Les places de marché numériques B to B semblent
être le nouvel eldorado du commerce sur Internet.
Parmi les promesses de ce nouveau modèle, on trouve
en vrac la possibilité d'être connecté
à un nombre virtuellemnt illimité de partenaires,
d'obtenir le meilleur prix et de rationaliser le processus
d'approvisionnement interne en étant simplement membre
! Gartner Group prévoit que 37% des transactions
B to B en 2004 seront issues des places numériques.
Forrester Research table même sur 53% pour 2003. On
comprend mieux la multiplication des offres et alliances
des acteurs sur ce marché juteux. Parmi eux, figure
l'éditeur ERP d'origine américaine PeopleSoft
qui vient de s'allier à
Commerce One. François Génin, directeur
du développement, fait le point sur la structure
du marché et la stratégie de Peoplesoft en
France.
Propos recueillis le 26 mai 2000 parAlexandra
Bissé
JI:
D'où vient le concept de place de marché ?
François Génin:Les places de marché
résultent des initiatives d'e-procurement(de
gestion des achats,ndlr) qui se sont peu à
peu développées au cours de ces trois dernières
années. Ces dernières recouvrent tout ce qui
a trait aux achats indirects (Maintenance, Réparation,
Opérations ou MRO) et correspondent à un besoin
transversal commun à tous les secteurs. En couvrant
un marché large et une problématique fonctionnelle
simple, elles constituent par là même un terrain
idéal d'expérimentation de rapprochement entre
acheteurs et vendeurs. La place de marché représente
en fait une réponse aux préoccupations d'e-procurement
: rationnaliser les coûts d'achat, de traitement administratif
des commandes et de réactivité.
Quelle
définition donneriez-vous de ces nouveaux espaces
d'échange ?
De
façon synthétique, la place de marché
est finalement un lieu où des fournisseurs mettent
à disposition leurs catalogues que les clients peuvent
rapatrier sur leur système de gestion après
sélection des fournisseurs et articles. Et ce en
tenant compte des négociations passées avec
chacun d'entre eux. Dans ce modèle, les catalogues
sont homogènes et la désignation des articles,
générique, grâce à l'agrégation
réalisée par l'opérateur de la place
de marché.
Quelle typologie de modèles
dégagez-vous sur ce marché ?
On distingue en réalité deux modèles.
Le premier que je viens de décrire au travers de
cette définition et qui correspond à notre
approche et à celle de notre partenaire Commerce
One. Celui-ci peut se résumer par une équation
de type n 1 n où 1 représente la place de
marché. Dans cette approche chacun des acteurs s'entendent
entre eux au niveau des modalités contractuelles
et rapatrient les catalogues de leurs choix. Le point de
ralliement est la place de marché. Tandis que dans
un second modèle adopté en premier lieu par
des acteurs tels que Oracle ou Ariba, l'équation
était n à n où chaque acheteur est
connecté à chaque vendeur, ce qui démultiplie
les liaison réseau et s'assimile davantage à
un réseau d'achats.
Les
entreprises ont besoin de plus que des courtiers pour fournir
des biens et services. L'intégration constitue un
enjeu majeur. Qu'en pensez-vous?
L'intégration
avec les systèmes existants est une problématique
centrale des places de marché. Une problématique
d'autant plus cruciale dans le cas des achats directs sur
les places de marché verticales qui se doivent d'être
interconnectés non seulement avec la gestion des
achats et le financier mais aussi avec la gestion de production.
La norme XML constitue la réponse à cet enjeu
et sera progressivement le support généralisé
des échanges de communication.
Dans
ce contexte quelles sont les compétences de PeopleSoft
et son offre ?
Dès
cet été, l'ensemble de notre offre de progiciel
de gestion intégré composée d'applications
de ressources humaines, finance, gestion commerciale, gestion
de production, logistique, décisionnelle et e-procurement
supportera nativement la norme XML (plus besoin d'API) pour
les échanges. De même l'interface utilisateur
sera entièrement HTML. A noter que cette transposition
de la version client-serveur en client léger n'a
pas nécéssité de ré-écriture,
mais est obtenue grâce à l'évolution
de l'environnement de développement (people
tools). Dans la version 8 de people tools, les écrans
sont générés au forrmat HTML à
partir du corps applicatif.
En
quoi consiste cette approche ?
Nous
proposons au travers de nos applications sun ensemble de
services à valeur ajoutée pour optimiser les
échanges sur ces places de marché. Ainsi en
implantant des modules Peoplesoft,il sera possible de bénéficier
de fonctionnalités étendues depuis la demande
d'achat jusqu'à l'approbation de cette transcation
(selon des règles de validation propres au schéma
décisionnel de l'entreprise) et enfin le paiement.
