En
novembre 1999, Alain Lhommeau a été nommé
directeur du consulting pour IBM Global Services, pour la
région Ouest (France, Belgique, Afrique francophone
et Moyen-Orient). Il est désormais à la tête
d'une d'une division regroupant 200 consultants possédant
une expertise par secteur d'activité et par offre
de services. A l'heure de la restructuration de l'offre
de services d'IBM, Alain Lhommeau fait le point pour le
JDNet Solutions sur les perspectives du consulting
en France et sur la stratégie de sa société.
Propos recueillis le 15 févier 2000 par Christophe
Dupont
JI:
La partie consulting d'IBM Global Services est en cours
de réorganisation. Quelle va être sa nouvelle
forme ?
Alain Lhommeau: Dans le cadre de notre nouvelle organisation,
Business Innovation Services, nous mettons en place l'union
des consultants, issus du métier traditionnel du
management consulting, avec les professionnels de l'intégration
de systèmes. Il faut comprendre que in fine, tous
nos professionnels sont des consultants. Qu'ils soient consultants
en organisation, en système d'information, architectes
ou développeurs, ils participent tous à la
transformation des entreprises de nos clients.
Quelles
sont les raisons de cette union, de cette nouvelle organisation ?
En
premier lieu nous répondons à une demande
du marché. Nous étions pressés par
nos clients d'organiser nos services de façon plus
solidaire afin d'obtenir une plus forte intégration
de nos compétences de conseil et de notre capacité
d'installer des solutions. Cette nouvelle organisation est
aussi née de notre réflexion sur nos métiers
et du besoin en interne de mieux travailler ensemble. Enfin
IBM se positionne désormais comme l'acteur n°
1 dans le domaine Business Transformation .
Où
en êtes-vous en ce début d'année ?
Business
Innovation Services est en place depuis le 1er janvier .
Nous sommes en phase de "construction". Tout devrait être
finalisé à la fin de ce trimestre .
Quels
sont les domaines couverts par IBM Global Services?
Il existe
trois grands ensembles dans Global Services:
- Business Innovation Services, précédemment défini,
- Integrated Technologies Services, qui couvre les aspects
de gestion et optimisation des infrastructures
- Strategic Outsourcing.
Comment
caractérisez-vous la demande actuelle en consulting
en France ?
La
demande est en forte croissance, de l'ordre de 30% en 1999
et elle ne devrait pas fléchir en l'an 2000. Elle se concentre
essentiellement sur les nouvelles offres, a savoir en priorité
e-Business, Customer Relationship Management et Supply Chain
Management. Ces offres sont très intégrées, avec comme socle
commun les nouvelles technologies du web; nous parlons désormais
d'approches e-CRM ou e-Supply Chain Management.
De même, la demande est forte en matière d'ERP
avec leur évolution vers le XRP. Au niveau des applicatifs,
e-commerce et e-procurement sont au cur des préoccupations
des entreprises. IBM s'est doté d'équipes
spécialisées sur ces sujets .
De
quelle manière l'e-business a dopé la demande ?
Beaucoup
d'entreprises sont encore dans une phase dans laquelle elles
ont besoin d'être convaincues. Il faut leur expliquer
comment les nouvelles technologies vont profondément
modifier leur approche du marché en BtoC et leur
mode de fonctionnement interne en BtoB. Nous sommes donc
encore dans ce que l'on peut appeler une phase de sensibilisation.
Sur le marché du Business to Business, les entreprises
commencent tout juste à réaliser l'ampleur
de ce qu'elle vont pouvoir faire.
Jusqu'à présent, on a surtout traité
le haut de l'iceberg: les sites web. La prochaine étape
consiste à s'attaquer à la transformation
profonde des processus de l'entreprise. Cela suppose une
réflexion sur l'intégration des nouvelles
technologies dans les systèmes d'information existants
des entreprises.
Qu'est ce qui caractérise le marché français
en ce qui concerne la demande en e-business ?
N'ayant pas encore pris la mesure de l'impact que les nouvelles
technologies peuvent avoir dans leur business, les entreprises
françaises, c'est surtout vrai pour les grandes entreprises,
ont une attitude souvent réactive. Lorsque qu'elles
sentent que leurs parts de marché sont directement
menacées, elles se posent la question d'une ouverture
vers ces nouvelles technologies et découvrent l'ampleur
des transformations auxquelles elles auront à faire
face. L'enjeu est de passer de ce mode réactif à
un mode proactif et d'anticiper sur l'innovation et la créativité
des jeunes entreprises de la "Netgen".
Quel
nouveau pôle d'activité de consulting voyez
vous émerger cette année ?
Le domaine des fusions-acquisitions est le prochain challenge
à relever par IBM. La France sort de son cocon sur
ce plan, et le phénomène des fusions-acquisitions
prend de l'ampleur. IBM a là un rôle majeur
à jouer. Dans ce type d'opérations le facteur
clé est la vitesse d'exécution. A cet égard,
il est primordial de parfaitement maîtriser l'intégration
des systèmes d'informations, des infrastructures
et applicatifs des différentes parties dans un délai
compatible avec le calendrier de la fusion des activites
opérationnelles. Dans ce cadre, nous avons décidé
de créer un pôle spécifique d'expertise
en matière de fusion-acquisition.
Vous
possédez une expertise par secteur d'activité
(banque, assurance, distribution, santé...). Dans
quel secteur la demande est-elle la plus forte? Et la moins
forte ?
La demande est importante dans tous les secteurs, un peu
plus dans le secteur de la distribution. En France, il existe
un déficit majeur de conseil dans le secteur public
en général. Nous aimerions pouvoir y apporter
notre expertise.
Alain
Lhommeau, 50 ans, est diplômé de l'Essec. Il
a débuté sa carrière en 1974 chez Schlumberger
au département Méthodes & Organisations
Informatiques. Il rejoint KPMG Peat Markwick Consultants
en 1981. C'est en 1997 qu'il intègre IBM pour développer
l'activité du Secteur Pétrole & Process
au niveau EMEA (Europe Middle East Africa).