L'Open Hardware en cinq questions

L'Open Hardware en cinq questions Que recouvrent les notions d'Open Hardware et de matériel libre ? Peut-on les comparer avec l'open source et les logiciels libres ? Décryptage d'une tendance qui prend du poids, et pourrait bien bouleverser un partie de l'industrie.

1 - Que recouvre la notion d'Open Hardware? 

L'Open Hardware est un terme qui désigne les matériels dont la conception peut être reproduite, car toutes les informations nécessaires à leur construction sont en libre accès. Une ouverture qui est finalement l'équivalent de l'Open Source, mais non plus appliquées aux lignes de code d'un logiciel, mais aux plans de conception des objets. Ce matériel "ouvert" peut être électronique, électrique, informatique...

Par définition, le "matériel libre", autre nom de l'Open Hardware, est donc théoriquement reproductible par n'importe qui, pour peu d'être correctement équipé.

2 - Existe-t-il des licences dans l'Open Hardware, comme dans l'Open Source ?

Différentes licences existent aussi dans l'Open Hardware, comme par exemple celle du CERN, la CERN Open Hardware License. Mais ces licences sont aujourd'hui moins connues que celles qui régissent l'Open Source.

3 - Y-a-t-il d'autres différences entre l'Open Source et l'Open Hardware ?

Si un logiciel Open Source se limite finalement à des lignes de code, et peut donc facilement être copié, ce n'est pas aussi simple pour l'Open Hardware, qui a besoin d'un outillage plus exigeant pour être (re)produit. Pour cette raison, l'exploitation commerciale de l'Open Hardware diffère aussi de celle possible avec les solutions Open Source. Cependant, comme avec les SSLL (Société de services en logiciels libres) dans l'Open Source, des entreprises peuvent commercialiser leurs services associés au matériel libre.

Une autre différence entre l'Open Source et l'Open Hardware peut se situer dans la limite de l'ouverture de l'Open Hardware. Les informations de conception de tous les microcomposants d'un matériel libre ne sont pas toujours tous publiques, et ces composants ne peuvent pas, par conséquence, être toujours reproduits.

4 - Quels sont les exemples célèbres d'Open Hardware ?

Le réveil Chumby, les cartes électroniques Arduino ou, plus récemment, les imprimantes 3D sont parmi les fers de lance du mouvement Open Hardware (lire le dossier : Imprimantes 3D : comment ça marche, du 012/11/12).

Facebook a également crée l'initiative Open Compute, qui lui a permis de diffuser et partager les caractéristiques d'une partie du matériel informatique (serveur, réseau) de ses datacenters - que le réseau social a personnalisé pour notamment en optimiser l'efficacité énergétique. Le projet a attiré plusieurs ténors du monde informatique, y compris des éditeurs de logiciels propriétaires. Ce n'est pas la seule raison qui pousse certains puristes à ne pas voir dans le projet de Facebook un exemple très représentatif de l'Open Hardware. En effet, Facebook n'a pas révélé ou ouvert dès le début toutes les spécifications techniques de son matériel, et n'a pas fait appel à la communauté pour les optimiser.

5 - S'agit-il d'une tendance récente ?

La philosophie derrière l'Open Hardware est sans doute aussi vielle que la rétro-ingénierie. Elle est notamment celle des hackers qui tentent de comprendre le fonctionnement des logiciels et matériels, pour les diffuser, corriger leur faille ou les améliorer.

Mais si ce "mouvement" n'est donc pas récent, il s'est sans doute vivifié derrière l'appellation, plus récente, d'Open Hardware. Mis en place par le MIT, les Fab Labs, sortes d'ateliers démocratisant les machines outils, se sont par exemple appropriés du matériel libre. En se faisant mondialement connaître, ils ont contribué à structurer le mouvement.

De plus, de nouveaux événements, comme l'Open Hardware Forum, ont également vu le jour il n'y a pas si longtemps et suscitent un intérêt croissant. L'Open Hardware est aussi désormais bien visible lors d'événements dédiés à l'Open Source en France, comme l'Open World Forum. Facebook et son Open Compute Project, ou l'engouement récemment suscité par la démocratisation des imprimantes 3D contribuent aussi à braquer les projecteurs sur l'Open Hardware. Certains pensent même aujourd'hui que l'Open Hardware pourrait participer à une nouvelle révolution industrielle.

Article réalisé après un entretien avec Louis Montagne, CEO d'af83 et également président de la communauté Logiciel Libre, Coopération et Nouveaux Modèles (CoLLibri), du pôle de compétitivité Cap Digital.