Notre expertise dans la gestion des processus nous positionne
comme un acteur idéal pour fournir soit directement
chez le client nos applications, soit hébergées
chez l'opérateur de la place de marché. Celui-ci
proposera alors à la carte toute une gamme de services
automatisés.
Quels
sont les termes de votre partenariat avec Commerce One ?
Dans
le cadre de ce partenariat, Peoplesoft devient notamment
opérateur de places de marché Commerce One.
A ce titre nous pouvons vendre des places de marché
à base de technologie Commerce One (hébergement
de catalogues et moteur d'enchères).
Notre but est d'aller au delà de ces fonctions que
ce soit pour nos propres places de marché ou dans
la vente d'applications à d'autres opérateurs
tels que British Telecom (qui opère également
sur des places Commerce One) ou par exemple pour le compte
du trio BNP/Société Générale
et Crédit agricole qui ont annoncé récemment
leur place sur Commerce One.
Deux catégories de services pourront leur être
proposées à partir de nos applications. Des
services packagés tels que la présentation
de factures électroniques ou la gestion des paiements,
la gestion des stocks physiques ou encore l'optimisation
de la chaîne logistique. Ces services complémentaires
visent à enrichir les transactions opérées
sur la place. D'autre part, l'élargissement de la
palette des achats possibles sur la place comme les voyages,
la gestion des notes de frais, le recrutement ou encore
la formation. Des services qui vont donc bien au delà
du module de gestion proposé par Commerce One : BuySite.
A
côté de ce statut de "vendeur de place
de marché" vous avez développé
votre
propre place de marché. Quelle est la cohérence
de cette stratégie ?
Nous
sommes en fait à la fois très intimement partenaire
et concurrent de Commerce One.Concurrent
dans la mesure où tous les deux, nous chercherons
à attirer des clients sur nos places et des partenaires
pour notre développement propre. Néanmois
Peoplesoftmarketplace (notre place de marché horizontale)
vient finalement renforcer le réseau des places de
marché global de Commerce One. D'autre part, les
perspectives de développement de ce marché
sont suffisamment conséquentes pour ne pas se gêner
mutuellement...
Cette place de marché américaine à
l'heure actuelle vient d'accueillir son premier client (Crédit
Suisse First Boston) et a pour vocation à s'enrichir
très vite de logiques verticales.
Comment sera-t-elle déclinée
ailleurs ?
Plusieurs
scénarios sont envisageables et aucun n'a été
déterminé à l'heure actuelle.Elle
pourrait prendre la forme d'une place de marché globale
avec différents segments selon les pays ou bien plusieurs
places de marché interconnectées. Il est clair
que la dimension européenne est inévitable
puisque la plupart de nos clients sont internationaux.
Vos
applications seront-elles ouvertes sur d'autres places de
marché ?
Elles
seront compatibles en standard avec Commerce One et pourront
être utilisées sur d'autres places de marché
via une intégration spécifique.
Quel
est le modèle économique retenu ?
Dans
le premier cas de figure où nos applications sont
utilisées par des opérateurs de marché
(dans un modèle assez proche de celui des ASP) tels
que ceux du réseau Commerce One, ou bien sur des
technologies différentes tels queRightWorks(seulement présent aux Etats-Unis jusqu'à
présent) une licence initiale sera versée
puis une redevance au nombre de transactions réalisées
sur nos applications. Sur notre propre place de marché,
une commission sera prélevée sur les échanges.
Comment
analysez-vous la stratégie de SAP, autre éditeur majeur
d'ERP par rapport à la vôtre ?
La différence
majeure entre la stratégie de SAP et la nôtre
réside certainement dans la nécessité
qu'ils ont de redévelopper en HTML chaque fonction
ERP qu'ils veulent rendre disponible sur le Web. Tandis
que nos applications nativement HTML nous permettront de
les rendre immédiatement disponibles.
La deuxième distinction se situe au niveau de leur
volonté de tirer parti de la base installée
des systèmes SAP. Intention très louable du
reste mais qui donne une connotation hégémonique
et pas très ouverte... Notre démarche passe
par le concept de service sur une place de marché.
Agé
de 35 ans, François Génin est titulaire
du diplôme de l'Institut Supérieur de Gestion
à Paris. Il a débuté sa carrière
en tant que commercial chez un éditeur de logiciels
pour AS/400 (Presys). Il travaille depuis 4 ans pour PeopleSoft
où il a occupé successivement les fonctions
de directeur commercial pour les secteurs banque, assurance
et services puis récemment directeur du développement
où il est en charge de l'introduction des offres
e-commerce et décisionnelles. Il a d'autre part la responsabilité
des relations avec les partenaires PeopleSoft en France.
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