Gazeo
(anciennement Gaz&Eaux) est une holding d'investissements
cotée sur le premier marché de la Bourse de Paris
et détenue elle même par la holding Eurafrance.
Déjà présente dans l'internet par l'intermédiaire
de vingt-deux fonds d'investissements, comme Viventures, Gazeo
vient en outre de crééer une filiale baptisée
Gazeo Venture. Bruno Keller, le directeur général
adjoint de Gazeo et Charles Letourneur, membre du comité
d'investissements, nous brossent un portrait de cette nouvelle
structure.
Propos
recueillis par Jérôme
Batteau, le 30 mai 2000
JDNet.
Qu'est ce que Gazeo Ventures?
Bruno Keller. C'est une filiale à 100% de Gazeo
que nous avons créée en janvier 2000. Elle est dotée
de 400 millions de francs au départ pour des investissements
dans l'Internet du premier tour de table, à la phase précédant
l'introduction en Bourse. Le montant minimum d'intervention est
de 1 million d'euros et nous avons investi pour l'instant environ
un quart de la somme allouée initialement. En France, nous
avons participé aux tours de table de la régie publicitaire
Hi-Media, du portail BtoB pharmaceutique Celtipharm et de la société
de référencement Netbooster.
Mais
la holding Gazeo est déjà présente dans 22
fonds d'investissements. Pourquoi rajouter un échelon supplémentaire?
Parce que nous voulons une stratégie cohérente.
Ensuite, nous recherchons des projets de taille plus petite et
nous voulions les regrouper dans une seule structure pour une
gestion plus efficace.
On
ne trouve pas de projets en direction du consomnateur dans vos
invetissements, c'est une stratégie délibérée
?
Oui, on s'est toujours tenu à l'écart. Ce que nous
cherchons avant tout, ce sont des sociétés avec
des modèles de revenus BtoB en amont de l'Internet. Nous
avons une vraie compétence en matière technologique,
puisque la holding Gazeo a toujours investi dans des projets à
très forte technologie comme Infogrammes. Néamoins,
on n'exclut pas de regarder un dossier BtoC. Mais cela restera
une activité marginale.
Gazeo
dispose, directement ou indirectement, de 70 participations dans
l'Internet.
Vous êtes donc vous aussi une valeur Internet?
C'est un journal qui nous a définis comme cela mais c'est
un peu provocateur. En fait, on essaie de respecter la part des
investissements entre nouvelle et ancienne économie. On
essaie toujours de respecter un équilibre entre valeurs
de la nouvelle économie et de l'ancienne.
Vous
avez pourtant été secoués pendant le krach
du mois d'avril?
Je trouve qu'on a plutôt bien résisté, justement
parce que les investisseurs savent que Gazeo n'a pas uniquement
des investissements dans l'Internet. Je crois que notre plus haut
était à 75 euros et nous sommes désormais
à près de 67 euros. La baisse n'est donc pas énorme.
Comment
avez vous interprêté ce krach?
C'était légitime, vu la démesure
atteinte. Mais nous trouvons que la baisse n'a pas été
sélective, exactement comme pour la hausse.
Mais
cela a eu une influence sur votre stratégie d'investissement?
Non, pas vraiment. D'abord, nous avons un processus d'analyse
assez lent et profond, donc on n'a pas changé dans le domaine.
En revanche, cette baisse des marchés a eu une réelle
influence sur le capital-risque en général. On peut
rentrer plus facilement dans des dossiers qui étaient trop
chers ou survalorisés auparavant.
Qu'est
ce qui vous a séduit dans les trois projets que sont Hi-Media,
Netbooster et Celtipharm ?.
Les
deux premiers sont des outils de l'Internet indémodables
avec une technologie et un modèle de revenus en amont dans
la chaîne de l'internet. Quant à Celtipharm, c'est
du BtoB solide et surtout le premier entrant sur le marché.
Comment
recevez vous les dossiers et quels sont les critères qui
attirent votre attention?
C'est assez diversifié. Souvent, ce sont des recommandations.
Il faut dire que dans ce milieu, les affaires appellent souvent
les affaires. Et comme nous avons un actif net réévalué
de 23 milliards de francs et de belles réussites dans notre
portefeuille comme Sidel ou Infogrames, nous avons une certaine
crédibilité. Quant aux critères, ils sont
habituels. En premier, la qualité de l'équipe. Ensuite,
le secteur d'activité de la société. Nous
souhaitons en effet qu'il puisse y avoir des synergies entre les
différentes sociétés de notre portefeuille.
Enfin, un dernier tiers concerne la rentabilité à
terme du projet.
Combien de temps restez-vous dans le capital d'une start-up?
C'est très variable. Cela peut aller de deux à cinq
ans ou plus. Mais je dirai que pour une start-up, nous avons un
gros avantage par rapport à un fonds de capital risque.
La structure de Gazeo ne nous force en effet pas à sortir
impérativement des sociétés. Sans contrainte,
nous pouvons donc rester dans son capital, le temps qu'elle réussisse
à percer dans son secteur.
Hormis
cette activité d'investissements dans les start-up, vous
avez aussi une stratégie dans la future boucle locale radio
(BLR)?
Nous considérons que le haut-débit, avec le mobile,
est le grand enjeu dans les mois qui viennent. Nous voulons donc
être présents sur ce terrain. Nous nous sommes associés
avec l'opérateur américain WinStar. C'est un partenariat
financier où nous nous engageons à prendre 11 à
12 % du capital pour environ 350 millions de francs.
Pourquoi
avoir choisi une société américaine?
On a étudié plusieurs dossiers mais on trouvait
que Winstar avait les meilleurs chances de décrocher une
licence, notamment parce que son réseau est déjà
déployé.
Quel
sera votre prochain investissement dans l'Internet?
Un projet dans le secteur du SMS. Le mobile est d'ailleurs un
des grands chantiers de Gazeo Venture cette année.
Il paraît que vous allez changer
de nom...
Effectivement, lors de l'assemblée générale
du 16 juin, nous soumettrons le nom Azeo aux actionnaires. L'ancien
était trop connoté et n'avait plus vraiment de sens,
puisque nous n'avons plus d'activité dans le gaz. Cela
posait des problèmes et entretenait une confusion auprès
de nos interlocuteurs.
Qu'est ce que vous aimez sur Internet?
Les sites financiers comme celui des Echos.
Qu'est ce que vous n'aimez pas?
La lenteur, mais cela va changer avec la boucle locale radio justement.
Bruno Keller, 45 ans est diplômé de l'école
supérieur de commerce. Il a notamment travaillé
chez Price Waterhouse, Elf Aquitaine et Indosuez.
Gazeo
Ventures
Filiale
à 100% de Gazeo
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Doté
de 400 millions de francs.
1/4 investi au 31 mai.
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Investissements
en France dans Netbooster, Celtipharm, Hi-media
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Gazeo
Participation
à 22 fonds comme Viventures ou Gap pour un apport
initial de 2,4 milliards de francs
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23
milliards de francs d'actif net réévalué
pour 14 milliards de francs de capitalisation boursière.
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52%
des investissements dans les TMT.
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Participations
dans Sidel, Infogrammes, Pearson, Danone ou Virata
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Gazeo
est détenu à 49,2% par Eurafrance.
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