale de l'Intranet
de la Chambre des Notaires de Paris a ouvert en septembre
1997 mais l'origine du projet est plus ancienne: dès septembre
1994, nous avons réfléchi aux différents moyens d'augmenter
la productivité des études.
Pourquoi un Intranet?
La Chambre diffuse beaucoup d'informations à l'intention
de toutes les études de Paris et de la Petite-Couronne
(Val-de-Marne, Hauts-de-Seine, Seine St Denis), soit 250
études pour 6000 personnes, ce qui représente
plus d'un million et demi de pages papiers. Les études
s'échangent aussi des informations, des documents.
Tous ces flux représentent des coûts très
importants. L'objectif de notre Intranet était de
réduire nos coûts.
Les technologies se rapportant à l'Internet nous
ont apparu comme répondant parfaitement à
cette nécessité, tout en permettant un accroissement
de la productivité des études. L'objectif
de l'Intranet est de faciliter l'accès à la
documentation mis online et à jour quotidiennement
et de favoriser les échanges sécurisés
et le partage de documents confidentiels entre les études.
Sur
les 250 études, combien sont connectées à l'Intranet ?
50%
des études le sont mais d'ici la fin de l'année, nous atteindrons
les 100%. Beaucoup d'études mettent à jour leur matériel
informatique pour le passage à l'an 2000 et à cette occasion
se connecteront à l'Intranet.
En
terme de coûts, quels ont été les budgets
de création et de fonctionnement?
Le
budget de création est de plusieurs millions de francs.
Pour l'année 1999, le budget de fonctionnement et
d'investissement est de 4 millions de francs.
Quels
problèmes avez-vous rencontré lors de la mise en oeuvre
de l'Intranet?
Deux
problèmes de natures différentes:
- la population de juristes à laquelle nous nous adressons
n'est pas toujours férue d'informatique. Il a fallu informer
et former mais aussi et surtout répondre aux angoisses sur
la question de la sécurité. Il ne s'agissait d'ailleurs
pas vraiment de craintes concernant la confidentialité des
données transmises mais surtout une crainte vis à vis des
virus informatiques.
- Le parc informatique des études était assez hétérogène,
il a donc fallu tout remettre à plat au fur et à mesure.
Toute la complexité du projet résidait dans le déploiement
mais FranceNet s'est bien chargé de l'aspect technique.
Quelles
ont été d'ailleurs les relations avec le prestataire technique?
Nous gardons la maitrise complète
de la gestion de l'Intranet via une interface web simplifiée
et nous avons le rôle de fournisseur d'accès.
FranceNet gère la partie exploitation et hébergement
et a joué son rôle dans la préconisation
technique lors de la mise en oeuvre.
Nous avions déjà été partenaires
lors de la mise en place de la plateforme expérimentale
en septembre 1997. Notre collaboration a continué
au fur et à mesure du passage du prototype expérimental
au prototype industriel. Tout s'est bien passé.
Quelles sont les principales rubriques de l'Intranet?
Nous avons de nombreuses bases de
données: les flashs d'informations, les arrêtés
de périls (ndlr: avis des immeubles présentant
des risques, à ne pas acheter), circulaires en
vigueur, annuaire des études et des notaires de
Paris et de la Petite-Couronne, réglements de la
profession, bibliographie juridique. Nous assurons aussi
une revue de presse juridique et législative, proposons
des dossiers juridiques et présentons les grands
arrêts de la Cour de Cassation. L'Intranet est lié
avec la banque Electronique de la Caisse des Dépôts
et Consignations. En tout 5000 documents sont disponibles
dans les bases de données. Un moteur de recherche
permet d'accéder à l'information.
Quelle
est l'audience de l'Intranet?
Nous enregistrons 800 heures de connexion par mois
et plus de 1000 pages consultées par jour.
Vous
êtes aussi fournisseur d'accès internet pour les études?
Oui, cette activité nous coûte 50.000F/mois mais
nous souhaitons déployer Internet parmi les études. C'est
pour celà que nous proposons un abonnement relativement
peu élevé à 50F/mois pour 5 adresses emails.
Qu'allez
vous mettre en place dans les mois à venir?
L'intérêt
de la profession se porte sur le problème de la
signature électronique. Depuis 1997, nous hébergeons
un serveur de certificat électronique. Cette année
nous souhaitons mettre à la disposition de tous
les notaires utilisateurs de l'Intranet la possibilité
de délivrer des certificats électroniques
à leurs clients. Le notaire sera reconnu comme
"Autorité d'enregistrement". Dans un premier temps,
le client ne pourra utiliser ce certificat que pour les
seuls échanges avec l'office notarial qui lui aura
délivré son certificat électronique.
Notre prochain projet se prénomme Extranot: dans
chaque étude sera installé un intranet,
non pas physique mais logique, qui permettra à
l'étude d'offrir à sa clientèle des
accès sécurisés selon ses besoins
et les services qu'elle souhaite offrir.
Directeur
des Systèmes d'Information de la Chambre des Notaires
de Paris, Jacques BINARD, 37 ans, est en charge des projets
de développement technologique des études
notariales de Paris et de la Petite Couronne (250 études,
500 notaires, 6000 collaborateurs). Ses objectifs principaux
sont de favoriser l'appropriation par les études
des nouvelles technologies de l'information afin d'accroitre
leur productivité, et de concevoir des nouveaux
produits et services à l'attention de la clientèle
(conseils et informations en ligne, certification électronique,
dématérialisation des actes notariés).
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