Comment
définissez-vous la notion de Web Services ?
Il s'agit de composants logiciels accessibles depuis Internet via une
interface standard. On peut les comparer aux objets distribués développés
de manière propriétaire depuis une dizaine
d'années dans le cadre d'une architecture comme Corba.
Cette
technologie va-t-elle se généraliser ?
Je
pense que oui. Aujourd'hui, tous les grands éditeurs lancent leur solution.
Depuis Microsoft avec la plate-forme .NET, en passant par Sun avec l'initiative
Sun One - qui préfigure l'intégration des Web Services aux prochaines
spécifications J2EE (Java 2 Enterprise Edition). Et ceci sans compter
IBM qui propose un kit de développement WSDL et un environnement d'exécution,
et Apache avec son implémentation Java de SOAP. Bientôt, la technologie
des Web Services sera disponible de manière standard sur tous les serveurs
et tous les environnements de développement.
A
quels types de problématique répondent-ils ?
En termes d'architecture technique, les Web Services apportent une grande
flexibilité d'intégration que ce soit en interne ou dans les relations
inter-entreprises. Avec eux, il est désormais possible d'implémenter des
services dans une plate-forme logicielle sans avoir à se soucier du ou
des langages utilisés. Dans le passé, des technologies similaires n'ont
jamais réussi à s'étendre au-delà des plates-formes
de leurs éditeur d'origine. D'où leur limite. Si certains projets
ont vu le jour pour tenter de faire des ponts entre environnements, aucun
n'a réellement abouti.
Pour
l'heure, les Web Services ne sont qu'une technologie émergente...
Pas vraiment émergente. En fait, les EJB (Enterprise Java Bean), la plate-forme
COM et Corba reposaient déjà sur le même principe. A savoir
: un langage de structuration de messages (tel que SOAP), des spécifications
de description de services (comme WSDL). Le tout lisible par des composants
en s'appuyant sur une interface. Certains de ces projets proposaient même
un annuaire de services comme UDDI. Il est vrai que ce dernier étend de
beaucoup les concepts du même genre lancés dans le passé puisqu'il inclut
tous les types de ressources: pages blanches (pour les personnes), pages
jaunes (pour les entreprises) et pages vertes (pour les services). Et
c'est en cela qu'il pourrait jouer le rôle d'une véritable plate-forme
d'échange entre entreprises. Comme vous le voyez, la technologie des Web
Services est donc une technologie assez mûre. Concernant SOAP, qui
est au centre des standards des Web Services, je dirais que l'on retrouve
dans ce protocole ce qui a fait le succès de XML. On peut dire que SOAP
est à Corba, ce que XML est à SGML. En d'autres termes,
SOAP est un Corba qui a été remis au goût du jour pour intégrer la dimension
d'Internet, c'est-à-dire la nécessaire standardisation des échanges imposée
par ce nouveau contexte.
Mais
ces protocoles ne sont pas encore normalisés ?
Ces technologies sont normalisées en termes de plomberie. Ce qui reste
le plus important. Seul XML
Schema n'avait pas encore reçu le sceau du W3C, ce qui entraînait
certaines incompatibilités. Aujourd'hui, c'est chose faite. Côté
solution, il est vrai que des éditeurs, comme Microsoft et Apache, font
des choix d'implémentation différents. Mais ces incompatibilités
sont minimes et peuvent être réglées avec quelques astuces.
Des
solutions de développement ou de déploiement sortent-elles d'ores et déjà
du lot ?
Chez Cosmosbay, nous avons choisi SOAP Toolkit de Microsoft pour implémenter
SOAP côté client, Apache côté implémentation serveur, et le Web Services
Toolkit d'IBM Alphaworks pour générer automatiquement les interfaces WSDL
permettant d'invoquer les composants.
Les
Web Services concernent-ils l'ensemble des entreprises ?
Toutes
les entreprises peuvent être potentiellement intéressées par les Web Services.
D'une part parce qu'ils fournissent de nombreuses solutions aux problématiques
techniques, et d'autre part parce qu'ils offrent une bonne visibilité
en termes de retour sur investissement. En effet, les services Web n'impliquent
quasiment pas de surcoût côté développement : les solutions proposées
par les éditeurs permettent de convertir automatiquement un composant
en Web Services, et ceci quelque soit le langage dans lequel il est écrit.
Cela dit, il est vrai que la technologie devrait d'abord séduire de grandes
sociétés qui ont besoin de développer des services logiciels dans des
environnements technologiques hétérogènes. Mais les petites et moyennes
entreprises y viendront aussi, tout simplement parce que les Web Services
vont devenir un standard.
Des
services "intelligents" ne mettront-ils pas plus de temps à
émerger ?
Ce terme renvoie à deux réalités. Pour Sun, si l'on regarde son
initiative Open Net, il s'agit de services applicatif capables de cibler
un client particulier en fonction de son profil et du contexte dans le
quel il se place (bureau, voiture, etc.). En revanche, dans le domaine
des Web Services, la notion d'intelligence désigne la capacité des services
à se découvrir dynamiquement. A la manière de Corba, ceux-ci s'appuient
sur des protocoles (SOAP, WSDL et UDDI) pour s'invoquer mutuellement.
Il est vrai que c'est sans doute cette fonction des Web Services qui mettra
le plus de temps à se généraliser. Il faut pour cela que s'impose un référenciel
commun minimum pour décrire les noms et paramètres des méthodes utilisées
dans les processus d'invocation. Des projets tels que ebXML ou UDDI apportent
des réponses.
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